Encre Nocturne
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11 résultats trouvés pour Amitié-Famille

AuteurMessage
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: La vieille dame du bout de la rue (humour - fantastique) [TP]
Cornedor

Réponses: 11
Vues: 2037

Rechercher dans: Nouvelles   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: La vieille dame du bout de la rue (humour - fantastique) [TP]    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySam 14 Avr 2018 - 14:55
#Amitié-Famille #Surnaturel #Humour

BONJOUR AHDE
Pour la petite histoire :
 


Bref, c'est un gros délire, un test qui n'a pas pour vocation de produire un texte de qualité, mais de me sortir de mes automatismes (perso foncièrement bon, descriptions poussés, etc) AHDE Donc je recherche pas particulièrement des coms détaillés, vous êtes prévenus héhé.



J'ai écrit que le début pour l'instant. J'ai quelques idées pour la suite, mais je sais pas si je le continuerai ; c'est amusant à écrire mais j'ai l'impression que ça ne vaut rien. Donc c'est pas hyper motivant. À voir selon vos retours x)



Partie 1
https://docs.google.com/document/d/1Wp3N1ZtzhDeyu7a22YRY2tM7nY-3Fn-ixwbVzrDRDG4/edit?usp=sharing

Partie 2
https://docs.google.com/document/d/1JqOl0pMV1VCQDrbIibWBUZaiYZBfPM1sr8Ipqp06DNo/edit?usp=sharing

Partie 3 (fin) :
https://docs.google.com/document/d/1W1bEFv0Cpowa6FqaAQ6n6aEP79H8DYjmxy6Jz4SnMz4/edit?usp=sharing
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Confiance
Ippa

Réponses: 4
Vues: 2070

Rechercher dans: Fanfictions   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: Confiance    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptyDim 3 Déc 2017 - 14:38
CONFIANCE




Genre(s)  : #Action - #Amitié-Famille - #Policier-Thriller

Balise d'avertissement [-18]
   --> Contient des scènes de violences explicites
   --> Pourra contenir des scenes de sexe
   --> mention de scenes de torture, guerre, et mort régulière



Résumé :

Mais qui sont ces deux inconnus! En quoi sont-ils lier a notre affaire? Et surtout pourquoi, Bordel, je n'arrive pas a me méfier d'eux!


Lors d'une enquête particulièrement tordu, l'équipe fait la rencontre de Cerys Jones et de son fiancé Mark O'Connor. Tony est en charge des recherches sur eux. Mais rien a faire, il sait qu'ils cachent quelque chose mais pas moyen de trouver quoi. Et pire, pas moyen pour lui de les croire impliqué dans leurs affaires... Pourtant l'italien en est sur, il ne les connaient pas.



Disclamer : NCIS ne m'appartient pas, je ne suis pas payer pour écrire cette histoire.


Sommaire :

Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: [ANCIEN]Notes de Patch que personne ne lit
Alton

Réponses: 339
Vues: 11043

Rechercher dans: Vie administrative   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: [ANCIEN]Notes de Patch que personne ne lit    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySam 16 Sep 2017 - 9:08
Mes salutations les plus clinquantes !

A mon tours de spammer ici comme un sauvage !

Comme vous l'avez sans doute déjà remarqué, une nouvelle liste de genre (sans raton-laveur est apparu) chacun des items de cette listes est un lien vers les sujet appartenant à la liste (au moment ou j'écris seul quelques genres son occupés, mais le peuplement ne saurai tarder ) et puis ça donne une idée de a qui ça sert !

Hee ... T'est gentil Alton ... mais Cooment on apparaît dans la liste ? Hein Hein ... Comment je fais hein !!!!

C'est simple bon ami nocturniens, il suffit de taguer vos texte comme indiquéhttp://www.encre-nocturne.com/t4283-convention-du-forum#46961

La liste de tag pour éviter de se promener à chaque fois là bas

Genre(s) au choix (minimum 1) : #Aventures - #Action - #Fantasy - #Science-fiction-Anticipation - #Romance - #Réaliste - #Amitié-Famille - #Surnaturel - #Policier-Thriller - #Drame-Tragédie - #Epouvante-Horreur - #Humour - #Spirituel-Philosophie

Juste une petite précision : Les tag, en plus d'être assez rigolo pour taguer n'importe quoi #Voilà #Utilité, sont un peu capricieux, du coup si vous votre etiquette n'est pas exactement celle attendue, l'annuaire improvisé ne les reconnaîtra pas (ça compte pour les majuscules)

Ah oui, et si un admin pase dans le coin, il pourra modifier la charte pour virer les accents des tags qui ne sont pas reconnu ?

Comme d'habitude n'hésitez pas à râler si ça ne marche pas, (sinon là c'est un peu moche, je viendrai peaufiner dans la journée là je dois vraiment y aller ... :unjournormal: )

Bonne journée à vous !
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Plus rien ne sera comme avant [-15]
Dragon Dae

Réponses: 7
Vues: 3238

Rechercher dans: Nouvelles   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: Plus rien ne sera comme avant [-15]    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptyVen 12 Mai 2017 - 21:17
#Romance #Amitié-Famille #Drame-Tragédie
Bonjour ! En fouillant mes vieux dossiers pour les 5 ans de EN, j'ai retrouvé ce vieux texte qui date de 2014. Je l'avais écrit pour un cours d'écriture de nouvelles à la fac... Je l'aimais bien, et j'ai bien aimé le retrouver, donc je vous le pose là. J'ai juste changé deux-trois noms, et fait quelques modifications mineures, mais sinon je vous le livre presque brut.
Je le mets en -15 par sécurité, à cause du sujet.

(-)
18 janvier 2027

Alex n’écoutait le cours d’histoire que d’une oreille. Quelle plaie que ce soit un cours obligatoire pour le bac… Lui, ce qui l’intéressait, c’était le dessin, point. Mais son père avait insisté pour qu’il fasse des études normales jusqu’au bac, parce que le dessin, même quand on était doué, ça ne permettait pas de gagner sa vie. Son téléphone vibra brièvement dans sa poche, indiquant l’arrivée d’un message. Il jeta un regard furtif à sa prof pour vérifier qu’elle avait bien le dos tourné, avant de sortir l’objet et de vérifier le message.

Il faut qu’on parle – Clo

Clo, alias Chloé Perrin, sa petite amie. Il haussa un sourcil devant le message – « il faut qu’on parle » n’était jamais bon signe de la part d’une petite amie.

Où et quand ? – A

Midi, devant la bibliothèque – Clo

« Monsieur Cartier ! s’exclama soudain une voix. »

Alexandre sursauta et leva la tête ; sa professeur le regardait d’un air sévère.

« Oui, Madame ?

- Pouvez-vous me dire à quoi correspond cette date ? »

Il reporta son regard sur le tableau derrière Mme Vautrot. 15 novembre 2017.

« C’est la date à laquelle l’avortement a été prohibé en France, madame, avec deux exceptions : si la grossesse pose un danger pour la mère – danger certifié par deux médecins extérieurs à l’établissement devant pratiquer l’avortement – ou s’il y a eu viol, auquel cas la mère doit avoir porté plainte.

- Exact, répondit la prof d’un air décontenancé. »

Alex retint un sourire triomphant – cette date et cette loi, il ne risquait pas de les oublier. Lui-même n’avait que sept ans quand la loi était passée, alors il ne s’était pas beaucoup intéressé ; mais sa belle-mère et sa sœur aînée avaient suivi ça de près. Cathy avait 26 ans à l’époque, et vivait en région parisienne ; elle avait participé à toutes les manifestations pour protester contre cette loi, qui était d’abord passée en Espagne quatre ans avant la France. Et dans les années qui avaient suivi, la famille avait souvent débattu au sujet de cette loi. Alors pour Alexandre, le 15 novembre 2017 était une date aussi célèbre que celle des attentats du 11 septembre.


Le reste du cours se déroula sans encombre, et à l'heure dite Alex retrouva sa petite amie sur le lieu du rendez-vous. Celle-ci faisait les cent pas d'un air anxieux, et se précipita vers lui en le voyant arriver.

« On a un problème, annonça-t-elle sans préambule. »

Vérifiant que personne ne se trouvait dans le couloir, elle sortit de sa poche un bâtonnet de plastique blanc qu'elle lui tendit avant de déclarer :

"Je suis enceinte."

Ces trois mots lui firent l'effet d'une douche froide.

"Merde, lâcha-t-il.

- Je ne te le fais pas dire !

- On est trop jeunes pour avoir un bébé ! s'exclama-t-il d'un ton paniqué.

- Non tu crois ? répliqua-t-elle d’un ton sarcastique. Evidemment qu’on est trop jeunes ! Sauf qu’on n’a pas le choix ! »

Alex s’assit lourdement sur une chaise à proximité.

« Mes parents vont me tuer, murmura Chloé.

- Les miens aussi, acquiesça Alexandre. Et je te parle même pas de ma sœur… »

Rien que d’imaginer la réaction de Cathy quand elle apprendrait que son petit frère avait mis sa copine de 17 ans enceinte, il avait envie d’aller se cacher. Avec leurs 18 ans d’écart, ils avaient évité la typique rivalité fraternelle et la jeune femme avait toujours été un modèle à suivre à ses yeux.

Repensant à la loi, il suggéra :

« Tu pourrais toujours porter plainte pour viol… »

Sa petite amie eut l’air outragée.

« Alors petit a, je refuse de déposer une fausse plainte sur un sujet aussi grave. Et petit b, je porterais plainte contre qui ? Toi ?

- Ou tu pourrais faire de faux certificats comme quoi tu es trop fragile pour avoir des enfants…

- Mais bien sûr, je vais aller voir le médecin de mes parents et celui des tiens, qui ne manqueront pas de tout leur rapporter ! Alex, j’ai besoin que tu te serves de ton cerveau, on a un gros problème là !

- Tu es enceinte de combien ? demanda-t-il d’un ton désespéré.

- Je dirais entre deux et trois mois, répondit Chloé. On a encore un peu de temps avant que ça se voie. »

Alex hocha la tête, perdu dans ses pensées. Qui pourrait bien les aider ?

Il y pensait encore quand il retourna dans sa chambre ce soir-là. L’avantage d’être en internat, c’est qu’il avait jusqu’au week-end avant de devoir rentrer chez lui. Sa belle-mère, Lucie, le connaissait si bien qu’elle arrivait à détecter le moindre problème rien qu’en regardant son visage. Si elle l’avait vu à cet instant, elle ne l’aurait pas lâché avant qu’il ne crache le morceau.

Peut-être même qu’il devrait aller chez sa mère ce week-end… Ses parents s’entendaient si mal qu’ils lui laissaient désormais le choix de chez qui passer le week-end avant de retourner au lycée. Beaucoup moins intuitive que Lucie, sa mère ne saurait même pas qu’il avait un problème. Ça lui laisserait plus de temps avant d’affronter son père et sa belle-mère…

Son portable sonna, interrompant ses réflexions. Par réflexe, il répondit sans vérifier l’identifiant.

« Allô ?

- Allô frangin, c’est Cathy ! »

Il se figea. Merde, merde, merde, Cathy était presque aussi douée que sa mère pour deviner quand quelque chose n’allait pas !

« Alex ?

- Oui, je suis là, répondit-il.

- Ça va ? Tu as une voix bizarre.

- Oui, ça va, mentit-il. J’étais juste en train de repenser au cours d’histoire… La prof m’a interrogée sur la date de la loi contre l’avortement, ça m’a fait penser à toi.

- Tu lui as dit ce que tu en pensais, j’espère ! »

Cathy et Lucie étaient convaincues qu’il partageait leurs vues sur l’avortement ; la vérité était que jusqu’à récemment, il ne s’était pas formé d’opinion définie. Quelque chose lui disait qu’il allait bientôt y remédier, cela dit…

« Non, Cat, c’est un cours d’histoire au lycée, pas un débat. Je peux pas vraiment me permettre de me lancer dans une tirade comme quoi toutes les femmes devraient avoir le droit d’avorter.

- Tu as raison, je ne voudrais pas que ta prof t’enlève des points. Et Chloé, comment elle va ? »

Alex avait invité sa petite amie pour la deuxième semaine des vacances de Noël ; elle avait conquis toute la famille. Le fait qu’elle ne soit pas toujours d’accord avec leurs opinions n’avait pas fait de mal : il y avait peu de choses qui plaisaient davantage aux Cartier et aux Bouquet, la famille de Lucie, qu’un bon débat.

