Éteignez la lumière, laissez la clarté de l'écran baigner votre visage et... allons-y.
Cela faisait trois jours que je marchais. La nuit du troisième jour, je trouvai un grand manoir. C'était bien singulier, en pleines alpes Italiennes, mais je sonnai à la porte tout de même, y espérant le gîte et le couvert.
Personne ne vint m'ouvrir. Je mourais de fatigue et tentai quatre fois de suite, avant de remarquer que la porte était ouverte. Je poussai le lourd battant et pénétrai à l'intérieur.
Un vaste hall m'accueillit. Après quelques appels, je conclus qu'il n'y avait personne.
La salle était circulaire, un grand tapis rouge de même forme recouvrait presque tout la salle, d'un vide sinistre , avec tout de même au fond, un escalier collé au mur, qui menait à un étage en balcon au-dessus. À droite, ce qui aurait dû être une salle de bal s'étendait, des billes de verres, appartenant à l'énorme lustre tombé par terre, étaient éparpillées sur la moquette.
Je pris les escaliers. Au demi-étage ne se trouvaient que des salons miteux. Je pris d'autre escaliers en colimaçons encastrés dans une tour, qui me menèrent à un couloir sombre.
Sur la droite, il y avait trois portes. La première mena à une chambre où je déposai mes affaires. La deuxième s'ouvrait sur une salle de bain. La dernière, enfin, accédait à un bureau. Des maquettes d'avions volaient un peu partout dans la salle. Au fond, sur un pupitre, de manière assez anachronique, un ordinateur se trouvait.
Instinctivement, je l'allumai. L'écran se teinta en bleu et d'une vitesse très efficace, j'accédai au bureau, qui n'avait pas été protégé par un mot de passe.
Ce qui m'intrigua d'abord, c'était le fond d'écran : il représentait un homme encapuchonné dont les yeux rouges flammes brillaient dans l'ombre.
Mais aussi une icône représentant un petit château, avec marqué en-dessous : Agra chiarmo.
Je double-cliquai dessus.
Une fenêtre s'ouvrit. Une animation -un logo en forme de crâne se formant- s'activa. Puis, un fond de sélection de partie apparut. Il y avait un bouton de langage et je sélectionnai donc le français. Je cliquai sur « Démarrer une nouvelle partie » puis « Jouer » et, sans cinématique d'introduction ou autre, je me retrouvai dirigeant un personnage en 3D d'une apparence époustouflante : Les graphismes étaient si réaliste qu'il me fallut du temps pour réagir de nouveau. J'étais dans un souterrain. Un panneau de dialogue apparut :
-Vous êtes tombé dans un piège ! Utilisez le baril de dynamite pour détruire l'éboulement.
Peut-être le programmeur n'avait pas eu le temps de le faire, peut-être que le jeu buguait, mais le début du tutoriel ne semblait pas être apparu.
Après avoir réglé les touches et m'être mis en plein écran, je suivis les consignes : je saisis le baril de dynamite, allumai la mèche avec un briquet et reculai d'au moins quatre mètres. L'éboulement sauta.
Au dehors, le tonnerre retentit, avec un force singulière pour un mois de février. Mais j'ignorai ce détail extérieur et continuai.
Le tunnel continuait après l'éboulement. Des cadavres jonchaient le sol, un PNJ, un vieillard avec une canne, assit sur un squelette, engagea la discussion en fenêtre:
- « Prirent château mon ! Venge moi ! Fils généreux, je donnerai toi en récompense ».
La traduction des dialogues semblait très mal assurée. Le héros répondit :
- « Quel ils ? Quand depuis quoi?
- Profanateur moi ! »
Je sautai la conversation. Ce qui était particulier, c'était que les instructions ne comportaient aucune faute. Malgré ce point je continuai le jeu.
Je ramassai une clé, qui m'ouvrit une porte. Je la traversai. Le vieillard poussa un cri qui me fit sursauter.
-NOOOOO !
Je revins vers lui et réengageai la conversation. Même chose.
Je traversais donc l’entrebâillement, ignorant les exclamations du vieil homme (« Chidé l'chucador ! No ! 'rna 'ndientro!).
