Voici ma toute dernière nouvelle un peu du même style que "Mon Grand Amour est une Peinture". Enfin, je vous laisse découvrir...
La Paysanne et Moi
Je cours. Plus vite, plus loin, je les sent, ils sont là, tout près de moi. Je me cache afin qu'il ne me vois pas. Je lève mon arme, lourde, si lourde... Mais j'ai l'habitude, voilà déjà 7 ans que je m'entraîne, que je me bats. J'ai commencé à mes six ans et je pensais que ce serait difficile mais j'ai très vite pris les armes en main.
Je me tends. Saute hors de ma cachette et tire. Un de tué. Deux. Le dernier est presque mort mais soudain, j'entends une détonation et de la fumée me brouille la vue. J'essaye de me couvrir mais je suis perdu. Les balles volent tout autour de moi, sifflent à mes oreilles. Je le sais, je vais mourir. Une balle finit par me transpercer la poitrine. Mon sang s'étale sur le sol brute. C'est la fin. Je meurs...
« Bon, voilà je suis mort à cause de toi. Tu es contente ? »
Je me retourne pour voir ma petite-amie. De taille moyenne, des cheveux châtains légèrement ondulés montés en chignon, une mèche libre menaçant de cacher l'un de ses beaux yeux bleus foncés dans lesquels, si je ne fait pas attention, je risque de me noyer comme dans une mer déchaînée. Elle me prit doucement la main de sa peau légèrement froide et satinée.
« Je suis désolée, dit-elle d'une voix aussi douce que ses mains, mais je voudrai, s'il-te -plaît, que tu m'accompagne au musée. Il y a une magnifique exposition et...
- Attends, la coupai-je, tu veux que moi, j'aille au musée ? Mais tu sais bien que je m’ennuie dans ce genre d'endroit...
- S'il-te-plaît, pour me faire plaisir » Elle battit des paupières et pour m'achever, me lança sa moue boudeuse : l'arme ultime.
Je lâchai ma manette, éteignis ma console et sautai en dehors du canapé. Un blouson, des chaussures et nous nous mîmes en route avec l'interminable monologue de Marion. Si je compris bien, elle me parla d'une certaine peinture à l'huile,exposée au musée qu'elle voulait « absolument » voir.
Nous arrivâmes à l'exposition. Il avait tout types de personnes, des grandes, des petites, des hommes pareil à ceux des magazines ou bien d'autres qui avait tout des hippies des années soixante-cinq, des femmes trop maquillées ou celles qui portent des valises sous les yeux et des enfants dans leurs bras. Et tous ces gens aussi différents soit-ils, intéressés ou pas, se pressaient vers l'entrée. Marion me tira par la main, courant dans tout le bâtiment comme une enfant dans un magasin de jouets, mais prit tout de même le temps de regarder, critiquer, étudier chaque œuvre d'art. Nous nous arrêtâmes enfin devant le tableau qui passionnait tant ma compagne.
Une jeune paysanne pleurait devant nous, au milieu d'un champs de blé. Elle avait l'air d'être tombé de désespoir. Des brins de pailles se mélangeaient à ses cheveux châtains et lisses sur lesquels les rayons laissaient aller leur dur chaleur. Marion avait raison au sujet de cette œuvre. Jamais je n'avais autant apprécié une image autre qu'une publicité pour le dernier jeu vidéo. C'était si beau... J'entendais presque ses pleures... Mais... Non. Je l'entendais pleurer clairement et nettement.
Pris d'effroi, je me mis à reculer lentement, trébuchant, les yeux exorbités. Ma petite-amie ne compris pas ce qu'il se passait mais elle me rattrapa quand même avant que je retombe. A peine debout, je couru jusqu'à la sortie, bousculant toute personne m'empêchant de fuir cet événement que je refusai de croire réel.
J'arrivai chez moi et décidai que j'avais rêvé. Ainsi, je démarrai une partie de jeu vidéo. Je ne su pas quoi dire à ma mère étonnée de me voir arriver, seul, essoufflé, effrayé, alors je ne dis rien. Inquiète pour moi, Marion vint prendre des nouvelles. Malgré que mon explication fut bancale, mon amie vit bien que j'avais envie et besoin de rester là, à réfléchir en solitaire.
Les yeux rivés sur l'écran, je me battis contre des zombies pendant plusieurs heures. Tout à coup, deux yeux marron, presque orange apparurent sur l'écran de ma télévision. Ces yeux je les reconnus, c'étaient ceux de la paysanne du tableau ! Elle m'observait, me surveillait. Mes doigts, mes jambes et tout mon être se mirent à trembler. J'aurai voulus hurler mais ma dignité et surtout la peur, cette peur fourbe et machiavélique m'en empêcha. J'éteignis l'écran avec lenteurs comme si elle pouvait sortir de celui-ci à tout moment. Heureusement l'extinction de l'appareil fit disparaître les deux yeux. Je me remis à respirer. Tout cela n'était pas vrai, tout cela ne pouvait être vrai. Je devais être fou, c'était la seule explication possible. Après tout, j'avais été le seul à entendre la jeune femme pleurer alors que nous étions une dizaine autour d'elle.
