L'air était lourd. Pesant, chargé de tensions et et d'humidité, il s'accordait avec merveille avec l'obscur tunnel de pierre dans lequel avançait péniblement le groupe. Trois personnes qui luttaient contre un irrésistible sentiment d'étouffement, du à la fois à l'étroitesse du passage et à l'impression qu'ils allaient arriver trop tard quel que soit leurs efforts. Et des efforts, ils avaient du en faire pour arriver jusque là...
Leur quête les avaient rassemblés, et chacun avait été prêt à affronter vents et marées pour l'accomplir jusqu'au bout. Ils avait été cinq, et chacun étaient parmi les meilleurs. Sartos, puissant sorcier expert en enchantements, pressentis pour devenir un archimage. Gari, ancien franc-tireur plus ou moins repentis, empoisonneur et assassin de première catégorie. Mesma, guérisseur capable de recoller un bras sur son propriétaire et de refermer un estomac béant en un souffle. Marc et Bille, mercenaires vétérans ayant survécu à d'innombrables batailles. Ils se connaissaient de loin, ayant arpenté les mêmes guerres entre les barons et les seigneurs mages, parfois dans le même camps ou en adversaire. Mais ils avaient répondu présent lorsque quelqu'un avait volé une clé capable de desceller un des ensorceleurs les plus terribles de l'histoire. Bien que les légendes soient vagues sur les événements ayant mené à la chute de ce malfaisant personnage, toute s'accordaient sur sa puissance démoniaque, et de quelle manière son adversaire avait du se sacrifier pour en venir à bout. Pour retrouver la clé et celui qui l'avait volé, ils avaient du traverser la moitié du continent et affronter non seulement les paysages hostiles ravagés par les guerres magiques, mais aussi des sympathisants et opportunistes voyant dans le retour du mage noir une chance d'acquérir richesse, pouvoir ou simplement de laisser libre cours à leur nature. Leur périple avait été long, et terriblement cruel. Bille était mort d'une flèche dans l’œil lors d'une embuscade de brigands, Sartos avait été empoisonné par un lézard des plaines et mourut avant même que Mesma puisse intervenir. Le guérisseur lui-même donna sa vie pour accomplir un miracle : ramener à la vie l'ancien héro, celui qui se tenait à présent à leurs côté dans ce tunnel sombre et étroit. Balan à la main blanche, une légende à présent vivante sous leurs yeux, et déterminé plus que jamais à empêcher son ennemi de revenir. Depuis qu'ils l'avaient ressuscité et extrait du tombeau souterrain, il s'était montré rapidement à la hauteur de sa légende. Sa magie était le pouvoir du soleil même, incinérant les démons et les êtres malfaisants avec la même facilité tout en apportant la vie à ceux qui en avait besoin.
A présent, Marc et Gari marchaient derrière lui, se raccrochant à la légère lumière que le héro irradiait comme à un phare dans l'obscurité, une conséquence directe du pouvoir solaire qui l'imprégnait. Bien qu'il eut une vingtaine d'année à sa mort, ses traits fins le faisait paraître plus enfantin qu'il ne l'était vraiment, et il débordait d'une vitalité sans cesse contenue. Ils débouchèrent soudain dans un passage parfaitement taillé dans la roche, un couloir rectiligne qui semblait mener plus loin à une pièce éclairée. Entendant des mélopées magiques s'échapper de celle-ci, ils se jetèrent en avant et jaillirent comme des météores dans la grande salle circulaire. Surpris par leur arrivée, celui qui incantait au milieu d'un cercle de symboles ésotériques lâcha une exclamation étranglée, qui se transforma rapidement en un rire nerveux et empreint de folie.
« Allez, allez mes bêtes, tuez les ! Le maître arrive, et ils nous récompensera tous pour le cadavre du grand héros Balan !
Les symboles luisirent d'une lueur pourpre, et une dizaine d'hybrides de chacals à têtes de serpents apparurent. Mesurant plus de trois mètres de long, les crochets dégoulinants de venins et les yeux rougeoyants, ces monstres infernaux prirent appuis sur leurs pattes pour sauter, prêt à dévorer les intrus. Gari et Marc saisirent leurs armes… Et n'eurent pas à les utiliser. Levant une main fine, Balan y fit naître un globe de lumière incandescent, et l'écrasa dans sa main. Simultanément, chacune des bêtes se retrouva enfermé dans une sphère doré, et fut impitoyablement écrasées et consumé par les orbes qui implosèrent en même temps, ne laissant que des cendres calcinées qui se dispersèrent sur le sol. Lâchant un cri affolé, le sinistre mage recula d'un pas, avant de se figer. Sur le sol, une vaste gravure représentant une étoile s'effaça entièrement, et un claquement retentis. Une ombre commença à se former sur le sol, grandissant en hauteur et épaisseur pour former une silhouette humaine.
