Bonjour, je passe en courant d'air participer à ce CC, et miraculeusement finir dans les temps: thèmes 1, 3 et 4
J'avais beau déglutir encore et encore, le goût du fer restait omniprésent dans ma bouche. C'était tout ce à quoi je parvenais à penser, alors que j'avançais péniblement sur le sol brûlé du champ de bataille. Je tâchais de ne pas penser aux cendres que je faisais voler à chacune de mes foulées, mais sans avoir vraiment besoin de m'y forcer. Ce goût qui avait envahi jusqu'à ma gorge était devenue ma seule obsession. Je savais ce qu'il signifiait.
Un gémissement finit par me tirer de ma torpeur et du lent mouvement qui m'animait, et aussitôt mon regard s'alluma de nouveau. Un miracle. Dans cette étendue de feu et de mort, une personne luttait encore elle aussi. Je m'élançai alors à sa recherche, et très vite, je pus distinguer une silhouette, abritée sous un pan de roche, près de là où la terre avait été éventrée. J'ignorai les brûlures qui maculaient son flanc, et m'empressai de me laisser tomber à ses côtés. Ses yeux ne me voyaient qu'à peine, mais sa main serra la mienne avec un désespoir qui fit battre mon coeur un peu plus fort. Il était encore en vie, et avec les soins appropriés, il aurait toutes les chances de s'en sortir. Et pendant ces quelques secondes suspendues, notre espoir mutuel, celui de ne pas être le seul rescapé, et celui d'avoir été secouru, vint éclairer notre situation, comme un rayon de lumière perçant les nuages pour dissiper l'atmosphère pesante qui régnait sur la plaine. Puis la réalité nous rattrapa tous les deux.
Alors que j'avais oublié le goût du fer, penché sur mon compagnon d'infortune, la terre trembla de nouveau, si près que nos cœurs s'arrêtèrent d'un même mouvement. Le monstre se tenait à quelques centaines de mètres seulement, ses ailes déployées, et avant que j'aie le temps d'esquisser le moindre geste, il les abattit en avant. La poussière et les cendres vinrent nous balayer tous les deux, nous ensevelir presque, et il me fallut toutes mes forces pour nous maintenir sous ce misérable pan de roche. Ce fut le cri de l'homme qui me fit rouvrir les yeux. La brume et la poussière s'étaient totalement dissipés. Face à nous se tenait le dragon, de toute sa hauteur, de toute son impitoyable puissance. Il avait écrasé tous les autres, et avant finalement trouvé les quelques rescapés de son souffle mortel. Il était venu terminer ce qu'il avait commencé.
Alors que l'homme commençait à pleurer à mes côtés, la haine vint altérer mon regard, et sans la moindre hésitation, je m'avançai de quelques pas. Je dégainai mon arme et brandit mon bouclier, ignorant le pic de roche qui traversait mon armure au niveau de mon ventre. J'aurais voulu pouvoir réconforter l'homme, lui dire de sécher ses larmes, et que tout espoir n'était pas perdu. Mais moi-même, je savais qu'en me tenant face à ce monstre, je n'avais aucune chance. Au final, c'était peut-être cela, la plus grande bêtise humaine. Celle de croire au salut, quand les anges eux-mêmes nous avaient abandonnés. Celle de se tenir droit et fier, face à un combat perdu d'avance, et une puissance qui nous dépassait. Mais rien de tout cela n'avait d'importance pour moi. Quand le dragon ouvrit sa gueule, je raffermis mes appuis et déglutit une nouvelle fois. Toujours ce maudit goût de sang.
------------------------------------------------------------------------------------------------
Si vous voulez voir ce que j'ai écrit sur le forum, c'est ici!
Mes textes