« Elle va bien, merci. Et toi, comment ça va à Paris ? »

Il se garda de lui demander des nouvelles de sa vie amoureuse – rien n’agaçait plus sa sœur que la question « Tu as un petit ami ? » posée à tort et à travers…

Une idée lui vint d’un coup. Cathy militait pour le droit à l’avortement. Cathy était, selon ses propres mots, « pour le droit des femmes à disposer de leur corps »… et Cathy l’avait toujours couvert auprès de leurs parents respectifs quand il en avait besoin. Peut-être qu’elle pourrait les aider, Chloé et lui… Il faudrait qu’il en parle d’abord à cette dernière, mais il y avait soudain une lueur d’espoir à l’horizon.

Il écouta d’une oreille distraite sa sœur raconter sa journée, évaluant les chances que Chloé accepte d’en parler à Cathy – élevées, une grande sœur valait mieux que les parents – et que Cathy, à son tour, accepte de les aider sans en parler à la famille – moyennes, elle pouvait estimer que c’était trop important pour leur cacher.

19 janvier 2027

La première chose qu’il fit à la pause déjeuner fut d’entraîner Chloé à l’écart, avant de lui demander :

« Tu te souviens de ma sœur Cathy ?

- La gentille blonde qui vit à Paris ? Oui, je me souviens, pourquoi ?

- Elle a toujours milité pour le droit à l’avortement, expliqua-t-il, et je pense qu’elle pourrait nous aider. Et Paris est tellement grand, que ça doit être possible de trouver deux médecins qui nous fassent de faux certificats…

- Et tu veux lui dire, déduisit Chloé d’un air sceptique. Elle ne risque pas de nous dénoncer ?

- Elle me couvre toujours quand j’en ai besoin, assura-t-il. »

La jeune fille semblait toujours dubitative.

« Ecoute, Chloé… Tu sais comme moi qu’on ne peut pas avoir un bébé à notre âge. On vivrait où ? Chez mes parents, c’est minuscule, et les tiens n’ont pas assez de place non plus… Et puis on n’a pas la maturité non plus, on est à peine plus que des gamins nous-mêmes ! J’ai 18 ans et toi 17, on est encore au lycée…

- On pourrait toujours le faire adopter… souffla sa petite amie.

- On pourrait, mais tu veux vraiment qu’il grandisse dans un foyer, avec tout ce qu’on entend à ce sujet ? Crois-moi il vaut beaucoup mieux qu’on fasse comme ça… »

A contrecœur, l’adolescente hocha la tête.

« Appelle ta sœur. »

La sonnerie retentit pour signaler le début des cours de l’après-midi, repoussant au soir le moment de téléphoner à Cathy. Lorsque le dernier cours se termina, cependant, le couple se rendit dans la chambre d’Alex pour lui parler ensemble.


Elle répondit à la première sonnerie.

« Alex ? Tu ne m’appelles jamais deux jours de suite à moins d’une urgence… Qu’est-ce qui t’arrive ?

- On a besoin de ton aide, Cathy, annonça-t-il avant de prendre une grande respiration et de poursuivre, Chloé est enceinte. »

Il y eut un long silence à l’autre bout de la ligne, puis, d’une voix beaucoup plus calme, mais aussi beaucoup plus froide, sa sœur déclara :

« Je croyais que Maman et Laurent t’avaient mieux élevé que ça, Alex. Que tu savais qu’il fallait se protéger dans ces cas-là.

- Mais on s’est protégé ! C’est un accident, je sais pas quand ça a pu arriver, mais on a fait attention, je te jure !

- Et vous comptez faire quoi, maintenant ?

- Justement, c’est pour ça qu’on a besoin de ton aide… J’ai pensé que, comme tu dis toujours que les femmes devraient pouvoir avorter librement… Tu pourrais nous trouver un médecin. Sans le dire aux parents – les siens ou les nôtres…

- Passe-moi Chloé, demanda Cathy. »

Alex fit passer le téléphone à l’adolescente à ses côtés, qui répondit :

« Salut, Cathy.

- C’est bien ce que tu veux ? Avorter ?

- On peut pas le garder, de toute façon. Et si je le fais adopter… je crois que je me demanderai toujours s’il est quelque part.

- Je comprends. Bon, voilà ce qu’on va faire. Je vais téléphoner à ma mère pour dire que je vous invite tous les deux chez moi pour le week-end ; de ton côté, tu vas demander la permission à tes parents de venir. Donne-leur mon numéro si ça peut les rassurer.

- Et s’ils demandent pourquoi tu nous invites ?

- Dis-leur qu’une pièce de théâtre que tu étudies en cours joue ce week-end, et que je vous ai invités à venir la voir. »


Par chance, les parents de Chloé furent compréhensifs ; ils connaissaient déjà Alexandre qu’ils appréciaient beaucoup et en qui ils avaient confiance. Après avoir téléphoné à Cathy pour confirmer l’invitation, ils acceptèrent de laisser le jeune couple monter à Paris – à condition qu’ils ne dorment pas dans la même chambre. Condition qui fit rire jaune les amoureux – s’ils savaient que le mal était déjà fait…


De son côté, Cathy avait pris rendez-vous avec sa gynécologue – une amie qui accepterait sans mal de pratiquer un avortement clandestin. Il était hors de question d’emmener Chloé chez un inconnu qui risquait de bâcler le travail, mettant sa santé en danger. Elle avait ensuite prévenu sa mère et son beau-père qu’Alex ne rentrerait pas ce week-end puisqu’il venait chez elle, et préparé la chambre d’amis pour les deux adolescents, en dépit de la condition posée par les Perrin. Après tout Alex ne risquait pas de mettre sa petite amie enceinte une deuxième fois, n’est-ce pas ?


Le couple arriva le vendredi soir, ayant pris le train juste après la fin de leurs cours. Elle attendit qu’ils soient arrivés à l’appartement pour leur annoncer :

« Chloé, tu as rendez-vous demain avec ma gynécologue. Je la connais depuis longtemps, elle partage mes idées et sera ravie d’éviter une adolescente de finir à l’hôpital pour avoir essayé de s’avorter toute seule. Tu auras toute la journée de dimanche pour te reposer et récupérer, avant de retourner en cours lundi. Est-ce que vous avez des questions ?

- Est-ce que je pourrai accompagner Chloé ? demanda Alex. Qu’elle n’ait pas à faire ça toute seule…

- C’est aussi ce que tu veux, Chloé ? »

L’adolescente hocha la tête, l’air angoissé.

« Alors vous n’aurez qu’à le dire à Carmen, ça ne posera aucun problème. »

Se levant, elle déclara :

« Je vous ai préparé la chambre d’amis, vous partagerez le même lit mais je ne veux rien savoir de ce que vous y faites, c’est compris ? Je ne veux pas entendre un bruit. »

20 janvier 2027

Le lendemain matin, Chloé fut incapable d’avaler quoi que ce soit au petit déjeuner. Elle avait beau savoir que c’était la meilleure solution, l’idée de l’avortement la terrifiait. Elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre, mais n’osait pas poser de questions à Cathy. Celle-ci sembla percevoir son inquiétude et lui adressa un sourire rassurant au-dessus de la table.

« Tout va bien ? »

Incapable de dire un mot tant sa gorge était nouée, l’adolescente hocha la tête.

« Ne t’inquiète pas, Carmen – le docteur Elie – ne va pas te manger. »

Cathy hésita un instant avant de poursuivre :

« Je voulais te demander… tu comptes en parler à tes parents ? Je ne vais pas le faire à ta place, ajouta-t-elle quand Chloé se figea. Et je ne vais pas te forcer à le faire non plus. Je pense juste… que c’est quelque chose de trop important pour leur cacher. Je vais aussi encourager Alex à le dire aux nôtres, pour la même raison. Mais je ne dirai rien, parce que ce n’est pas à moi de le faire.

- Ils ne peuvent pas savoir, répondit l’adolescente en secouant la tête. Ni les miens, ni les vôtres… Si Alex le dit aux vôtres, ils se sentiront obligés de le dire aux miens… et je ne supporterais pas le regard de ma mère si elle savait. Et mon père… il serait capable de poursuivre Alex avec un fusil s’il apprenait qu’on couche ensemble, alors lui dire que je suis tombée enceinte… Il ferait probablement une crise cardiaque. »

C’est à ce moment qu’Alex débarqua dans la cuisine, les cheveux ébouriffés et les yeux encore pleins de sommeil. Le contraste avec le sérieux du sujet dont elles parlaient fut si saisissant que Chloé et Cathy éclatèrent de rire, à la grande confusion de l’adolescent.


Le docteur Elie s’avéra être une femme charmante. Elle accueillit les adolescents avec un sourire rassurant lorsqu’ils entrèrent dans son cabinet.

« Asseyez-vous, voyons, dit-elle en les voyant rester debout au milieu de la pièce. Il n’y a pas de quoi avoir peur – je n’ai jamais mangé personne. Alors, poursuivit-elle quand ils furent assis, qu’est-ce qui vous amène ?

- Je croyais… que ma sœur vous avait prévenue, dit Alex d’un ton incertain.

- Je voudrais l’entendre de votre point de vue à tous les deux, répondit la gynécologue sans se départir de son sourire. Prenez votre temps. »

Les adolescents échangèrent un regard, puis Chloé se lança.

« On a eu… un accident. Je sais pas comment c’est arrivé, je prends la pilule pourtant… Et il met un préservatif à chaque fois…

- Parfois un préservatif peut être défectueux sans qu’on s’en rende compte. Il suffit d’un tout petit trou, expliqua le Dr Elie. Et la pilule n’est pas fiable à 100 % - un jour, peut-être, on en inventera une, mais pour l’instant il y a encore une marge d’erreur.

- En tout cas… Chloé est enceinte, reprit Alex. Et on ne peut pas garder le bébé – on n’est pas prêt.

- Et je ne pourrais pas abandonner mon bébé, ajouta cette dernière. Je veux dire, il n’y a rien de mal là-dedans, mais moi… je ne pourrais pas. Seulement l’avortement est illégal… enfin, on connaît les exceptions mais…

- Mais tu n’entres pas dans ces catégories, conclut Carmen. Je comprends. Et toi, Alex ? demanda-t-elle à l’adolescent. Pourquoi es-tu là ? »

Il sursauta, ne s’attendant pas à ce qu’on lui pose cette question. Il tenta de trouver les mots pour exprimer ses raisons.

« Je suis là parce que… On a été deux quand l’accident est arrivé. Ça me paraît normal d’être deux pour arranger les choses. Et parce que… j’aime Chloé, alors je veux la soutenir, parce que je pense qu’elle en a besoin. »

Carmen lui sourit.

« Excellent. Est-ce que l’un de vous a des questions ? Sur l’avortement, ou sur ce qui va se passer ensuite ?

- Est-ce que… ça peut m’empêcher d’avoir un bébé plus tard ? Quand j’en voudrai un ?

- Pas du tout, répondit fermement la gynécologue. Sauf s’il y a des complications, mais je doute que ce soit le cas. J’ai déjà pratiqué ce genre d’interventions.

- Et… combien de temps on devra attendre, demanda Alex, avant de pouvoir recommencer à… »

Il se mordit la lèvre en voyant le regard incendiaire que lui adressait sa petite amie. Et voilà, il savait qu’il n’aurait pas dû poser cette question, maintenant il avait l’air de ne penser qu’au sexe…

« Quand vous serez prêts tous les deux, dit Carmen. Techniquement vous pourriez recommencer juste après être sortis de ce bureau – si vous en aviez tous les deux envie. C’est une question de mental, et pas de physique. Est-ce que vous vouliez savoir autre chose ? »

Chacun secoua la tête.

« Alors je vais vous expliquer ce qui va se passer. Je vais te donner un médicament, Chloé, que tu vas avaler avec un verre d’eau. Ensuite tu iras dans les toilettes que tu vois là-bas, et tu expulseras l’embryon. Ce sera comme avoir tes règles, mais en légèrement plus douloureux. Est-ce que tu comprends ?

- Je comprends, répondit-elle d’une petite voix.

- Est-ce que je peux aller avec elle ? demanda Alex, désireux de se faire pardonner son faux pas précédent.

- Si Chloé est d’accord, oui. »

Il se tourna vers sa petite amie, anxieux.

« Ne m’en veux pas, mais… pour ça, je préfère être toute seule, souffla-t-elle. »

Il fit de son mieux pour cacher sa déception, et hocha la tête. Le docteur Elie sortit donc une petite boîte de son bureau – pas différente, observa l’adolescent, des boîtes d’aspirine vendues dans n’importe quelle pharmacie – avant d’y prendre une pilule qu’elle tendit à Chloé. Elle remplit ensuite un gobelet en plastique qu’elle lui tendit également.

