| | CC n°123 | |
| Auteur | Message |
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Phoenix Piou grincheux accro au café
Messages : 1941 Date d'inscription : 06/01/2015
 | Sujet: CC n°123 Sam 14 Avr 2018 - 21:30 | |
| Bonsoir à tous pour ce chronochallenge n°123 o/ Comme d'habitude, vous avez une heure au moment du post de ce message pour écrire votre texte en choisissant un ou plusieurs des thèmes suivants. - Je veux vivre. - Conflits familiaux. - Transforme moi. - Je veux rentrer chez moi. - Le grand matin. - Les necrohumains. - Les vacances chez mami. - L'héritier du trône. - Cette nuit j'ai rêvé de ça. - L'eaucéan. N'oubliez pas les balises et/ou avertissements si votre texte le nécessite et puis pour ceux qui font long, le fond blanc est parfois une bonne idée pour épargner les yeux des lecteurs  Quoi qu'il en soit, vous avez une heure ! Bonne écriture à tous  |
|  | | K Emmerdeur officiel

Messages : 412 Date d'inscription : 13/11/2017
 | Sujet: Re: CC n°123 Sam 14 Avr 2018 - 22:09 | |
| L’homme qui ne voulait pas être roi (dédié à Ippa) « Je ne veux pas être roi, clama l’héritier devant le chambellan étonné. Je ne suis pas un titre et ne l’ai jamais été. - Mais sire, répondit le vieillard, vous y êtes obligés Déjà depuis cent ans, vos ancêtres se sont succédé. » « Je ne veux pas être roi, répéta l’héritier devant sa mère éploré. Je n’en ai pas les épaules, et ne veut rien porter - Mais mon chéri, répondit la Reine, vous allez y arriver D’autres bien plus frêle que vous, la couronne ont portée. » « Je ne veux pas être roi, assura l’héritier devant le roi respecté Tout l’honneur de ton titre, je le foule à mes pieds - Prince avorton, répondit le Roi, je ne peux accepter Que par votre caprice, toute mon œuvre soit souillée. » « Je ne veux pas être roi, chanta l’héritier devant son frère amusé Jamais dans ma vie, on n’a pu me commander. - Je comprends compagnon, mais pourquoi nous quitter ? Car les banquets sans toi, seront triste à pleurer. » « Je ne veux pas être roi, murmura l’héritier devant sa bien-aimée. Le royaume peut bien s’effondrer, quand dans tes bras je veux me lover. - Mais mon tendre ami, pourquoi donc ne pas partager ? Les affaires courantes debout, et l’amour quand nous sommes couchés » « Je ne veux pas être roi, déclara l’héritier devant le sévère policier Je l’ai dit, c’est ainsi. Plus rien ne pourra le changer. - Hélas mon garçon. Tant que vous ne voudrez être sacré Notre roi votre père, dans un cachot va vous confiner. » « Je ne veux pas être roi, conta l’héritier devant son vieux geôlier Je suis un jeune oiseau qui ne rêve que de voler - Revenez sur terre ! Pourquoi tant s’obstiner ? Tout cela va mal finir et vous allez le regretter. « Je ne veux pas être roi, supplia l’héritier sur le pal enflammé Du sais-je mourir sur la torture, mon destin je veux garder. » Certes il en mourra, et tous en furent désolé. Et sous les lamentations, la ville de noir fut drapée. Ils pleurèrent. Sa mère pleura, son père pleura. Même le bourreau en enlevant le corps pleura. Le trône depuis reste vide. On finit honneur à son choix En faisant graver sur sa tombe : « Celui qui ne voulait pas être roi. »
Dernière édition par K le Sam 14 Avr 2018 - 23:18, édité 1 fois |
|  | | Dragon Dae Reine des dragons

Messages : 270 Date d'inscription : 16/04/2016
 | Sujet: Re: CC n°123 Sam 14 Avr 2018 - 22:10 | |
| Les vacances c'est mamie, c'est toujours l'extrême. Extrêmement bien, extrêmement mauvais, ça dépend des fois, mais c'est toujours l'un ou l'autre. À croire que c'est impossible, chez ma grand-mère, d'avoir un peu de bon et un peu de moins bon.