Une musique glaçante commença. La suite du tunnel était sombre. Je saisis la torche posée près de la porte et l'emmenai avec moi, laissant le vieillard et ses lamentations dans le noir. Je déplaçais donc le halo de lumière dans le souterrain, désormais pavé. Un râle se fit entendre. Je m'arrêtai. Une main verdâtre apparu dans le bord de la zone éclairée, puis tout un corps. Des morts-vivants... L'originalité du jeu me décevait, avant que je ne me ressaisisse et ne défourne mon épée de mon dos pour débuter le massacre. Les animations étaient si réalistes qu'elles mettaient mal à l'aise.
Après une vague de cinq zombies, je pénétrai dans un passage tout aussi pavé, mais avec des arcades. Au bout, une porte m'attendait. Mais une énorme araignée, me faisant sursauter encore une fois, tomba d'on-ne-sait-où et tenta de m'empêcher le passage. Après quelques coups d'épée, la créature rendit son dernier soupir et lâcha une fiole de potion de vie. Je me soignai et continuai ma route.
La porte restait obstinément fermée, malgré les coups d'épée sauvagement adressés à son intention.
Après quelques diverses techniques aussi multiples qu'inutiles, je débusquai un levier camouflé entre deux sacs de farine. Je l'activai et la porte s'ouvrit. Je pénétrai dans un endroit sombre, ma torche s'éteignit. Je cliquai à l'aveuglette et finit par allumer la lumière. Une lampe à huile donnait l'éclairage. Une bibliothèque était située sur le côté. Par habitude, je me rapprochai et utilisai le bouton « Action » pour fouiller dedans. J'y trouvai un pot de sucre. En voulant le saisir, il tomba et se brisa.
Il me sembla entendre quelque chose du côté du couloir à ma gauche. Mes yeux quittèrent l'écran pour scruter du côté la porte. Je me dis que j'avais sûrement rêvé, trop pris par le jeu.
Je me replongeai dans l'univers du jeu.
J'éventrai d'un coup de lame la porte de sortie et arrivai dans une salle circulaire, avec un tapis rouge...
Le hall d'entrée ! Le développeur devait vivre ici et avait remodelé ce château dans le jeu ! Apparemment, le bâtiment était déjà délabré à son arrivée. Le lustre gisait déjà sur le sol et les murs étaient poussiéreux...
Je me situais sous l'escalier par lequel j'étais monté, en face de la porte. Curieux, je l'empruntai pour m'extasier de l’exactitude des détails... Je rejoignis le demi-étage, puis empruntai la tour...
Je débouchai sur le même couloir où j'étais arrivé ! Je jetai un coup d’œil sur la première salle. Des affaires étaient posées. Une valise brune et une chemise verte. Je fus soudain épris d'un doute horrible. Je regardai par la fenêtre. Il ne pleuvait pas.
« Calmons-nous, me dis-je, c'est sûrement un coïncidence, du pur hasard... »
Mais la curiosité reprit place et j’avançai jusqu'à la troisième salle. Après un instant d'hésitation, je regardai à l'intérieur.
Mon rythme cardiaque s'enflamma.
Sur l'écran, un jeune homme, le dos courbé, avait les yeux rivés sur un ordinateur. Je sentis mes yeux s'exorbiter. Lentement, étreint par les battements sourds de mon cœur, je tournai la tête vers la porte.
Et là...
Voilà, j'espère que ça vous aura plus.
Ah, et, une dernière chose: Ne vous retournez pas, sinon...
- Correction du Cerf divin :
-
ce qui aurait dût
ne se trouvait que des salons miteux : trouvaient
une chambre ou je déposais : où / déposai
je l'allumais : allumai
j'accédais : accédai
Je double-cliquais : double-cliquai
Un panneau de dialogue apparu : apparut
bugait : buguait
m'être mit : mis
je suivit : suivis
je saisit : saisis
Je saisi : saisis
Je m'arrêtais : arrêtai
Je revenais vers lui et réengageais : je revins / réengageai
Je pénétrais : pénétrai
coté : côté
J'y trouvais : trouvai
Je me dit / trop prit : dis / pris
Je me replongeait : replongeai
a remodelé : avait remodelé (système passé)
Je fût : fus
Je regardais : regardai
Calmons nous, : calmons-nous
la curiosité repris place : reprit
j’avançais / je regardais : j'avançai / regardai
Je senti : sentis