L’adolescente avala le médicament sans regarder le docteur ou son petit ami, -> puis se rendit aux toilettes que lui avait indiquées le médecin en essayant de penser à tout sauf à ce qu’elle était en train de faire.

Son esprit ne cessait de rejouer le moment où Alex avait demandé quand ils pourraient de nouveau faire l’amour. Elle savait qu’il n’avait pas voulu dire ça comme ça – qu’il voulait savoir comment éviter de la blesser – mais elle n’arrivait pas à se débarrasser du ressentiment qui avait pris place en elle. C’était facile pour lui, après tout. Tout ce qu’il avait à faire, c’était être là, et garder le secret. C’était elle qui devait expulser un fœtus de son ventre… qui devait souffrir le martyr dans des toilettes froides et impersonnelles.

Assise sur le siège de porcelaine blanche, pliée en deux par la douleur, elle se mit à sangloter, la tête dans ses mains.


De son côté, dans le cabinet du docteur, Alex écoutait les sanglots provenant des toilettes et se sentait misérable. Il aurait voulu aller trouver Chloé, essayer de la consoler, lui dire que tout irait bien… Mais elle ne voulait pas qu’il soit là. Elle voulait être seule, et il devait respecter ça. Il repensa à ce que Cathy lui avait glissé, ce matin-là :

« Un truc comme ça, ça peut détruire ton couple ou le renforcer. Et ça va dépendre autant d’elle que de toi. Respecte-la, et fait attention à ce qu’elle veut. Si elle te dit non, pour n’importe quoi, c’est non. C'est valable tout le temps, bien sûr, mais c'est encore plus important maintenant. N’insiste pas, et si tu es blessé, NE LUI MONTRE PAS. Tu vas marcher sur un fil raide, Alex, dans les jours à venir. Garde ça en tête. »

Quelques minutes plus tard, un bruit de chasse d’eau retentit et Chloé sortit des toilettes, les yeux rouges mais secs. Le docteur Elie ne fit aucun commentaire, se contentant de l’examiner – derrière un rideau, à la demande de l’adolescente – pour vérifier que tout avait été expulsé, avant de les reconduire dans la salle d’attente où les attendait Cathy.


Ce soir-là, Chloé partit se coucher sans dîner, prétextant qu’elle n’avait pas faim. Quand Alex vint la rejoindre, contrairement à la nuit précédente, elle ne se blottit pas dans ses bras, maintenant au contraire la plus grande distance possible entre eux. C’est alors que l’adolescent comprit exactement ce que Cathy avait voulu dire.

Il n’était pas sûr de ce qui se passerait dans les prochains jours, semaines, et mois – s’ils finiraient ou non par le dire à leurs parents ; s’il allait perdre sa petite amie ou pas. Il n’était sûr que d’une seule chose : quoi qu’il arrive, plus rien ne serait comme avant.
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Chant des loups
Lame37

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Vues: 5860

Rechercher dans: Poésies   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: Chant des loups    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptyVen 3 Fév 2017 - 19:45
Bonjour, voici comme promis mon premier poème

#Amitié-Famille - #Spirituel-Philosophie

Chant des loups

Si un jour d’aventure,
Tu te retrouves dos au mur.
Si tu deviens solitaire,
Eh, tu n’es pas seul sur terre.
Il y a notre groupe,
Alors rejoins la troupe.
Tu peux réécrire ton destin
Pour plus tard mourir serein.

On est une bande de loups,
On s’entraide jusqu’au bout.
On n’est pas des chiens,
On trace notre chemin.
En famille, en commun,
On est tous là liés par le destin.
On chante ensemble à la lune,
À la lueur, notre meute ne fait qu'une.

Qu’importe ta couleur,
Il n’y a que ton for intérieur.
C'est ce que tu as sur le cœur qui compte,
Ascendance, courage, douleur, honte.
Donc, si tu es méprisant ou trop sauvage,
Tel un loup noir, tu finiras seul en cage.
Mais, si tu es solidaire et dominant,
Tu feras un parfait loup blanc.

Et pour ceux qui sont autres,
Il y a les loups gris, les neutres.
Peu importe les différences,
Allez viens, entre dans la danse.
Qu’importe pourvu que ça vaille le coup,
On est une vraie horde de loups.
Puisque l’humain est un loup pour l’homme,
On hurle tous à la lune en somme.

Il faut se méfier du loup,
Qui dort en chacun de nous.
Sache que ce monde de fous,
Est comme entre chien et loup.
Entre le jour et la nuit,
Tu dois choisir ta fratrie.
Et sache que les loups gris
T’offrent une nouvelle vie.

Ancienne version:
 
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: TOUT IRA BIEN [-12]
Dragon Dae

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Rechercher dans: Nouvelles   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: TOUT IRA BIEN [-12]    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptyMer 21 Déc 2016 - 15:02
Bonjour ! Je poste ce texte dans l'espoir d'avoir des retours, avant de le soumettre à un appel à textes. S'il est retenu, je supprimerai le sujet puisque le texte sera publié dans un recueil.
J'ai mis une balise -12 parce que même si ça ne me semble pas nécessiter une -15, je ne le mettrais pas en tout public non plus.
Pour les intéressés, l'AT s'appelle TOUS AUX ABRIS et dure jusqu'au 31 décembre.


#Drame-Tragédie #Amitié-Famille #Réaliste

***

TOUT IRA BIEN

Ce fut le comportement du chien qui alerta d'abord Marie. Dionysos – non mais sérieux, qui appelait son chien Dionysos ? La jeune femme ne savait toujours pas ce qui était passé par la tête de sa mère – hurlait à la mort au milieu du jardin. Il n'était pas rare d'entendre le vieux cocker aboyer – la maison était située en bordure de forêt, et le chien donnait souvent de la voix quand il sentait l'odeur d'un sanglier ou d'un renard. En dépit de sa race, il n'avait pas été dressé pour la chasse, mais ça n'empêchait pas Dionysos de faire fuir les animaux sauvages !

Cela dit, ce que Marie préférait chez le chien, c'était son côté doux comme un agneau. Malgré son vieil âge, et bien que d'une race souvent considérée comme caractérielle, c'était un véritable aimant à enfants. Eux ne voyaient qu'une grosse peluche au bout d'une laisse, et ne perdaient pas une occasion de demander à le caresser.  De temps en temps, la jeune femme faisait une surprise à son frère et emmenait Dionysos quand elle partait le récupérer à l'école. Max n'était jamais aussi fier que quand ses amis admiraient le cocker et le couvraient de câlins. Et le chien était loin de se plaindre, à en juger par la façon dont sa queue fouettait l'air – et le nombre d'enfants qui se faisaient récurer le visage !

Quoi qu'il en soit, c'était la première fois que Marie entendait l'animal hurler ainsi à la mort. S'interrompant dans son rangement, la jeune femme se dirigea vers la baie vitrée, rejointe par Max. Celui-ci avait également entendu Dionysos, ce qui l'avait poussé à sortir de sa chambre.

« Pourquoi il hurle comme ça ? demanda le garçon. On dirait qu'il a mal...

- Je ne sais pas, répondit-elle. Je vais aller le voir, peut-être que je peux le rassurer. »

Elle ouvrit la baie vitrée et fit quelques pas dehors. Un mouvement dans la périphérie de son champ de vision lui fit lever la tête : une nuée d'oiseaux volait au-dessus du jardin, semblant s'éloigner des arbres. La jeune femme commençait à s'inquiéter ; quelques oiseaux dans le ciel, ça n'avait rien d'exceptionnel, mais des dizaines à la fois ? Et qui allaient tous dans la même direction ? Elle n'était pas une experte en zoologie, mais elle en savait assez pour savoir que ce n'était pas normal. Plusieurs scénarios de film-catastrophes lui vinrent en tête, et elle regarda autour d'elle à la recherche d'une tornade. Mais il n'y avait pas de rafales de vent particulièrement fortes, encore moins un cyclone capable d'emporter une maison. Pas de fumée non plus, ce qui excluait un feu de forêt – moins impressionnant, mais tout aussi dangereux qu'une tornade, surtout pour leur maison en bordure du bois.

Est-ce que c'était son imagination, se demanda-t-elle en baissant les yeux, ou est-ce que le sol gonflait par endroits ? Marie sentit alors une légère secousse.

Et merde, pensa-t-elle. J'aurais préféré un feu de forêt ; il aurait suffi de rejoindre le centre-ville. Quelle était la marche à suivre en cas de tremblement de terre, déjà ? Elle avait appris ça par cœur, à une époque... Si elle avait bonne mémoire, il fallait se mettre dans la plus petite pièce possible. Dans leur cas, c'était les toilettes, mais il y avait une fenêtre. Si elle se cassait, ils allaient se retrouver couverts de bouts de verre. La buanderie, alors ? Si elle pouvait dévisser l'ampoule assez vite, ils ne risqueraient pas les coupures. La jeune femme voulut faire volte-face, mais une pensée la frappa. Elle ne pouvait pas laisser Dionysos dans le jardin en plein tremblement de terre. Un arbre pouvait lui tomber dessus, ou il pouvait s'enfuir et avoir un accident... Le jardin était bien clôturé, justement pour éviter les fugues, mais avec le séisme, le grillage risquait d'être fragilisé.

« Dionysos, appela-t-elle. Viens, mon chien. »

L'animal cessa de hurler et tourna la tête vers elle. Marie répéta l'ordre.

« Viens, on rentre ! Viens te mettre à l'intérieur ! »

Le chien ne bougea pas, se contentant de l'observer. La jeune femme pesta intérieurement. Qu'est-ce qui pourrait bien inciter le cocker à la suivre ? Du fromage, pensa-t-elle soudain. Il adore le fromage. Elle hésitait cependant à le quitter des yeux ; elle avait la sensation irrationnelle que si Dionysos sortait de son champ de vision, ou qu'elle n'arrivait pas à le faire rentrer, il arriverait une catastrophe. Sans se retourner, elle lança à son frère :

« Max. Va dans la cuisine chercher le roquefort, et ensuite va dans la buanderie. Quand tu seras là-bas, appelle le chien en lui promettant du fromage.

- Pourquoi ? demanda le garçon. Tu vas faire quoi, toi ?

- Je vais surveiller qu'il ne se sauve pas, répondit-elle. »

Ce n'était qu'une demi-vérité, mais la jeune femme ne voulait pas faire paniquer l'enfant en lui annonçant que c'était un tremblement de terre. Après quelques secondes – qui s'écoulèrent comme des heures aux yeux de Marie – la voix du garçon retentit à l'intérieur de la maison.

« Dionysos, fromage ! »

Max eut même la présence d'esprit de secouer le paquet de croquettes pour faire bonne mesure. La jeune femme faillit pleurer, cependant, quand le chien resta planté au même endroit. Sans perdre une seconde, elle se pencha et l'attrapa par son harnais. Ignorant les protestations de l'animal, Marie commença à le traîner vers la maison. Allez savoir combien de temps il leur restait avant les premières grosses secousses ; elle ne pouvait pas prendre le risque d'attendre qu'il bouge de lui-même.

Lorsqu'elle arriva enfin à rejoindre son frère dans la buanderie, la jeune femme lui demanda :

« Max, ferme toutes les portes. Celle de la cuisine, celle de la salle de bains des parents, et celle de leur chambre. Il ne faut pas que Dionysos puisse s'en aller.

- Qu'est-ce qui se passe, Marie ? demanda le petit garçon.

- Il y a un tremblement de terre qui arrive, répondit-elle. Et pour que les animaux réagissent comme ça, ça doit être un gros. »

Comme pour prouver ses dires, un miaulement se fit entendre dans son dos. Le chat, qui habituellement ne supportait pas la présence de Dionysos, était blotti dans sa cage, entre la machine à laver et le sèche-linge. Le félin les regardait avec de grands yeux jaunes.

« C'est vrai que tu es là, toi, dit Marie. Heureusement que le vétérinaire t'a privé de sortie pendant une semaine, parce que j'aurais été bien en peine de te trouver. Je me demande pourquoi maman a mis ta cage ici, par contre...

- Il aurait été mieux dans le salon, dit Max en revenant, sa tâche accomplie. Il aurait été avec tout le monde, comme ça.