Par exemple, l'été dernier, c'était extrêmement bien : sorties en bateau, journées à la mer avec pique-nique sur la plage, après-midi cuisine et randonnées à vélo, tout ça pendant un mois. Rien à redire, avec ma sœur et mes cousins on aurait voulu que ça soit comme ça tous les ans.
L'année d'avant, par contre, c'était extrêmement mauvais : déjà, il avait plu presque sans arrêt. Impossible d'aller se promener. Ce qui voulait dire tout le monde coincé dans la maison. Tout le monde, autrement dit mes grands-parents, mes parents, ma sœur et moi, ainsi que mes cousins et leurs parents. Dix personnes dans un espace clos, six jours sur sept en moyenne. Devinez ce que ça avait entraîné ? Je vous le donne en mille, des conflits. Ma mère s'était disputée avec ses parents, mon oncle s'en était mêlé, mon père était venu à la défense de sa femme... Bref, au final il n'y avait que nous, les quatre enfants, pour ne pas faire la gueule.
Alors maintenant, dans la voiture, je regarde par la fenêtre avec une certaine inquiétude. Qu'est-ce que cet été nous réserve ? Du positif ou du négatif ?
À l'inquiétude s'ajoute une certaine rancœur. J'ai seize ans, ma sœur en a quinze, mes cousins quatorze et dix-sept : naturellement, nous avons demandé à partir tous les quatre, loin des adultes. Nous voulions passer des vacances entre jeunes, plutôt que chez notre grand-mère. Mais notre requête a été refusée, au motif que « ça ferait trop de peine à mamie ».
Tandis que la route défile sous mes yeux, je pousse un soupir. J'ai déjà un mauvais pressentiment pour cet été. Je viens à peine de partir, et je veux déjà rentrer chez moi... |
|  | | Mister O

Messages : 428 Date d'inscription : 30/11/2014 Humeur : PITIE NON PAS LA MATERNELLE !
 | Sujet: Re: CC n°123 Sam 14 Avr 2018 - 22:23 | |
| Scène de rue :
Je viens à peine de faire quelques pas dans vos rues et voilà où j'en suis : on me parle déjà de me renvoyer chez moi. Est-ce que vous savez comment c'est ? Je vais vous le dire : chez moi, c'est une petite maisonnette, que mon père m'a aidé à bâtir, avec un jardin. Chez moi, c'est me lever tous les matins et boire un peu de sahlep, avant d'aller cueillir ce qu'on mangera à midi. Chez moi, c'est une petite école, aux classes parfois surchargées. Bien sûr, on n'a pas tout ce que vous avez ici, mais j'y ai appris à lire et à écrire, comme vous. J'écris peut-être de droite à gauche et pas dans la même langue, mais il n'empêche ! Il y avait même de plus d'anciens dans nos villages, chez moi, et il y fait plutôt bon vivre. Chez moi, ce n'est pas une petite église, mais une toute petite mosquée, à laquelle je ne vais presque jamais. Et chez moi, je fais ce que je veux.
Maintenant, je n'ai même plus le droit de me déplacer, à peine de marcher … Il y a quelques années, il paraît qu'on s'était pris de compassion pour nous, mais les Syriens ne sont plus à la mode à ce que je vois. Voyez-vous, il faudrait être fou pour vouloir retourner en Syrie, fou comme vos dingues d'Allah qui rôdent chez moi, tandis que des manipulateurs leurs ordonnent de se jeter sur tout ce qui bouge. Je veux rentrer chez moi, moi aussi, mais chez moi a été détruit.
Alors maintenant, laissez-moi tranquille. ------------------------------------------------------------------------------------------------ Petit, petit, petit ! Vient voir Tonton O  |
|  | | Ouppo Fou du roi

Messages : 546 Date d'inscription : 04/01/2016
 | Sujet: Re: CC n°123 Sam 14 Avr 2018 - 22:28 | |
| Des débris et du feu s'éparpillaient partout, un camion citerne avait heurté un bus scolaire. Les passants s'amassaient autour, une foule de curieux commentaient la situation.
-Tu vois je te l'avais dit. Cette nuit j'ai rêvé de ça, dit un homme avec un chapeau.
-Ouais, t'avais raison, répondit son amie. J'aurais dû te croire.
-C'est pas grave, personne ne me croit jamais. Même après ce genre de démonstration.
-Mais moi je te crois je t'assure.
L'homme fit un sourire en coin.
Il se remirent en route, l'odeur de plastique et de pétrole toujours dans l'air.