Quelques jours passèrent pendant lesquels j'étais hanté par la vision et la voix de la paysanne. Finalement, je décidai de retourner au musée pour questionner les guides et en apprendre plus sur cette effrayante peinture. Un guide me raconta une histoire :
Autrefois, une jeune paysanne nommé Juliette, fille unique, était en mal d'amour. Elle tombait facilement amoureuse mais les garçons se moquaient d'elle et se jouaient d'elle lui faisant croire qu'ils l'aimaient pour ensuite la ridiculiser. A ses six ans, son père, soûl, avait même essayé de la noyer dans un ruisseau. Heureusement, elle s'en était sortit sans séquelles aucunes, ou presque.
Avec le temps, elle avait appris à haïr toute personne de sexe masculin.
Un jours, un jeune homme tomba passionnément amoureux de Juliette. Chaque fois qu'il avait un peu de temps libre il venait l'admirer travailler dans son dur labeur ou bien flâner, caressant les herbes hautes, cueillant des fleurs. Il pensait à elle chaque heure, chaque minute, chaque seconde de sa petite vie monotone dans laquelle seules la peinture et la rêverie méritées son attention.
Un matin de juillet alors qu'il scrutait la surface dorée des champs dans l'espoir de voir sa dulcinée, il l'avait vu arriver dans une course où se mêlait des larmes de rage et de désespoir. Elle était soudainement tombé au milieu de la vaste étendue d'épis de blé. Son admirateur trop timide pour aller la consoler était resté là à l'observer, inquiet pour elle.
Cette scène l'avait tellement marqué, tellement touché, qu'après cela , il s'était mis à la peindre. À peindre la jeune fille si belle, si seule, si désespérée. Une fois le tableau achevé il s'était forcé, combattant sa timidité, à montrer son œuvre à sa muse.
Juliette détestait de plus en plus les hommes, elle voulait les voir souffrir. Et lorsqu'elle avait vu son portrait où elle pleurait à chaudes larmes, elle s'était mise dans une fureur terrible envers le pauvre garçon qui, contrairement à ce qu'elle pensait, ne voulait pas se rire d'elle, tout au contraire.
Mais la jeune fille était déchaînée. La colère pris possession d'elle et Juliette s'attaqua au peintre, utilisant ongles, poings, pieds et fourche, si violemment qu'il mourut. La jeune tueuse s'était rendu compte de ce qu'elle avait fait et sous la torture de sa conscience elle a rejoint le jeune homme au pays des morts enfin, c'est ce qu'elle avait prévu mais, au lieu de cela elle se retrouva enfermée dans son propre portrait, condamnée à y vivre pour l'éternité.
« Mais bien sûr, ce n'est qu'une légende, compléta le guide. »
Je le remerciai et rentrai chez moi, la tête dans des nuages de peur.
Quand la nuit arriva je m'endormis étonnamment vite mais fis un étrange cauchemar dans lequel je tentai de me planter un couteau dans le cœur, mais deux mains m'en empêchèrent. Je me réveillai. Devant moi, ma mère essayait de m'arracher l'arme des mains. Je lâchai ce dernier. Ma mère totalement paniquée me prit dans ses bras, secouée de sanglots.
Je pris alors la décision de détruire l'objet de ma hantise. Dés l'ouverture du musée -ce lieu dans lequel je n'aurai jamais crus passer autant de temps- je me faufilai dans les couloirs et, pris d'une hargne folle, je m’apprêtai à déchirer la toile de mes mains nues, mais une voix brisée par la tristesse et la peur, m'interrompit :
« Non ! Non, ne fais pas ça ! Pitié.
- Et pourquoi aurai-je pitié ? Vous avez essayé de me tuer en contrôlant mon esprit. Et ce pauvre peintre, il vous aimait vous savez ? Dis-je observant la paysanne qui, devant cette dernière révélation se figea net.
- Il... Il m'aimait...
- Écoutez, lui dis-je d'une voix douce qui se voulait rassurante, je ne vous tuerai pas si vous me promettez de ne plus faire de mal à personne.
- Je... Je te le promet, jura-t-elle dans un flot de larmes. »
La vie reprit son cours comme anciennement, mais j'abandonnai les jeux vidéos au profit de l'art. J'accompagnai donc Marion dans les différents musées qu'elle voulait visiter. Au sujet de la paysanne, j'allai souvent la voir captant un clin d’œil qu'elle m'envoyait. Ce mouvement était le seul qu'elle faisait à présent. Personne ne connut la suite de son histoire dont, de toutes façons il n'y avait aucune preuve.