- Je sais, acquiesça la jeune femme. Mais on ne peut pas vraiment se plaindre, pas vrai ? S'il avait été dans le salon, il serait resté tout seul pendant le tremblement de terre. Trop dangereux d'aller chercher sa cage... »

Dionysos se coucha sur le sol, fixant le chat. Marie s'assit à son tour, adossée au mur, et fit signe à son frère d'en faire autant.

« Il ne faut pas qu'on sorte de là avant que le séisme soit fini, dit-elle. Autant dire qu'on en a pour un moment, alors autant s'asseoir.

- Et papa et maman ? demanda soudain le petit garçon. Comment ils vont faire pour se mettre à l'abri du tremblement de terre ?

- Maman est à l'école, dit Marie d'un ton rassurant. Les gens qui travaillent là-bas reçoivent une formation, pour gérer ce genre de problème. Et les écoles sont toujours construites avec des endroits sûrs où se réfugier, c'est obligatoire.

- Mais papa, il n'est pas à l'école. Il est dans la rue, il relève des compteurs. Comment il va se mettre en sécurité ?

- Il va sonner chez les gens, et demander s'il peut rester chez eux en attendant que ça passe, répondit-elle. Il y aura forcément quelqu'un pour lui ouvrir, personne ne va le laisser dehors pendant un tremblement de terre. Ne t'inquiète pas, maman et ton papa iront bien. »

En tout cas je l'espère, ajouta-t-elle intérieurement, tandis que les secousses augmentaient en intensité.

***

Marie ne savait pas depuis combien de temps ils étaient là. Le sol continuait de trembler, plus fort à chaque secousse. Max ne cessait de jeter des regards au plafond, comme s'il craignait qu'il s'effondre sur eux. De son côté, la jeune femme se repassait en boucle tous les reportages télévisés qu'elle avait vus, sur de graves séismes dans différentes parties du globe. S'ils se retrouvaient ensevelis, combien de temps faudrait-il pour qu'on vienne les chercher ? Est-ce qu'ils ne mourraient pas de faim ou de soif d'abord ? Pour la faim, il y avait toujours les croquettes et la pâtée des animaux – qui auraient un goût immonde, mais si c'était une question de vie ou de mort... Mais pour la soif ? Même si l'accès à la salle de bains des parents n'était pas bloqué, la tuyauterie ne marcherait sûrement plus...

Une autre idée lui parvint, guère plus rassurante : Et si personne ne venait les chercher, parce que personne ne savait qu'ils étaient là ? Après tout, elle ne savait pas si sa mère s'en était sortie, ni son beau-père. Si aucun des deux ne survivait, ou n'était en état de faire savoir qu'ils étaient là, personne ne saurait qu'il y avait deux personnes à sauver ici... Ils pourraient rester coincés sous les gravats pendant des jours, mourant lentement de soif... Ou est-ce qu'ils mourraient étouffés d'abord ? Qu'est-ce qui venait en premier, la déshydratation ou le manque d'oxygène ?

Marie fut tirée de ses pensées lugubres par la question de Max.

« Quelle heure il est ?

- Je ne sais pas, répondit-elle.

- Tu peux pas regarder sur ton portable ? »

Ce n'était pas la première fois qu'il lui demandait d'utiliser son téléphone. Jusqu'ici la réponse n'avait pas changé.

« Je préfère économiser la batterie, au cas où il y aurait une urgence, expliqua la jeune femme pour ce qui lui sembla la centième fois.

- Mais ça utilise pas beaucoup de batterie de regarder l'heure !

- C'est vrai, dit-elle. Mais je te connais ; si je le fais une fois, tu voudras que je le fasse à chaque fois. Donc un peu de batterie, plus un peu de batterie, plus encore un peu de batterie, ça s'accumule, tu comprends ? Et de quoi on aura l'air, après, si on a besoin d'appeler les secours, et qu'il n'y a plus de batterie parce qu'on voulait vérifier l'heure ?

- Les secours ? Pourquoi on aurait besoin d'appeler les secours ? Tu as dit qu'on devait juste attendre la fin du tremblement de terre !

- Parce que plus les secousses sont fortes, plus la maison risque de s'effondrer, au moins en partie, répondit-elle. Et si on se retrouve bloqué, il faudra bien appeler les secours pour qu'on nous sorte de là. »

Max resta silencieux quelques minutes, puis dit d'une petite voix :

« Je voudrais que maman soit là... »

Jetant un regard à son frère, Marie s'aperçut que celui-ci pleurait. Apparemment, elle ne fut pas la seule à s'en rendre compte ; Dionysos, qui était resté silencieux jusqu'à maintenant, se leva pour aller donner de grands coups de langue au petit garçon. Le chat, jusqu'à présent tapi dans l'ombre, se plaça de façon à poser ses yeux perçants sur la jeune femme. On aurait dit qu'il lui adressait un regard de reproche.

Génial, pensa-t-elle. Même les animaux m'en veulent. Elle prit une grande inspiration et essaya de répondre avec patience.

« Moi aussi, je voudrais qu'elle soit là. Et si je pouvais le faire sans gaspiller la batterie, je lui téléphonerais pour être sûre qu'elle va bien. Mais c'est important de l'économiser. Est-ce que tu comprends pourquoi ?

- Non, avoua Max en reniflant.

- Alors je vais mieux t'expliquer. Mais je veux que tu me promettes de ne pas paniquer, d'accord ? Si je te traite comme un grand, il faut que tu te comportes comme un grand.

- C'est promis, jura l'enfant en s'essuyant le nez avec sa manche. »

Marie préféra ignorer les mauvaises manières ; ce n'était pas le moment de lui faire la leçon pour ça.

« Tu as déjà vu à la télé, les reportages sur les gros tremblements de terre ?

- Un peu, dit le garçon.

- Tu te souviens, parfois les maisons s'effondrent et les gens restent coincés dessous plusieurs jours ?

- Oui, et les secouristes viennent les chercher.

- C'est ça ; mais parfois, ils ont du mal à trouver où sont les gens. Donc, si la maison s'écroule comme dans les reportages, il faut que je puisse appeler les pompiers, pour leur dire où nous chercher. On n'avait pas prévu qu'il y aurait un tremblement de terre, tu comprends ; donc on n'a pas pu stocker de l'eau ou de la nourriture au cas où on resterait coincé. Et si on est dans un espace très petit, l'air ne pourra pas se renouveler assez vite. Donc si on reste trop longtemps sans que quelqu'un vienne nous chercher, on ne pourra pas boire, et au bout d'un moment, pas respirer. C'est pour ça qu'il faudra que j'appelle les secours, dès que tout sera fini. Tu comprends maintenant ? »

Les yeux écarquillés, l'enfant hocha la tête.

« Oui. Pardon de t'avoir demandé d'utiliser ton portable. »

En voyant la peur dans le regard de son demi-frère, la jeune femme regretta de lui avoir parlé si franchement. Elle tenta de le rassurer.

« Tu sais, il y a peu de chances qu'on en arrive là. C'est juste au cas où ; si ça se trouve, quand le tremblement de terre sera fini, on pourra sortir et on ira retrouver maman à l'école !

- Et on ira boire du chocolat chaud ?

- Oui, du chocolat chaud bien sucré, si ça peut te faire plaisir, promit Marie. On emmènera même Dionysos. »

Alors qu'elle finissait sa phrase, une nouvelle secousse se fit sentir, plus forte que jamais. Et merde, pensa la jeune femme. Je commençais juste à rassurer Max... Terrifié, le petit garçon se jeta dans les bras de sa sœur. Celle-ci le serra très fort contre elle, cachant le visage de l'enfant dans son cou.

« Tout va bien, murmura-t-elle. Tout va bien, c'est bientôt fini... »

Tu n'en sais rien, susurra une voix perfide dans sa tête. Un tremblement de terre, ça peut avoir des répliques pendant plusieurs heures. Si ça se trouve, vous serez encore là demain matin... Elle pouvait difficilement avouer ça au petit garçon effrayé, cela dit, n'est-ce pas ?

À cet instant, un bruit sourd retentit derrière la porte de la cuisine ; un bruit qui ressemblait à celui d'une chute. Il fut suivi de plusieurs autres, tous similaires. Max releva la tête, et échangea un regard alarmé avec sa sœur. La maison était-elle en train de s'effondrer ?

Marie attendit la fin de la secousse pour aller ouvrir la porte. Celle-ci s'avéra impossible à pousser, et la jeune femme jura mentalement. L'éboulis s'était produit juste derrière ; il n'y aurait aucune issue possible de ce côté-là. Elle se retourna vers son frère.

« La porte est bloquée, dit-elle. Je pense qu'une partie des murs s'est effondrée.

- Pourquoi forcément les murs ? Le plafond aussi a pu tomber.

- Le plafond n'est pas assez épais pour bloquer complètement la porte, expliqua l'aînée. Non, c'est sûrement les murs. Ou alors un meuble qui s'est renversé, mais vu le bruit que ça a fait, je pense plutôt aux murs.

- Comment on va sortir, alors ? demanda Max.

- On n'en est pas là, répondit-elle. Pour l'instant on est plus à l'abri ici que dehors.

- Oui mais quand ce sera fini ?

- Je ne sais pas, avoua Marie. Ça dépendra de l'état de la maison. Si on peut atteindre une fenêtre, je te ferai la courte échelle pour sortir. Sinon, il faudra qu'on attende que quelqu'un vienne enlever les débris. »

Le ton péremptoire de son aînée réduisit l'enfant au silence. Quand elle réalisa que les animaux ne s'étaient pas fait remarquer depuis un moment, la jeune femme jeta un regard en direction du chat. Celui-ci était presque invisible, dissimulé dans l'ombre de sa cage. Max regarda dans la même direction.

« Tu crois pas qu'on pourrait faire sortir Neo de sa cage ? demanda-t-il. Il risque pas de se sauver, tout est fermé...

- Il vaut mieux qu'il reste là, refusa Marie. L'idée, c'est de se mettre dans l'espace le plus petit possible. Tu trouveras difficilement plus petit que sa cage, dans la buanderie. À moins de l'enfermer dans le lave-linge, plaisanta-t-elle. Et Dionysos, il est où ? »

Elle regarda autour d'elle, et trouva le cocker allongé entre le lave-linge et le sèche-linge. Le vieux chien avait les yeux fermés et semblait assoupi. L'enfant plaça les poings sur ses hanches dans une imitation de leur mère, incrédule.

« Mais comment tu fais pour dormir dans un moment pareil, toi ? Tu devrais pas être complètement affolé, comme tout à l'heure ?

- Des fois, je m'interroge sur l'instinct de survie de ce chien, commenta Marie. »

Une lueur d'espoir traversa le regard de son frère.

« Si ça se trouve, ça veut dire que c'est fini et qu'on peut sortir ? »

Comme pour lui répondre, le sol recommença à trembler. Le visage de l'enfant s'assombrit.

« Ou pas, conclut-il tristement. »

Une main sur le mur, pour ne pas perdre l'équilibre, la jeune femme commença à le rejoindre à petits pas.

« C'est bizarre, dit-elle. Je ne sais pas si c'est parce que je suis debout, mais j'ai l'impression que ça tremble moins fort que la dernière fois... Pas beaucoup, hein, mais un peu.

- Tu crois ? demanda le petit garçon avec espoir.

- Attention, je ne dis pas que c'est la dernière ou même qu'on approche de la fin, avertit Marie. Je me trompe peut-être, d'ailleurs. C'est juste une...

- Attention ! »

Elle s'immobilisa, juste à temps pour voir un gros morceau de plâtre tomber devant ses pieds – à l'endroit où elle se serait trouvée si elle avait fait un pas de plus. Levant la tête, la jeune femme remarqua une série de fissures dans le plafond et grimaça. Ça allait rendre l'attente plus dangereuse, ça.

« Bon, dit-elle. À partir de maintenant, on ne bouge plus d'ici. On reste assis là jusqu'à ce que tout soit fini. »

Le petit garçon hocha la tête, et vint se blottir contre elle quand elle s'installa à côté de lui. La jeune femme lui déposa un baiser sur les cheveux.

« Ne t'inquiète pas, dit-elle. Je suis sûre qu'il n'y en a plus pour longtemps. »

***

Plus pour longtemps, mon œil, pensa-t-elle une heure plus tard, tandis qu'une énième réplique ébranlait la maison. Pendant ce laps de temps, ils avaient pu établir que les secousses étaient de plus en plus espacées ; mais le délai augmentait de façon infime à chaque fois, si bien qu'il était impossible de savoir quand ça s'arrêterait pour de bon.