-Pendant qu'on est sur ce sujet, je sais que non. Tu ne me croirais pas si je te racontais une nouvelle fois.
-Ah ouais ? Et pourquoi ça ?
-Parce que je sais que ton copain veut te quitter.
-Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes en fait ?
-Tu ne me crois pas, tu vois.
-Mais attend, protesta la femme aux gants, bien sûr que je te crois pas. Pourquoi tu me dirais ça d'abord ?
-Je sais pas. Pour que tu puisses t'y préparer ? Et parce que ça te concerne ?
-Mais non, mais je vois pas pourquoi mon copain et moi on se séparerait ?
-Sérieux ? Tout le monde peut le voir. Tu es sûr que tu vois pas pourquoi ?
-Bah non, je sais qu'on a des disputes et tout, mais ça va.
-D'accord. Et pourquoi tu veux pas savoir ça ?
-Parce que c'est triste, parce que j'ai pas envie de le savoir, ça me perturbe tu vois.
-Tu es perturbé par mon histoire, mais tu ne l'as crois pas ?
-Non, non, je ne te crois pas, désolé.
-Tu vois.
L'homme au chapeau souriait toujours en coin.
Ils arrivèrent à l'appartement de son amie, au pied de son immeuble, l'homme chapoté et la femme se dirent au revoir.
Il marcha pendant longtemps, dans l'infini qui s'étendait partout, tout était noir, il ne reconnaissait rien, il marcha pendant un instant et dévia de sa route dans un parc.
Les mains dans les poches, il marchait regardant les arbres vibrants, monotones. L'obscurité tombait, il était là, sur un banc, l'air lui amenant les odeurs de fleurs nocturnes et il sentait la nuit palpé son corps. Pour savoir si elle pourrait l'emmener plus loin encore, si il contait resté un moment de plus pour partagé une éternelle seconde de rien, d'ennui, de plus.
Il sortit son briquet.
Tchk tchk tchk
Frush
Il approcha sa main trop près pour se brûler et la retira.
Miiih
Un chat noir miaula, il rangea son briquet pour le caresser, quand il fut parti le parc resta vide.
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|  | | Yorffeez Vélo bourré au fond d'un puits

Messages : 336 Date d'inscription : 19/02/2017 Localisation : Dans le puits Humeur : Imbibé
 | Sujet: Re: CC n°123 Sam 14 Avr 2018 - 22:30 | |
| L’héritier du trôneIl n’avait jamais été beau. Il n’avait jamais été gentil. Il n’avait jamais été honnête. Il n’avait jamais été travailleur. Et pourtant il avait été marié. Car Rodolphe avait toujours été riche ! Un rentier qui avait passé sa vie à ruminer et à garder jalousement son butin. Rodolphe s’était toujours méfié de tout le monde, même de sa femme. Même de ses fils. Il avait toujours soupçonné ceux qui venaient lui rendre visite de passer le pas de sa porte avec une seule et même idée dans la tête : celle de profiter de lui et surtout de son or.
Et aujourd’hui, il recevait ses toutes dernières visites. Des visites de courtoisies dans le funérarium plein de mouches où on l’avait amené entre quatre planches deux jours auparavant. Seules quelques très vieilles connaissances étaient venues se joindre à ses trois fils pour se recueillir devant le cercueil. Dans ce trio, un seul semblait malheureux. Le plus jeune.
Et cela pouvait se comprendre car l’aîné avait hérité de l’immense propriété forestière et le cadet avait pour sa part reçu le manoir. Pour eux deux ça avait été le jackpot et ils avaient bien du mal à dissimuler leurs sourires devant les quelques visiteurs qui entraient dans ce bâtiment où virevoltaient de nombreuses mouches.
Le benjamin, et ce fut le notaire qui lui avait annoncé, avait été placé tout en bas du testament. Feu son père lui avait légué sa chaise percée. L’incontinent Rodolphe lui avait laissé LE trône. Une véritable provocation pour ce pauvre bougre qui ne comprenait un tel mépris de la part de son paternel… Le benjamin avait pourtant été le seul à s’occuper de lui quand il perdait la carte. Le seul à le défendre devant le mépris de ses frères. Toujours, il avait été le seul à témoigner de l’affection à son père…
Le vieux Rodolphe, bien que dément et sénile à la fin de sa vie, avait toujours eu un humour particulier. Mais de là à léguer une telle abomination à son propre fils !
