Dernière édition par Mélodie le Sam 17 Sep 2016 - 22:51, édité 1 fois
Cornedor Divine cerfette et ses lapins multicolores
Messages : 5120 Date d'inscription : 17/05/2014 Localisation : Endormie dans un terrier de lapins. Humeur : Lapinesque. (ça veut dire paisible et joyeuse)
Je sais ce que je suis. Et je sais ce que je ne suis pas. Je suis un chaos de rêves et de couleurs, je suis un Cerf divin chimérique, je suis une lapine en chocolat aux larmes caramel. Et toi, qui es-tu ?
Fais un pas vers moi, j'en ferai un vers toi. Et peut-être un jour serons-nous face à face...
*** Cap' d'aller lire ?
→ Venez fouiller dans mes écrits... Y'en a pour tous les goûts !
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Dernière édition par Cornedor le Sam 17 Sep 2016 - 22:41, édité 1 fois
Rémige
Messages : 101 Date d'inscription : 29/06/2016 Localisation : "Laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, mêlés de métal et d'agate" Humeur : marchombre
Ce jour-là, les jumeaux Louis et Lison feuilletaient tranquillement un vieil album photo quand Hubert, penché sur un cliché, poussa un cri de suprise :
- Oh ! C’est pas croyable ! La Mimi qui prépare son pot-au-feu !
Louis et Lison se regardèrent, mi-étonnés, mi-amusés. La Mimi, c’était le surnom de leur grand-mère, décédée peu de temps auparavant. Et Hubert était un de ses vieux amis, qui passait très régulièrement ses après-midis chez les parents des jumeaux.
- Tiens, toi aussi tu dis « po-au-feu » ? lui demanda Lison en souriant. - Eh bien oui, quelle question ! Comment voudrais-tu le dire autrement ? - « Pote-au-feu », proposa la jeune fille. - Ah non, non, refusa le vieil homme en secouant la tête. On ne prononce pas le « t ».
Les jumeaux pouffèrent de rire le plus silencieusement possible. Le pot-au-feu, c’était une grande histoire de famille. Ils adoraient taquiner leur grand-mère avec ça, tout simplement parce qu’elle n’était pas d’accord avec la prononciation du mot. Ils ne comptaient pas les fois où ils étaient allés la trouver dans son jardin, en train de soigner ses chers plants de légumes, pour lui demander si elle avait bien prévu, comme tous les mercredis, un pot-au-feu pour le repas. La vieille dame se retournait et, en détachant chaque mot et en les appuyant avec des gestes du bras, elle s’exclamait :
- Combien de fois t’ai-je déjà dit qu’on ne prononce pas le « t » de « pot-au-feu » !
Malgré l’incompréhension amusée des autres membres de la famille, elle n’en avait jamais démordu. On prononçait « po-au-feu » et non pas « pote-au-feu » selon elle. Tout le monde pensait alors que c’était une sorte d’idée fixe, ou de tic de langage qu’elle avait gardé de sa jeunesse, et en rigolait gentiment. Cela étonnait donc les jumeaux que le vieil Hubert dise la même chose.
- Tu prononces comme le faisait mamie, dit Louis. Comment ça se fait ? - Oh, eh bien tout le monde devrait dire comme nous, répliqua Hubert, les sourcils froncés. - Mais pourquoi ? - Ça ne m’étonne pas que la Mimi vous ait rien dit, elle aimait pas en parler parce que ça lui faisait de mauvais souvenirs. - Allez, s’il te plaît, explique-nous ! demandèrent les jumeaux, la curiosité en éveil.
Le vieil homme se fit prier un moment, puis il soupira, ôta ses lunettes, les remit, se réinstalla sur les coussins du canapé et soupira de nouveau.
- Vous savez, avec la Mimi, on a été jeunes nous aussi. Mais notre jeunesse n’a pas été aussi belle que la vôtre. Parce qu’en 44, c’était la guerre, vous savez. Et en 44, on avait vingt ans. Enfin la Mimi en avait dix-neuf jusqu’au mois de novembre, mais enfin bref. Ah, je ne sais pas si elle aimerait que je vous raconte ça. Tant pis, ce sera de votre faute, c’est vous qui avez insisté. Je disais donc, qu’en 44 on avait la vingtaine et que c’était la guerre. Et vous verrez quand vous aurez 20 ans, ou 19, eh bien on a comme une envie de changer le monde. Vous l’aurez aussi cette envie. Nous c’était pas vraiment pareil. On avait un moyen de pouvoir se rendre utile, en 44. Vous avez dû apprendre des tas de choses sur la Résistance, Jean moulin et tout ça. Un grand homme, Jean Moulin. Mais enfin bref. Justement, avec la Mimi et d’autres copains, dans notre village riquiqui, on a monté tous seuls un réseau de résistants, en 44. Oh c’était pas grand-chose, mais il couvrait une petite partie des environs et on a mené quelques affaires importantes, mais ça je ne vous le raconterai pas. Vous savez c’est toute une organisation, un groupe de ce genre. Alors on s’est inspirés des messages qui passaient à la radio, vous savez l’histoire des carottes qui sont cuites par exemple. C’est la Mimi qui les a tous créés, nos codes secrets. Et le pot-au-feu c’était déjà son plat préféré à l’époque, alors il a bien fallu qu’il fasse partie de l’histoire. « Pote-au-feu »… eh ben ça voulait bien dire ce que ça veut dire. C’était quand un des copains se faisait attraper par les autres, et alors là autant vous dire qu’il fallait pas trop espérer le revoir.
Le vieil Hubert marqua un temps d’arrêt. Il soupira, ôta ses lunettes, les remit.
- C’est arrivé qu’une fois. Michel, il s’appelait. Avec lui et la Mimi, on formait un trio d’enfer. Et ça durait depuis qu’on était petits. Moi, je soupçonnais la Mimi d’avoir le béguin pour Michel, et Michel d’avoir le béguin pour la Mimi, mais ça ils se le sont jamais dit. Toujours est-il que quand le pote Michel s’est retrouvé « au-feu », ça nous a fait tout drôle.
Il s’arrêta, se réinstalla sur les coussins du canapé et soupira de nouveau.
- Et depuis ce jour la Mimi a plus supporté de prononcer le « t » de « pot-au-feu ». Ça s’est pas arrangé quand elle a pris de l’âge vous savez, elle a fini par être vraiment persuadée qu’on prononçait « po-au-feu ». Vous savez depuis qu’elle est allée rejoindre ce sacré Michel tout là-haut, il n’y a plus que moi qui porte le souvenir des résistants en herbe qu’on a été en 44. Alors comme j’ai toujours voulu faire plaisir à la Mimi, je continue de dire comme elle, ça sert peut-être pas à grand-chose, mais j’ai l’impression de ne pas pouvoir faire autrement.
Cornedor Divine cerfette et ses lapins multicolores
Messages : 5120 Date d'inscription : 17/05/2014 Localisation : Endormie dans un terrier de lapins. Humeur : Lapinesque. (ça veut dire paisible et joyeuse)
Je sais ce que je suis. Et je sais ce que je ne suis pas. Je suis un chaos de rêves et de couleurs, je suis un Cerf divin chimérique, je suis une lapine en chocolat aux larmes caramel. Et toi, qui es-tu ?
Fais un pas vers moi, j'en ferai un vers toi. Et peut-être un jour serons-nous face à face...
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