« Marie, j'ai faim, annonça Max d'une petite voix. »

L'aînée ferma les yeux, se retenant de lever les bras au ciel en demandant pourquoi moi. La maison s'effondrait autour d'eux tellement le sol tremblait fort, le moindre pas hors de leur abri de fortune risquait de leur valoir un morceau de plafond sur le crâne, et lui, il se plaignait d'avoir faim.

« Tu trouves vraiment que c'est le moment ?

- Mais c'est vrai !

- Je ne dis pas le contraire, mais je n'y peux rien. Je ne sais pas faire apparaître de la nourriture par miracle, tu vois. Par contre, si toi tu connais un tour de magie, ça m'intéresse, plaisanta-t-elle.

- Non, mais... Il y a des biscuits dans le couloir... »

Cette fois, Marie dut réprimer l'envie de se frapper la tête contre le mur.

« Je suppose que tu parles du couloir où j'ai failli me faire assommer par le plafond en train de tomber ? Ce couloir ?

- Mais on n'a pas vu d'autres morceaux tomber depuis ! Et j'ai vraiment faim ! »

Pourquoi fallait-il qu'il ait faim maintenant, se lamenta mentalement la jeune femme.

« Il y a une heure, j'ai dit qu'on ne bougeait plus d'ici tant que le tremblement de terre ne serait pas fini. Est-ce que tu as l'impression que c'est fini ? »

L'enfant se renfrogna et marmonna quelque chose qui ressemblait beaucoup à j'avais pas faim, il y a une heure.

« Je peux y aller si tu as peur, proposa-t-il avec un sourire en coin. »

Marie réprima un sourire amusé. Est-ce que le petit garçon venait vraiment de tenter ça sur elle ?

« Ça marche peut-être avec les autres enfants, ce genre de défi, mais pas avec moi, répondit-elle calmement. Je te propose un marché : si tu attends la fin de la secousse, j'irai voir ce que je trouve dans la boîte à biscuits. Mais pour l'instant, tu ne vas pas les chercher, c'est trop dangereux. Est-ce que ça te va ?

- Oui, Marie, dit l'enfant d'un ton docile. »

Trop docile, estima la jeune femme en étrécissant les yeux. Ça cachait quelque chose, ça ; Max ne renonçait jamais aussi vite quand il voulait quelque chose.

Effectivement, quelques instants plus tard, le garçon se leva d'un bond et partit en courant dans le couloir, avant que sa grande sœur n'ait le temps de l'attraper. Étouffant une envie de l'étrangler, la jeune femme se leva à son tour. Avant qu'elle ne puisse le rejoindre, cependant, Max revint, les bras chargés de nourriture et un sourire jusqu'aux oreilles malgré la secousse qui le faisait vaciller sur place.

Marie croisa les bras sur sa poitrine, une expression sévère sur le visage.

« Je croyais qu'on avait passé un marché. Je t'avais promis d'aller chercher des biscuits à la fin de la secousse, tu ne pouvais pas attendre un peu ?

- Si, répondit-il joyeusement. Mais je t'ai obéi ; je suis allé chercher des compotes à boire, pas des biscuits ! »

Effectivement, les bras du garçon étaient chargés de compotes. La jeune femme dut réprimer son amusement devant cette démonstration de rhétorique. Il avait raison, ses paroles pouvaient être interprétées comme ça ; son frère ne manquait pas d'intelligence. Cependant, il fallait qu'il comprenne que ce qu'il venait de faire était dangereux.

« Ne te fais pas plus bête que tu ne l'es, dit-elle fermement. Je sais que tu avais très bien compris ce que je voulais dire. C'est trop dangereux d'aller dans le couloir en pleine secousse, maintenant que le plafond peut s'effondrer.

- Mais il s'est pas effondré, donc tout va bien ! conclut gaiement Max avant de s'asseoir. »

Marie cligna des yeux, incrédule. Est-ce que son frère venait vraiment d'ignorer sa réprimande ? C'était une première, ça. Bouder, désobéir, oui ; ça lui arrivait souvent, même – il avait huit ans, après tout. Mais il n'avait encore jamais complètement ignoré les adultes quand il se faisait gronder.
Encore sous le coup de la surprise, la jeune femme observa l'enfant ouvrir une compote et commencer à la boire. Quelques secondes plus tard, cependant, elle se secoua.

« Maxime Lucas Bertrand ! »

Max sursauta, lâchant son butin au passage. Sa sœur ne l'appelait jamais par son nom complet.

« Quand je te dis de ne pas aller quelque part, tu ne t'amuses pas à jouer sur les mots, tu n'y vas pas ! Le plafond ne s'est pas effondré, tant mieux, mais tu n'avais aucun moyen de le savoir en y allant ! Tu te rends compte que tu aurais pu te faire assommer ? Ou pire ? En recevant un bout de plafond sur la tête au mauvais angle, tu peux très bien te faire tuer ! »

Le petit garçon la regardait avec des yeux écarquillés. Même en l'entendant crier, le chien ne s'était pas réveillé, remarqua-t-elle distraitement. Elle soutint le regard de son frère pendant quelques instants, puis l'enfant baissa la tête.

« Pardon, Marie, murmura-t-il d'un ton penaud. Je le ferai plus. »

Un trémolo dans la voix de son frère alerta la jeune femme qu'il était sur le point de pleurer. Elle s'adoucit, et s'assit à côté de lui avant de l'attirer dans ses bras.

« Excuse-moi d'avoir crié, dit-elle. Mais tu m'as fait très peur en allant là-bas comme ça, tu comprends ? Qu'est-ce que j'aurais fait, si tu t'étais fait assommer, moi ? Je ne peux pas appeler les pompiers pour t'emmener à l'hôpital, ils ne viendront pas tant que ce n'est pas fini. Et je n'ai rien ici pour te soigner si tu es gravement blessé.

- Pardon, répéta le petit garçon d'une voix étouffée. J'avais faim et je voulais pas attendre...

- Je comprends, dit la jeune femme en lui caressant les cheveux. Et toi, tu comprends pourquoi j'ai eu peur ? »

L'enfant hocha la tête, et s'apprêtait à répondre quand un énorme bruit sourd, accompagnant la fin de la secousse, les fit soudain sursauter. Le chat se remit à miauler, comme s'il était blessé.

« Neo ? Qu'est-ce qu'il y a, mon grand ? demanda Max. »

Il s'accroupit devant la cage, et ouvrit la grille pour vérifier s'il ne s'était pas fait mal. À peine la porte ouverte, le félin partit en courant en direction de la chambre de leurs parents, poussant la porte mal refermée, et disparut.

« Neo ! appela Max d'un ton inquiet. »

Il se tourna vers sa sœur :

« Pourquoi il est parti ? C'est dangereux là-bas !

- On va agiter son paquet de croquettes, ça va le faire revenir, dit-elle d'un ton qui se voulait rassurant. Tu sais bien que c'est un goinfre, ce chat. Il ne résiste jamais à l'appel de la nourriture. »

La jeune femme se rapprocha du lave-linge et tendit le bras, attrapant la nourriture de Neo avant de la secouer légèrement. Elle regarda en direction du couloir, mais le félin ne réapparut pas. Elle remua plus vigoureusement la boîte, sans résultat.

Au même moment, une nouvelle secousse se fit sentir, accompagnée de la chute de plusieurs morceaux de plâtre.

« Je vais le chercher, dit Max.

- Ça ne va pas la tête ? Tu restes ici ! »

Le garçon sembla hésiter, jusqu'à ce qu'un miaulement retentisse dans la chambre. Cette fois l'enfant partit comme une flèche dans cette direction, ignorant les appels de sa sœur.

« Et merde ! jura la jeune femme. Je peux pas le laisser tout seul, maman ne me le pardonnera jamais s'il lui arrive quelque chose... »

Maudissant l'inconscience de son cadet, Marie s'élança à son tour vers la chambre de leurs parents, slalomant pour éviter les débris qui tombaient du plafond. Ouvrant grand la porte, elle trouva son frère allongé devant le lit. Les fesses tournées vers le haut, la partie supérieure du corps cachée sous le meuble, il essayait de convaincre le chat de sortir.

Incapable de se retenir, la jeune femme envoya un coup de pied bien senti dans le derrière exposé.

« Ouille ! »

Maxime, en sursautant, s'était cogné la tête contre le sommier.

« Sors de là tout de suite, intima sa sœur aînée. Je peux savoir ce qu'il te prend ?

- J'essaye d'attraper Neo ! répondit l'enfant sans bouger de sa position.

- Même si tu réussis, il est tellement paniqué qu'il va juste te griffer les mains et les bras, jusqu'à ce que tu le lâches. Neo ne risque rien sous le lit ; nous, par contre, on ne peut pas en dire autant !

- Pourquoi lui, il risque rien et pas nous ? C'est pas logique ce que tu dis ; ça devrait être pareil pour tout le monde !

- Parce que lui, il peut rentrer complètement sous le lit et se faire tout petit. Toi, tu arrives à peine à y ramper – et la moitié de ton corps ne passe pas ! Et moi, je suis trop grande ne serait-ce que pour y passer autre chose que ma tête.

- Mais... »

Fatiguée d'argumenter, Marie se pencha en avant, agrippa les chevilles de son frère, et tira brusquement pour le sortir de là.

« Hé !

- Vu que tu ne veux pas sortir tout seul, il faut bien que je te fasse sortir moi-même !

- Arrête ! »

Il commença à se débattre, agitant les jambes pour se dégager ; s'il donnait un coup de pied à sa sœur au passage, ce serait juste un bonus. Marie avait la force d'une adulte, cependant, ce qui lui donnait un avantage sur le petit garçon. Elle mit plus de temps, mais elle finit par réussir à l'extirper de sous le lit. Elle lui lâcha les jambes avec l'intention de lui saisir le poignet pour le relever ; mais l'enfant s'avéra plus rapide. En effet, elle avait à peine relâché sa prise qu'il retournait sous le lit, passant cette fois les jambes en même temps que les bras, pour qu'elle ne puisse plus les attraper. Marie commença à paniquer, luttant pour garder l'équilibre malgré les secousses.

« Tu vois que je rentre complètement ! dit-il d'un ton triomphal.

- Je vois surtout que tu nous mets encore plus en danger en t'obstinant à rester ! s'énerva la jeune femme. Alors maintenant tu vas me faire le plaisir de sortir de là et de revenir avec moi dans la buanderie !

- Quand j'aurai récupéré Neo ! s'obstina le petit garçon d'une voix étouffée. »

Marie leva les bras au ciel, implorant quiconque l'écoutait à cet instant de lui accorder la patience. Ce fut le moment que choisit le chat, dérangé par les tentatives du petit garçon de l'attraper, pour sortir du lit et sauter vers un autre meuble. Lentement, pour ne pas affoler davantage le félin, la jeune femme s'approcha et le prit dans ses bras. Tout en le caressant pour essayer de le calmer, elle appela son frère.

« Max, c'est bon, je l'ai attrapé, ton chat. Tu peux sortir, maintenant. »

Le regard fixé sur le lit, elle n'aperçut pas le morceau de plâtre sur le point de tomber qui se situait juste au-dessus de sa tête. Elle ne le vit pas non plus se détacher du plafond, et fut incapable d'éviter le contact avec sa tête.

Sous le lit, Maxime entendit un bruit de chute et tourna la tête. Sur le sol, à côté du meuble, sa sœur était allongée et immobile.

« Marie ? Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il. »

La jeune femme ne répondit pas.

« Si c'est pour me faire sortir, ça marche pas, prévint l'enfant. »

Toujours aucune réponse, aucun mouvement qui trahirait que sa sœur l'avait entendu. Avec méfiance, le petit garçon rampa vers le bord et sortit la tête pour voir de plus près. Marie avait les yeux fermés, et du sang qui coulait sur un côté de la tête. L'enfant écarquilla les yeux et s'empressa de sortir pour la rejoindre. S'agenouillant à côté de sa sœur, il la secoua.

« Marie, réveille-toi ! »

Aucune réaction. La jeune femme n'ouvrit pas les yeux, ne bougea pas.

« T'es morte ? demanda-t-il bêtement. »

En regardant de plus près, il s'aperçut que sa sœur respirait. Elle n'était pas morte, alors. Elle avait dû se faire assommer par quelque chose. Distraitement, il s'aperçut que Neo n'était nulle part en vue dans la chambre ; mais pour l'instant, il s'en fichait un peu.