- Le maître est revenu ! J'ai réussi à l'appeler ! S'extasia le nécromancien en tendant le doigt vers le petit groupe. Il va me récompenser, me donner le pouvoir que j'ai toujours recherché, faire de moi son bras droit ! Et vous, vous allez mourir écrasé par son pouvoir comme…
- Comme ceci.
La voix amusé de l'ombre vivante ne laissa pas au magicien le temps de réagir. Une langue de ténèbres émergea de son bras tendu, enveloppa l'homme avant qu'un craquement écœurant ne retentisse. L'excroissance ombreuse se replia, laissant s'échapper une pluie de sang et de chairs broyées. Les traits de l'apparition se précisèrent alors, un homme d'une trentaine d'année qui avança en laissant son aura se dissiper peu à peu, ne laissant qu'une faible ombre qui semblait lui coller à la peau, absorbant la lumière qui entrait en contact avec lui. Hastiel au manteau de nuit, un titre visuellement pertinent : les ombres le recouvraient comme une seconde peau, l'habillant d'une tenue mouvante et floue.
- Dis-moi Balan, comment es tu revenu à la vie ? S'enquit-il avec une amabilité consommée. Je pensais t'avoir bel et bien tué.
- J'avais enfouis une pierre solaire à l'intérieur de mon corps. Elle a capturé mon esprit et m'a empêché de disparaître pour de bon après que tu m’aie tué.
- Ingénieux… Tu savais que je n'allais pas profaner ta dépouille, alors tu a prévu un tel échappatoire.
- Je suis davantage perplexe sur votre scellement dans cette cavité perdue dans les montages. Le Conseil des seigneurs mages aurait t-il émis un doute sur vos mérites ? Rétorqua Balan avec une ironie cinglante.
- En toute choses je n'aurais pas imaginé que tu aurais raison sur celle-ci. Avoua Hastiel avec agacement. A peine eu-je fini de t'arrêter dans tes folies et de t'enterrer qu'ils m'ont attaqué par surprise, neutralisé et emprisonné dans ce trou perdu.
- Je vous avais prévenu que ces vieux hiboux allaient se tourner contre vous. Pourquoi n'avez vous pas accepté ma proposition de règne à ce moment ?
De plus en plus confus par le dialogue qui se déroulait sous leurs yeux, les deux mercenaires sentait naître en eux un terrible pressentiment qui les empêcha d'agir pendant qu'ils écoutaient.
- Parce je réprouve le pouvoir du soleil utilisé pour provoquer une famine générale et transformer les gens en torches humaines sous l'afflux d'énergie.
- Je n'ai pas hérité de ce pouvoir pour me soumettre à des vieux gâteux effrayé par mes dons et à des paysans incultes ! Répliqua Balan sans fléchir. Je n'ai fais que prendre la place qui me revenait de droit.
- Sei-seigneur Balan… Qu'es ce que… que vous racontez ? Bredouilla Gari.
- Quoi, ne me dis pas que vous ne l'avez pas compris ? Ricana le ''héro''. De toutes choses, je n'aurais jamais cru que la légende me prêterait le rôle du bouffon se sacrifiant pour arrêter le magicien noir. Imaginez ma surprise lorsque je me retrouve ramené à la vie par une troupe me prétendant héro, avec comme objectif d'empêcher le retour du mal !
- Je n'y crois décidément toujours pas… Se lamenta Hastiel. J'invente une magie extraordinaire et met fin au péril d'un jeune ambitieux doté d'un pouvoir historiquement invincible, et on me colle l'étiquette du méchant dans l'histoire en plus de m'enfermer dans ce trou ? Parlez d’ingratitude !
Complètement sonné, Gari laissa tomber son kukri sur le sol, ou il s'écrasa avec un tintement métallique. Plus pâle qu'un lingue, Marc se jeta soudain en avant, tentant d'empaler le faussaire dans le dos. Un flash d'une puissance phénoménale aveugla Garic… Et lorsqu'il recouvrit la vue, ce fut pour découvrir une trace de suie là où son camarade s'était trouvé. Secoué de spasmes alors que son esprit tentait désespérément de nier ce qu'il voyait, ce qu'il vivait, il entendit vaguement les deux seigneurs mages continuer leur conversation.
- Je te le demande une dernière fois en souvenir de notre amitié. Joins toi à moi. Ordonna Balan, les traits juvéniles tendu sous l'effet d'une joie mauvaise.
- Il faut croire qu'avoir une morale est un mal dont on ne guéris jamais. Riposta Hastiel en s'enveloppant de ténèbres qui prirent l'aspect de gueules et de griffes menaçantes. Prépare toi à mourir une deuxième fois.
Un nouvel éclat de lumière doré, Garic sentis une atroce douleur, et puis plus rien...
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Even in the deepest madness, Lancelot of the Lake stay the unrivaled Knight of Honor.