Le benjamin aurait bien voulu aller s’en plaindre à sa mère mais celle-ci n’allait pas tarder à passer de l’autre côté elle aussi. Elle avait été placée une décennie auparavant dans la piètre maison de retraite « Echo Plus » par le radin Rodolphe.
Ce fut donc déçu et humilié que, quelques jours après l’enterrement, le benjmain se rendit jusqu’au manoir pour récupérer la chaise percée.
Arrivé sur place, il constata que personne ne se trouvait dans la demeure exceptée la vieille concierge, Madame Fourche, qui lui apprit que ses deux frères étaient partis fêter ça au Fouquet’s. Ils ne l’avaient même pas invité…
Alors, le triste héritier du trône soupira et parcouru la salle de séjour où trônaient différents trophées de chasses. Zèbres et autres… dont un terrible corbeau empaillé là, posé sur un socle où il y avait gravé grossièrement « Vous êtes une immense bande de raclures ». Sans doute l’un des derniers messages de son père à destination de ses rares invités qu’il méprisait tant.
Les yeux de jeune homme se posèrent ensuite sur des lettres. Des documents administratifs qu’il se permit d’ouvrir. L’un d’eux stipulait que 90% du domaine forestier avait été vendu par Rodolphe peu de temps avant son décès. Une autre lettre, elle, confirmait que ¾ de la valeur du manoir avait été cédée à une petite association de 3x20.
L’héritier se gratta alors la tête. Ses deux frères n’auraient donc hérité que de miettes ? Puis il ouvrit la dernière missive qui indiquait que « nous vous avons bien remis la totalité de votre compte en banque en liquide. Veuillez accuser réception de la valise (…) »
Son fourbe de père avait donc retiré tout son argent de son compte en banque et l’avait sans doute enterré quelques part par pure malveillance pour que personne ne le trouve après sa mort ! Frustré, le fils hurla et jeta un coup de pied dans la chaise percée encore débordante d’urine et de de selles qui se déversèrent sur le sol. Ce fut alors que ses yeux s’écarquillèrent.
Sous cette montagne d’immondices, entre les morceaux de maïs et de grains de sésames, dépassaient de curieux éléments roses. Des…
-Billets. Des billets de 500, murmura-t-il.
Il se précipita alors vers le tas repoussant et constata en effet que le pactole n’avait pas été enterré mais emmerdé. Il se dépêcha donc de ramasser les billets puants. Comme quoi, il est parfois faux de se dire que l’argent n’a pas d’odeur.
------------------------------------------------------------------------------------------------ "Pas un jour sans une ligne" |
|  | | Stella

Messages : 95 Date d'inscription : 30/06/2016 Localisation : Je me suis perdue quelque part dans l'océan
 | Sujet: Re: CC n°123 Sam 14 Avr 2018 - 22:32 | |
| Je veux vivre. Et pourtant, je suis entrain de crever. Des larmes sur mes joues, des pleurs dans ma poitrine. Je veux rester debout, sur mes pieds, le dos droit, la poitrine bombée. Je veux être heureux, juste quelques instants. Je veux, merde, vivre ma vie, sans lois, sans règles, sans barrières. Je veux être seul, être éloigné de tout, être proche du vide, sentir le vent, le soleil, la pluie. Je veux qu'il neige, je veux qu'il grêle. Je veux flipper, aimer, ou les deux en même temps, je veux avoir mal, me sentir vivant. Je veux vivre. Rien de plus simple, hein |
|  | | Darkmichou

Messages : 72 Date d'inscription : 11/11/2017 Localisation : Nantes
 | Sujet: Re: CC n°123 Sam 14 Avr 2018 - 22:37 | |
| Voilà mon texte, assez dur, donc je mets une balise [-16], avec les thématiques en spoiler. NE CLIQUEZ PAS SUR LE SPOILER SI VOUS NE VOULEZ PAS VOUS FAIRE SPOILER ! (Et si vous voulez, ben cliquez mais c'est pas fait pour !) - Thématiques abordées :
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Suicide, violence physique, prostitution, homophobie