Désespéré, le petit garçon regarda autour de lui, cherchant une idée pour aider son aînée. Il savait qu'il existait quelque chose que les grands appelaient les 'gestes de premiers secours', mais il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait bien être... Faute d'une meilleure idée, il fouilla les poches de la jeune femme jusqu'à ce qu'il trouve son téléphone. Marie avait dit de ne pas l'utiliser avant la fin du tremblement de terre... Mais là c'était une urgence... Il fallait bien qu'il appelle les secours pour venir aider sa sœur... C'était quoi, déjà, le numéro à appeler quand il y avait un accident ? Il avait appris ça, à l'école...

« Le 18 ! s'exclama-t-il. »

Il composa le numéro, mais tomba sur un message lui annonçant que toutes les lignes étaient occupées. En désespoir de cause, il téléphona à leur mère... pour tomber sur le répondeur.

« Maman, faut que tu rentres à la maison ! Marie est tombée, j'arrive pas à la réveiller, et les pompiers répondent pas au téléphone ! »

En raccrochant le téléphone, la réalité de sa situation le frappa de plein fouet. Il ne pouvait pas sortir de la maison, parce que la porte était bloquée et les fenêtres trop hautes pour lui. Il n'arrivait pas à appeler les pompiers, ni sa maman. Sa sœur était la seule adulte avec lui, et maintenant elle était blessée à cause de lui et elle allait peut-être mourir. Il était tout seul, en plein tremblement de terre.

Sous l'impuissance, l'angoisse et le désespoir, le petit garçon fondit en larmes.

***

Pendant les heures qui suivirent, Max ne quitta pas sa sœur. Il essaya régulièrement de la réveiller, ou d'avoir quelqu'un au téléphone. Son père, sa mère, les pompiers, personne ne répondait. Neo avait fini par réapparaître, et s'était roulé en boule contre Marie. Entre ça et l'absence prolongée de secousses, l'enfant avait fini par comprendre que la catastrophe était terminée.

Il avait, une nouvelle fois, essayé de réveiller sa sœur pour lui annoncer la bonne nouvelle – en vain. Il hésitait à escalader un meuble pour pouvoir atteindre la fenêtre la plus proche, mais en faisant cela, il risquait de tomber et se blesser à son tour. Et si lui aussi s'assommait, il n'y aurait personne pour appeler les secours et dire où ils étaient.

Un nouveau coup d’œil au téléphone de sa sœur lui indiqua qu'il était 6 heures du soir. Dionysos avait commencé à hurler vers 11 heures du matin – en tout cas, c'était ce que disait l'ordinateur quand il avait entendu le chien. Ils étaient là depuis sept heures... et il ne savait pas du tout à quelle heure Marie avait été assommée. Il n'avait pas pensé à regarder l'heure quand il avait appelé les pompiers pour la première fois.

Un bruit à la fenêtre le fit sursauter et lever la tête. Il aperçut un visage de femme blonde derrière la vitre, et reconnut la voisine.

« Tu vas bien, petit ? demanda-t-elle. Il ne faut pas rester ici, tu sais. Ça pourrait s'effondrer.

- Je peux pas sortir parce que la fenêtre est trop haute, expliqua l'enfant. Et la porte de la cuisine est bloquée par des pierres. Et ma sœur a été assommée à cause d'un bout de plafond. »

Un autre visage, masculin, apparut à son tour.

« Tu veux qu'on t'aide ? On ne pourra pas débloquer la porte à nous deux, mais on peut casser la vitre pour te faire sortir...

- Et Marie ? J'arrive pas à la réveiller, et ça fait longtemps qu'elle est assommée. Elle va pas pouvoir sortir, elle.

- Tu as essayé d'appeler les secours ? demanda la voisine.

- Oui, mais ça répond pas ! »

L'homme recula de quelques pas pour évaluer la taille de la fenêtre.

« Si j'arrive à casser la vitre, dit-il à sa compagne, tu dois pouvoir passer et rejoindre le gosse. Si tu arrives à soulever sa sœur et à me la faire passer, je pourrai la porter pendant que tu fais sortir le petit. Je préférerais éviter qu'on reste là trop longtemps ; on ne sait pas ce qui risque de nous tomber dessus, ni dans quel état est la maison.

- Je vais dire au gamin de reculer, alors, dit la femme. Ce serait dommage qu'il reçoive des éclats de verre. »

Son compagnon hocha la tête, et elle alla expliquer leur idée à Max.

« Petit, il faut que tu recules jusqu'au mur, dit-elle. Mon ami, Olivier, il va casser la vitre pour que je puisse te rejoindre et faire sortir ta sœur. Mais on ne veut pas que tu sois blessé par un bout de verre, d'accord ?

- Et Marie ? Elle risque pas d'en recevoir, des bouts de verre ?

- Tu n'as qu'à tirer le drap sur elle, proposa la voisine. Comme ça, elle sera protégée aussi. »

Le petit garçon réfléchit quelques instants, puis hocha la tête. Enlevant le grand drap du lit de ses parents, il fit de son mieux pour en recouvrir sa grande sœur avant de reculer jusqu'au mur. Quelques instants plus tard, une brique passa à travers la vitre, envoyant effectivement des éclats de verre jusque sur le drap. Armé d'un marteau, Olivier cassa les parties qui étaient encore sur le cadre, afin d'éviter que quelqu'un se blesse. Dès qu'il eut terminé, la voisine passa les jambes à l'intérieur, sautant pour atteindre le sol. Elle sourit à l'enfant.

« Salut. Comment tu t'appelles ?

- Maxime Bertrand, dit-il en reniflant.

- Enchantée, Maxime, dit-elle avant de s'agenouiller auprès de sa sœur. Moi c'est Coralie. »

Elle fronça les sourcils en plaçant les doigts dans le cou de la jeune femme blessée. Son pouls était très faible, il fallait l'emmener très vite à l'hôpital. Plaçant un bras sous sa nuque et l'autre sous ses genoux, Coralie souleva la blessée et l'emmena jusqu'à la fenêtre où l'attendait Olivier.

« Dépêche-toi de l'emmener à la voiture, dit-elle à mi-voix. Elle n'a presque plus de pouls, il lui faut des soins très vite. »

Quand le transfert du corps fut terminé, la femme blonde se tourna vers Max.

« À ton tour, maintenant, dit-elle.

- Attendez ! dit-il soudain. Il faut qu'on prenne mon chien, aussi ! Il est là-bas, dans la buanderie ! »

Sans laisser le temps à la voisine de dire un mot, il se précipita dans le couloir pour aller chercher Dionysos. Pensant qu'il allait chercher une peluche, elle suivit le petit garçon avec un soupir et le trouva à genoux, essayant de réveiller un vieux cocker. Coralie fronça les sourcils ; aussi vieux soit-il, ce n'était pas normal qu'un chien ait dormi pendant un tremblement de terre.

« Viens, Dionysos, disait Max. On va sortir de la maison et on va te réchauffer. Tu es tout froid. »

Oh. La femme se mordit la lèvre ; elle allait devoir expliquer à un petit garçon que son chien était mort. Comme si le gosse n'était pas déjà assez traumatisé. Elle alla s'agenouiller auprès de lui, et vérifia la respiration du chien par mesure de prudence. Cela ne fit que confirmer ce qu'elle avait deviné : le pauvre animal était mort, probablement depuis plusieurs heures.

« Comment tu as fait pour empêcher ce chien de s'enfuir ? Les animaux ne restent jamais sur place quand il y a un tremblement de terre, normalement...

- Il était en train de hurler dans le jardin, expliqua l'enfant. C'est comme ça qu'on a su qu'il y avait un problème. Marie ne voulait pas le laisser dehors, parce qu'il y a des arbres qui auraient pu lui tomber dessus. Alors elle l'a attrapé et elle l'a traîné ici, et ensuite on a fermé toutes les portes. »

Coralie grimaça au-dessus de la tête du garçon. La jeune femme avait sans doute cru bien faire, mais l'angoisse de rester enfermé en plein tremblement de terre avait probablement causé une crise cardiaque au vieux chien. Il aurait mieux valu le laisser se sauver, et partir à sa recherche ensuite...

« Écoute, Max... Je suis désolée de te dire ça, mais ton chien... Il ne va pas se réveiller.

- Mais... mais si, il faut qu'il se réveille ! protesta le petit garçon. Je peux pas le laisser là, vous avez dit que c'était dangereux ! »

Coralie lui posa une main sur l'épaule.

« Il ne va pas se réveiller, parce qu'il est mort. Et s'il est froid, ça veut dire qu'il est sûrement mort depuis plusieurs heures.

- Non ! »

Max se dégagea dans un geste brusque, et se retourna pour la fusiller du regard, les yeux pleins de larmes.

« Dionysos peut pas être mort ! Il y a déjà Marie qui va peut-être mourir, Dionysos peut pas mourir aussi !

- Qu'est-ce qui te fait croire que ta sœur va mourir ? On va l'emmener à l'hôpital et ils vont la soigner, dit la voisine d'un ton qui se voulait rassurant.

- Parce que ça fait des heures qu'elle est assommée et qu'elle se réveille pas. Je suis pas idiot, je sais que c'est un super mauvais signe.

- Tu as raison, c'est mauvais signe, acquiesça-t-elle. Mais plus vite on ira à l'hôpital, plus elle aura de chances d'être soignée. Et pour ça, il faut que tu laisses ton... Dionysos ici. »

Sur le visage du petit garçon, le refus de croire que son animal était mort luttait contre le désir d'aider sa sœur ; il finit par baisser la tête et se lever.

« D'accord, dit-il d'une petite voix. Je viens avec vous. »

Il laissa Coralie lui prendre la main pour le ramener dans la chambre, puis le soulever afin de le faire passer par la fenêtre. Tandis que la voisine sortait à son tour, Olivier demanda :

« Au fait, petit, tu n'as pas de parents à prévenir ?

- Si, mais ils répondent pas quand j'essaye de les appeler.

- Où est-ce qu'ils travaillent ? intervint Coralie en se dirigeant vers une voiture garée à quelques mètres. Les lignes téléphoniques sont sûrement saturées, mais on doit pouvoir t'emmener les retrouver...

- Papa est électricien, je sais pas où il devait aller aujourd'hui exactement, expliqua l'enfant.

- D'accord, et ta maman ? Qu'est-ce qu'elle fait ?

- Elle travaille à l'école... Vous pouvez m'emmener à l'école ? Quand on aura emmené Marie à l'hôpital ? »

Les deux adultes échangèrent un regard, mal à l'aise. D'un signe de tête, Coralie fit comprendre à son compagnon que c'était à lui d'annoncer la mauvaise nouvelle.

« Écoute, petit... Il faut que je te dise un truc...

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Max en levant immédiatement la tête.

- L'école... On est passé devant en venant ici. On n'était pas là pendant le tremblement de terre, c'est Cora qui a voulu venir voir les dégâts. Bref, donc on est passé devant l'école, et, euh...

- Elle s'est complètement effondrée, poursuivit la voisine quand il devint clair qu'Olivier ne trouvait pas les mots. Avec tout le monde à l'intérieur ; les élèves, les professeurs, les autres employés...

- Mais ils vont aller les chercher, dit l'enfant avec certitude. Pas vrai ? Les secours vont dégager les débris, et faire sortir tout le monde, non ?

- D'après ce que j'ai entendu... C'est le premier endroit où ils sont allés, mais ils n'ont pas réussi à trouver un signe de vie. Ils ont pu sortir quelques personnes, mais elles étaient toutes mortes. Et les chiens des secouristes n'ont senti aucun survivant sous les décombres, expliqua Coralie. »

Max cligna des yeux. Il comprenait, dans un sens, ce que ça voulait dire – il était juste incapable de l'assimiler pour le moment.

« Ça... ça veut dire que...

- Ils vont quand même tout dégager, dit précipitamment la voisine. Parfois, les gens sont enfouis si loin sous les débris que les chiens n'arrivent pas à les sentir. C'est rare, mais ça arrive. »

Et ils vont devoir sortir tous les cadavres de toute façon, ajouta-t-elle mentalement. Elle se garda de dire ça au petit garçon, cependant ; il n'avait pas besoin d'entendre ça.

« Où est-ce que je vais aller ? demanda l'enfant, au bord des larmes. Papa ne répond pas au téléphone, il faut que Marie aille à l'hôpital, et maman...

