La Geste du Paresseux et de la Jument

La faim m'a appelé.
Mais ta perte m'a retourné !
Et, les larmes aux yeux, je suis revenu sur mes pas.
Mais le vent avait soufflé.
Et mes traces ont été emportées au loin.
N'écoutant que mon cœur, je suivis les traces qui s'envolaient,
Et m'envolai de même.
Secoué par les embruns, je traversai le monde,
Mais ne vis que des scènes immondes.
Rien ne laissait penser
Qu'il me serait possible de te retrouver.
Alors je m'isolai et voguai vers la Lune.
Et de là-haut je vis la toit d'une petit écurie brune
Qui semblait m'appeler.
Ainsi tombai-je du ciel,
Ainsi voulus-je revoir ma belle.
L'écurie était vide,
Et ses propriétaires n'étaient autres que régicides.
Deux centaures, haut de taille,
Passèrent là, faisant cliqueter la maille.
Je tremblai, pris de peur.
Mais je voulus survivre pour revoir ta grandeur.
N'écoutant que mon instinct,
Je m'emparai de leur arme,
Et en faisant basculer le chien
Je versai une maigre larme.
Non pas une larme de tristesse,
Mais bien d'allégresse.
Peut-être allais-je enfin revoir,
Celle qui éclaire le noir.
Suivant un fleuve à la nage,
Je fis face à quelques poissons
Pleins de rage,
Mais surtout de contrition.
"Les fiers Mammifères,
Se sont installé sur la Terre
Et nous n'avons hérité
Que de l'eau salée."
N'écoutant que mon cœur,
Je m'envolai de nouveau,
Leur faisant tant peur
Qu'ils quittèrent l'eau.
Alors que je flottais au-dessus d'une île perdue,
Mes poils se hérissèrent.
Je descendis et tombai dans les pommes de terre,
Car enfin tu m'apparus.