Le thème choisi : "Je veux rentrer chez moi". _ _ _ Debout au sommet de la colline, je contemple la plaine, qui brille d'un éclat tout particulier en cet après-midi d'été. Sous mes yeux s'étale le chemin que j'ai emprunté il y a deux mois déjà. Enfin le « chemin »... Disons que c'est à travers ces champs que j'ai dû tracer ma route, muni seulement de mon sac à dos, fuyant la maison de mon enfance. Machinalement, j'essuie la sueur qui perle sur mon front depuis quelques minutes déjà. Est-ce la chaleur ou le stress qui me fait suer ainsi ? Un peu des deux, sans doute. Car aujourd'hui, tout peut changer. Aujourd'hui, je veux rentrer chez moi. Mais c'est un lourd combat qui m'attend : les monstres qui m'ont chassé occupent toujours mon foyer. Pas besoin de les chasser, encore moins les tuer. Je veux simplement cohabiter. Peut-être parviendrai-je à les raisonner ? Deux mois déjà que je suis seul, errant de villes en villages, dormant où je peux... Heureusement pour moi, le froid ici n'est pas glacial, même la nuit. J'ai donc pu dormir sous des ponts, dans des parcs, des jardins... Une fois on m'a proposé l'asile pour la nuit, contre quelques bénéfices charnels... Je suis parti en courant, dégoûté à cette idée. Mais la semaine suivante, je suis revenu. Ce jour-là, j'avais faim, j'étais au plus bas... Il fallait que je m'évade. Depuis je me sens mal, souillé et plus fragile que jamais. J'ai longtemps réfléchi à tout ce qu'il s'était passé, me demandant tous les jours qui d'eux ou de moi était réellement le monstre dans cette histoire. Rongé par la culpabilité, j'ai envisagé d'en finir, canif en main... Mais non, je ne pouvais pas. Et pourtant, ça aurait rendu les choses tellement plus simples... Rejouant tous les jours dans ma tête les dernières scènes de ma vie là-bas, j'ai envisagé à coups de « et si » tout ce que j'aurais pu faire différemment. J'aurais pu les ménager davantage, leur dire et redire que je les aimais. J'aurais aussi pu tout simplement me taire, et continuer à jouer mon personnage encore un peu plus longtemps. Mais non. Sur un coup de tête j'ai mis quelques bricoles dans mon sac, au cas où, et je suis descendu les retrouver dans le salon. C'est là que je le leur ai dit, de but en blanc, sans préambule. J'ai tout de suite perçu dans leurs yeux un mélange d'incrédulité, de tristesse, et de honte, qui laissa rapidement place à la colère. Une colère intense comme jamais je n'avais pu la lire sur leurs visages, déformant leurs traits d'ordinaire si fins et apaisés. A l'instant où ils se sont transformés, des canines pointues sortant de leur bouche, des cornes arquées perçant leur boîte crânienne, des poils recouvrant peu à peu leur corps à mesure que celui-ci grandissait, j'ai su qu'il était trop tard pour moi. Echappant à quelques attaques, contournant la table et slalomant entre les projectiles, j'avais réussi à saisir mon sac, ouvrir la porte à la volée et courir comme un dératé, plus longtemps que jamais, jusqu'à m'effondrer contre un arbre... Aujourd'hui, je peux peut-être les soigner, ou au moins les apaiser... Après une profonde respiration, je m'élance et dévale le flanc de la colline, droit vers ma maison. Je sue à présent à grosses gouttes. Je ne suis pas bien sûr de ce que je m'apprête à faire, mais c'est nécessaire. Seul Dieu sait combien de temps je tiendrai encore dans la rue à ce rythme... Je suis debout sur le paillasson. Je tremble. Je m'en veux d'hésiter à ce moment crucial. M'en veulent-ils toujours ? Je sonne. Les secondes s'écoulent lentement, comme si le temps s'épaississait avec la boule au creux dans mon ventre. Ce n'est pourtant pas si grave d'aimer les hommes... Si ? La porte a dû s'ouvrir mais je suis déjà loin. Je reviendrai demain. Ou après-demain ? Je suis perdu. Dois-je leur faire une lettre, ou leur parler de vive voix ? Je ne sais pas. M'en sortirai-je ? Peut-être pas. _ _ _ Voilà, c'est un sujet qui me tenait particulièrement à cœur même si je l'ai abordé sous un angle particulièrement cru et négatif. J'espère que ça vous aura plus et que ça a sonné juste... |
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 | Sujet: Re: CC n°123  | |
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|  | | | CC n°123 | |
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