- On va rester avec toi, jusqu'à ce que tu arrives à appeler ton père, promit Coralie. On attendra à l'hôpital, pour qu'il nous retrouve facilement et que tu puisses avoir des nouvelles de ta sœur. »

Olivier, qui était parti devant pour installer la jeune femme inconsciente dans la voiture et démarrer, appela soudain d'une voix pressante :

« Cora ! Viens vite, elle a arrêté de respirer ! »

L'intéressée se mit à courir vers la voiture, tandis que Max restait figé sur place. Il vit la voisine essayer de réanimer Marie pendant plusieurs minutes, apparemment sans succès. Il ne ressentait rien ; c'était comme si tout ça arrivait à quelqu'un d'autre. Comme s'il était juste en train de faire un rêve. De très loin, il entendit Coralie annoncer que sa sœur était morte. Comme sa maman, comme Dionysos. Comme son papa aussi, sûrement. Sinon il aurait déjà répondu au téléphone.

Il ne réalisa pas qu'il pleurait à chaudes larmes jusqu'à ce que la voisine, en revenant vers lui, s mette à sa hauteur et le prenne dans ses bras.

« Ça va aller, murmura-t-elle en le berçant. Ça va aller, tout ira bien... »

Comment ? Comment est-ce que tout pourrait aller bien ? avait-il envie de demander. Il était tout seul. Sa maman était morte. Dionysos était mort. Son papa était mort. Marie était morte, et ça, c'était de sa faute. S'il n'avait pas couru après le chat, elle ne serait pas venue le chercher. Ils seraient restés dans la buanderie, et sa sœur serait encore en vie.

Ses parents étaient morts, et il avait tué sa grande sœur. Il était tout seul, et rien n'irait plus jamais bien.
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Convention du forum
Invité

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Rechercher dans: Règles   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: Convention du forum    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptyMer 4 Mai 2016 - 20:59
Convention




Si vous avez la moindre question à propos de quoi que ce soit sur le forum, n'hésitez surtout pas à interroger par message privé K, Titi ou Ouppo (ce sont les grands chefs).


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Les mots-clés sont à mettre dans le message contenant le texte, avant ou après le titre afin qu'ils soient bien visibles.




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Les liens URL de ces chapitres/parties devront être copiés-collés dans le Sommaire ou dans le message de votre texte sur le forum. Ainsi les lecteurs n'auront qu'à cliquer dessus pour accéder à chaque chapitre !








Bref, c'était la partie barbante, maintenant lâchez-vous, amusez-vous tout en respectant ces règles !
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Tristesse
Serpent

Réponses: 11
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Rechercher dans: Poésies   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: Tristesse    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySam 16 Jan 2016 - 18:31

Je la vis aussitôt à l'ombre d'un grand chêne,
Elle tenait en ses bras son tendre et beau visage,
Masquant de ses cheveux chacune de ses peines
Ainsi que ce carnet dévoilant une page.

Elle me fuyait ainsi, se couvrant plus encore
Et me glissant alors de ne plus être ici,
Elle s'estompait pour moi dans ce charmant décor
Où le ciel à présent s'était tant assombri.

Il pleuvait sur ses joues un cortège de larmes,
Dévalant de ses lèvres jusqu'au creux de son cou,
Et n'enlevant ainsi à ses mille autres charmes
Que ce large sourire, qui tantôt fut si doux.

Et je lus un instant toute son éloquence
Sous ses courbes légères et d'un bleu revêtue,
Couchée sur le papier et qui dans un silence
Me contait ce que dire elle n'avait jamais pu.
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Lorsque nous créerons la vie, lorsque nous vendrons du rêve
Cornedor

Réponses: 20
Vues: 8163

Rechercher dans: Nouvelles   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: Lorsque nous créerons la vie, lorsque nous vendrons du rêve    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptyVen 24 Juil 2015 - 14:52


Ok, nouvelle nouvelle mes agneaux, moins lente, moins lyrique... Moins sur le style et plus sur l'action, finalement ^^


"Imaginez, la science vous propose des compagnons personnalisables à l'infini... Vous vous jetez dessus, comme tout le monde. Mais plein de choses peuvent mal tourner...  "
Spéciale dédicace à Tiun, Phoenix, Ragne, Teru, et même Earl et Silenuse (très rapidement) huhu





Lorsque nous créerons la vie, lorsque nous vendrons du rêve









          Jour 0

          Aujourd'hui c'est Noël.
          J'ai été la première à me lever, j'ai jailli de mon lit à sept heures pétantes. Cela fait longtemps que je n'ai pas ressenti pareille fièvre le matin du 25 décembre. Depuis quelques années, le jour des cadeaux est devenu pour moi celui des interminables repas de famille. Chèques et billets ont remplacé paquets cadeaux multicolores ; l'émerveillement enfantin s'est changé en ennui placide. Mais aujourd'hui, tout est différent.
          Pour la première fois depuis mes douze ans, j'ai su quoi demander.
          Cela fait des mois, et même des années, plus exactement, que je désire ce cadeau. Depuis que les premiers prototype ont été vendus sur le marché. Mais je m'y suis toujours refusée. Je ne suis pas de celles qui suivent aveuglément les tendances du moment. Ni de celles qui acclament chaque nouvelle invention scientifique comme un miracle. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", disait Rabelais… Mais devant l'engouement grandissant qu'ont provoqué ces "DNPets" et ma propre curiosité dévorante, ma conscience à commencé à reculer, à relativiser. Ce n'était peut-être pas mal. Juste nouveau. De toute manière, il n'y a ni bien ni mal. Rien qu'un camaïeu de gris.
          Bref. Tout ça pour dire que je suis emplie d'un mélange de hâte et de peur, que mon estomac tourne et retourne en tous sens.
          Interrompant mes pensées chaotiques, mes parents nous rejoignent - nous, les enfants - au pied du sapin. Je froisse distraitement les plis légers de mon pyjama. Mon père, du rire plein les yeux, entame la distribution ; je me crispe imperceptiblement. S'il n'y a rien pour moi, c'est qu'ils ont accédé à ma demande, car mon cadeau n'est pas de ceux qu'on emballe. Si en revanche on me tend quelque chose…
          - Perline…
          Je sursaute, mes yeux s'accrochent à ceux de ma mère. Elle me sourit, et mon cœur bat plus fort.
          - Tu sais comment tu vas l'appeler ? dit-elle enfin avec un sourire.
          Mon souffle reste bloqué dans mes poumons.
          C'est oui.
          - Rendez-vous à la boutique demain, ajoute mon père parmi les cris de mes sœurs ouvrant leurs cadeaux. Ils auront besoin de ton ADN…
          C'est oui. Bon sang, c'est oui !





          Jour 1

          La boîte arrive deux semaines plus tard. Je n'en peux plus d'impatience ; mon visage est impassible lorsque je signe le reçu du facteur, mais mes mains tremblent et j'ai l'impression que mon cœur va exploser à force de pomper tant d'air et de sang, il faut que je l'ouvre, il le faut ! Je claque la porte d'un pied agile, encombrée de la boîte si lourde, puis la pose sur la table. Avant d'inciser les bandes de ruban adhésif, je hurle que mon cadeau est arrivé. Ce qui, dans ma bouche, donne ça :
          - Perle est là ! Perle est là !
          La maison endormie s'agite soudain. Mes deux sœurs déboulent dans ma pièce tandis que ma mère dégringole l'escalier ; toute la famille est bientôt réunie autour de la boîte mystérieuse. Sur le carton renforcé, de grandes lettres arc-en-ciel claironnent fièrement "DNPet", accompagnées de la mention "urgent". Des brins d'ADN stylisés s'entrelacent avec la marque.
          - Tu ouvres ? demande timidement ma cadette, aussi fascinée que moi.
          Mes mains se ruent d'elles-mêmes sur le cutter, qui perfore avidement le carton ; les battants s'ouvrent et mon cadeau apparaît enfin à mes yeux.
          Dans une sphère de plexiglas étincelante, un petit être se tient roulé en boule, recroquevillé dans son sommeil. Des exclamations jaillissent autour de moi. Ma mère attrape le mode d'emploi ; mon père se saisit délicatement de la sphère moite et embuée, et la dépose sur le bois verni de la table. Délaissant le mini-manuel que je connais quasi par cœur après l'avoir dévoré sur le Net, je fais doucement pivoter l'objet et enclenche deux charnières de plastique. Il y a un petit claquement timide, puis les deux hémisphères se déploient. Le cœur prêt à éclater, je glisse mes doigts à l'intérieur et saisis doucement la petite bête toute chaude.
          Elle est à présent au creux de mes mains. Elle s'étire lascivement, passe sa langue violette sur ses babines, et ouvre les yeux. Mes yeux. Nous échangeons un regard, et j'ai l'impression étrange de me voir dans un drôle de miroir, de me voir déguisée dans un autre corps. Ses yeux sont noisette, pictés d'un vert discret. Si la prunelle n'était pas aussi ronde et large, il s'agirait d'un regard humain. De mon regard. Je la soulève pour la regarder mieux ; tranquille, elle m'observe sans ébaucher un mouvement. Elle est magnifique. Exactement semblable à mes vœux.
          Une corolle de plumes blanches tachetées d'arc-en-ciel se déploie autour de son cou, telle une crinière de griffon. Sa tête est celle d'un lion blanc, un petit lion aux grands yeux et aux longues moustaches. Son corps rond et duveteux est celui d'un oiseau mignon en forme de poire, dont j'ai oublié le nom. Sa queue en éventail fait écho à sa crinière. Elle a de petites pattes agiles, qui s'accrochent à ma peau. Elle me regarde l'observer, indulgente.
          - Coucou, je murmure.
          Elle agite les plumes en réponse, déployant brièvement ses ailes dans une explosion de couleurs.
          - Elle est trop mignonne ! s'extasient mes sœurs à côté de moi.
          - Elle est magnifique, conclut ma mère. Elle te plaît ?
          Je la pose doucement sur la table, et elle hérisse les plumes avant de commencer à explorer ce nouvel environnement.
          - Elle est géniale. Elle est trop bien !
          Mon père se rengorge.
          - Un beau cadeau, hein ?
          - Oh là là, merci beaucoup !
          Une paire de bisous plus tard, me revoilà le nez collé à la table, l'œil fixé sur ma nouvelle amie. Elle est si réelle ! Comme si elle était née dans la nature d'un autre monde que le nôtre, dans le sang et la douleur de sa mère, et non dans les éprouvettes d'un laboratoire. Un pincement de culpabilité me serre le cœur un instant face à cette pensée ; mais il s'efface lorsqu'elle pousse un petit gloussement adorable en découvrant un verre, aussi translucide que sa sphère. Est-elle mieux qu'un véritable animal ? Pire ? Je ne saurais le dire. Mais elle reste un être vivant sensible. Comme les animaux naturels, après tout.
          - C'est un verre, lui apprends-je. Un verre.
          - Un verre, répète-t-elle d'une petite voix - ma voix.
          Ma sœur benjamine pousse un cri de ravissement et tente de se jeter sur la petite bête ; j'enraye de justesse la tentative de kidnapping, formant un rempart de mes bras.
          - Pas touche toi, je gronde .
          - Pas touche, répète la bestiole de sa voix troublante, celle que lui octroie la gorge de perroquet des DNPets.
          Elle croise mon regard et éclate de rire, avant de se carapater à l'autre bout de la table.
          - Hé, reviens Perle ! ronronne ma sœur perfide, prête à refaire une tentative.
          Un éclat d'incompréhension traverse les prunelles rondes ; j'éclaire sa lanterne.
          - Tu t'appelles Perle. C'est ton nom. Ton nom. Regarde, moi c'est Perline. Tu comprends ? Hein ?
          Elle penche la tête à droite, à gauche, et encore à droite. Je l'imite, faisant de nous des miroirs, l'un animal et l'autre humain.
          - Perle, conclut-elle en reprenant son exploration. Perline. Perle et Perline.



A suivre...
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Mort d'un rêve, vent de folie [-12]
Serpent

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Rechercher dans: Nouvelles   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: Mort d'un rêve, vent de folie [-12]    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptyLun 30 Juin 2014 - 0:53

J'ai longuement hésité à la poster, mais voilà déjà le début.


L'agitation enflait, des cris provenant de toute part fendaient une illusion de silence bafouée par les sonneries incessantes des appareils médicaux. Les infirmières étaient au courant de l'urgence de la situation. Allongé sur les draps immaculés de sa chambre d'hôpital, Martin se demandait bien où il pouvait être. Depuis combien de temps était-il là? Et d'ailleurs, où était-il? Le maigre rideau qui opacifiait la large fenêtre filtrait une lumière rougeâtre, le Soleil se couchait sur les montagnes alentours. La seule chose dont il se rappelait, c'est qu'avant tout cela il était sur le point de se lancer dans l'aventure de toute une vie. De toute sa vie. Cela pouvait paraitre dingue, même absurde, il le savait, mais à quoi bon censurer l'espoir qui tiraillait tant son esprit? Il s'était lancé.


"Seuls ceux qui prendront le risque d'aller trop loin découvriront jusqu'où ils peuvent aller" [T. S. Elliot]


Des semaines, des mois, peut-être même des années avaient passé, avant que l'adolescent ne daigne songer à réaliser son rêve le plus fou. Une pensée qui l'avait souvent hanté, sans même qu'il n'ose y croire, une sorte de rêve de gosse. Il savait qu'il devait le faire, cela résonnait en lui comme une évidence, une terrible évidence. Il ne trouvait pas le courage d'y croire, c'était voué à l'échec. Un exploit de ce genre n'arrivait jamais, il allait y laisser sa vie. Martin avait peur de la mort, il la craignait, l'évitait, la fuyait. Comme un épouvantail qui agitait ses nuits jusqu'à sombrer dans la folie. Oui. Il était fou. Une démence infinie qu'il ne savait contrôler, une tare encrée au plus profond de son être, depuis sa naissance, ne cherchant qu'une opportunité pour faire surface et détruire l'immense terrain vague qu'était sa vie. A bientôt 17 ans, il n'avait plus de lycée, renvoyé de 5 écoles différentes pour violences, absences répétées ou autres incivilités, Martin n'avait rien d'un élève modèle. Habitué des commissariats, il s'était juré de ne plus y retourner. Drogues, vol, bagarres, tout ça, c'était désormais fini pour lui. Cependant, sa vie était dépravée par son passé… Il ne savait plus quoi faire, il attendait ce déclic, cet instant qui lui ferait dire "Maintenant tu as vécu tout ce que tu as pu vivre, tu peux être fier de toi". Il attend ce moment qui lui donnera l'illusion d'un bonheur instantané. Et c'est son père qui lui offrirait l'occasion d'enfin donner un sens à son existence. Le Mont-Blanc, 15 jours d'ascension, 4808 mètres d'extase, des rêves pleins les yeux, la tête au plus près des étoiles, Martin se lance sans hésiter dans ce qui sera sans doute le défi de toute une vie, avec son père. Son héros.


"A chaque sommet on est toujours au bord d'un précipice" [Stanislaw Jerzi Lec]


Son père… Où est son père? Il s'agite, s'affole. Pourquoi ne se souvenait-il plus de rien? Dans un dernier instant de lucidité avant de s'enfoncer dans les abysses de la folie, il tire la poignée au dessus de sa tête et enclenche le système d'appel des infirmières. Sa gorge se noue, l'air se fait rare désormais, Martin se sent opprimé. Cette étrange sensation lorsque l'on sait qu'il est arrivé quelque chose de grave, sans toutefois en être sûr… Qu'était-il arrivé? Pourquoi son héros n'était-il pas là, à ses cotés? Sa vue se trouble, des larmes emplissent ses grands yeux sombres. Dans son regard un océan d'incertitude, l'inquiétude à la fois de voir ses rêves s'effondrer, impuissant face à la magie du destin.


"Le fort fait ses évènements, le faible subit ceux que la destinée lui impose." [Alfred de Vigny]
"Le destin mêle les cartes et nous jouons." [Arthur Schopenhauer]



Le destin…
"Quelle sombre invention de l'humanité!" pensait-il…
Malgré tout, plus le temps passait, plus il y croyait, à ce fichu destin! Une sorte de fatalité qui s'abat sur chacun, sans qu'il n'ait le moindre échappatoire, comme si l'univers tout entier s'abattait sur son crâne, inévitablement. Ce fut l'infirmière qui le sortit de sa réflexion:

"Que se passe-t'il Monsieur Valero?"

Dans un murmure incompréhensible, Martin tenta de lui expliquer la situation… Mais seuls quelques sons coururent le long de sa gorge, à peine audibles. Il transpirait, la démence le prenait, l'emmenait au plus profond des ténèbres. L'adolescent mit un certain temps à retrouver son calme. Il éprouvait toujours des difficultés pour s'exprimer, mais il parvenait tout de même à se faire comprendre.

"Mon père… Expédition… Avec moi… Trouvez le…"

Ce que Martin ignorait, c'est qu'il était dans cette chambre depuis pratiquement 3 semaines. Il avait d'abord sombré dans un coma, avant de reprendre ses esprits, la veille. Il sentait la crispation sur le visage de l'infirmière, au fond de lui, un mauvais pressentiment grandissait. Il la fixa longtemps, sans même qu'elle ne puisse parler. Comment trouver les mots? Comment annoncer cela? Elle savait ce qui s'était passé, et l'adolescent avait de droit d'être au courant. Elle réfléchit, prit le temps de mesurer la force de ses mots, considérant chacun comme une lame, qui à tout moment pourrait perforer le cœur de Martin. Elle lui devait la vérité.

"Je préfère une vérité nuisible à une erreur utile: la vérité guérit le mal qu'elle a pu causer." [Johann Wolfgang von Goethe]
"Le pire mensonge est de se mentir à soi-même" [Marc Levy]



Il la fixait, stupéfait. Elle prit une grande inspiration, puis commença.

"Monsieur Valero, j'aimerais que vous m'écoutiez attentivement…"

Il prit son visage à deux mains, il avait perçu dans le ton de sa voix la gravité de ce qui allait lui être révélé.

"Tout d'abord, il faut que vous sachiez que votre père vous aimait beaucoup… Il… Il est mort en voulant vous sauver. Lorsqu'il est tombé dans cette crevasse, à plus de 4000 mètres d'altitude, il n'aurait pas dû survivre. Mais vous étiez encordés ensemble, en réalité, vous étiez le seul lien qu'il avait encore avec la vie. Cependant il était lourd, et a failli vous emporter dans sa chute. Il n'avait pas le choix, il ne pouvait pas vous sauver tous les deux, il a décidé de… de couper la corde qui vous reliait. Vous avez été découvert quelques heures après, couché dans la neige. Frigorifié. Si un guide de haute montagne ne vous aurait pas retrouvé, par pur hasard, vous ne seriez pas ici…"

Il l'avait écoutée tout du long, sans avoir la force de dire le moindre mot. Il ne pleurait pas, non. Pas devant elle. Il n'en avait pas envie d'ailleurs. Il s'en voulait juste, il s'en voulait terriblement. Etait-il responsable de la mort de son héros, Alexandre Valero? Pour lui cela ne faisait aucun doute. Sa seule envie, à l'instant présent, était de le rejoindre, de quitter ce fichu monde à jamais. A quoi bon vivre si ce n'est que pour voir les autres mourir? Pourquoi demeurer malheureux alors que l'on peut fuir tout cela? Tant de questions fusaient dans sa tête, il venait parfois à douter de sa propre existence, et de ce qui le rattachait encore au monde des vivants. la réponse était simple, il n'y en avait pas. Les seules personnes qu'il avait s'étaient déjà enfuies bien avant lui, elles avaient à jamais quitté l'ombre et la démence de la vie. Il voulait les rejoindre. Son cri fendit le curieux silence qui régnait sur la pièce. Avait-il fait le bon choix? Il le savait. De toute évidence, rien ne pouvait plus être pire à présent.


"Ce soir coule le sang dans un torrent pluvieux,
Au bord du gouffre mourant à l'aurore de ses adieux,
Les larmes du ciel coulant comme orage dans ses yeux,
De l'enfant brandissant le couteau vers les cieux.
Prologue de la démence, vent de folie s'installe,
Lorsque le tonnerre danse dans les ténèbres astrales,
La vie en perd son sens quand vient l'issue fatale,
L'achèvement de la souffrance, la mort abat son voile.
Le tranchant de la lame, déchirant l'univers,
Résonne comme un drame, perce en unique éclair,
Foudroiement d'une larme qui surgit des paupières,
D'un jeune qui laisse les armes pour s'enfuir de l'enfer,
Au plus profond des flammes, sans regarder derrière?
Il se transperce l'âme, cette larme fut la dernière."

"Suicide: monter au ciel par une corde de pendu" [Jules Renard]
"Accepter de vivre, n'est-ce pas parfois une forme de suicide?" [Eugène Cloutier]


Nouveau black-out. Que s'était-il passé? Où était Martin? A quoi servaient tous ces appareils autour de lui? Il tenta de se redresser mais resta cloué contre le maigre matelas sur lequel il avait sans doute du dormir plusieurs nuits. Une douleur le fit gémir, au niveau de la poitrine. Que lui était-il arrivé? Il ne se souvenait de rien. Il regarda autour de lui, les murs étaient d'un blanc immaculé, de massifs appareils trônaient fièrement de part et d'autre de son lit. Il aperçut un plateau repas, posé sur la table de chevet non loin de lui. Il essaya de l'attraper mais rien n'y fit, son bras ne bougea pas. Il risqua un regard en direction de ses poignets. L'adolescent était attaché, au niveau des avant-bras et des chevilles. Sans doute avait-il eu un comportement agressif, il ne savait pas. Quand il y pensait, il ne voyait que l'image d'Alexandre Valero, gisant au fond de la crevasse. Il ne se rappelait de rien d'autre. Une chose était sûre, il allait mal, autant sur le plan physique que psychologique. Etait-il possible qu'il se soit infligé tout ça lui même? Il n'osait pas y penser, pourtant l'évidence était indéniable. Martin avait tenté de mettre fin à ses jours. Le destin l'en avait empêché.

"Vas où tu veux, meurs où tu dois." [Manuscrit du XVème siècle]
"Dans les ténèbres, chacun à son destin" [Gao Xingjian]



Correction de Rimi:
 
Tag amitié-famille sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: La petite mort [-12]
Namyon

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Rechercher dans: Nouvelles   Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptySujet: La petite mort [-12]    Tag amitié-famille sur Encre Nocturne EmptyDim 30 Mar 2014 - 23:53
Spoiler:
 


Le temps d'un souffle coupé
Par un soir tardif d'été
Les anges partirent avant
Et leurs visages tachés de blanc

Que se passe-t-il, mon frère? Pourquoi sommes nous tous les deux l'un sur l'autre, pourquoi ai-je si mal, pourquoi tes traits expriment-ils une douleur sans bornes? Et notre oncle, où est-il? Nous l'avons protégé, nous sommes tombés, mais je ne le vois plus maintenant. Est-il encore là, sain et sauf, où s'est-il envolé vers des lieux inconnus? Mon frère, quelle est cette peur dans tes yeux? Pourquoi me sers-tu si fort la main? Tu saignes, mon frère... Le sang coule sur ton menton, tes vêtements sont tachés du même liquide rouge. Qu'est-ce que ce fer qui te traverse? Et moi, pourquoi ai-je tellement mal? On dirait que des milliers d'aiguilles m'ont transpercées, toutes en même temps. Que se passe-t-il, mon frère?


Je crois qu'il est trop tard
Pour t'avouer que j'ai mal
À mon cœur mourant
Et mes souvenirs tachés de blanc

J'ai mal, petit frère. Depuis que je te connais, je ne t'ai jamais dit que j'avais peur, je ne t'ai jamais dit que je souffrais, il fallait que je reste fort pour toi, tu comprends? Tu n'es plus un enfant, je peux te le dire je pense... J'ai mal. Cette épée en mon sein me fait terriblement souffrir. Mais ce qui est pire, c'est de te voir comme ça, assommé de milles flèches, impuissant. C'est horrible de voir que je ne peux pas te réconforter. Je ne peux pas arrêter ta douleur. Non, non, mon frère! Ne pleure pas! Ravale ces larmes, elles me font encore plus mal que le fer qui est en moi. Sois fort, c'est bientôt fini, nous allons partir ensemble. Notre oncle, il va bien. Il est partit avec quelqu'un à qui nous pouvons faire confiance. Ne fait pas un cas de ce sang qui me couvre, je n'en ai que faire. Soit fort, nous sommes ensembles, tu verras, ça s’arrêtera bientôt.


Si l'on me perd, sache que je serai la tienne
Et au creux de ses bras, la mort nous bercera
Car si l'on me perd,
c'est seulement pour rester la tienne
Et au creux de ses bras, la mort nous bercera

D'accord mon frère, je vais rester fort. À condition que toi aussi, tu le sois. Je ne veux pas te voir souffrir, tu comprends? Je t'ai déjà surpris à pleurer, et ça m'a fait tellement mal de voir que mon frère n'était pas le héro indestructible de mes rêves. Mais ce n'est pas grave, quelques larmes, ce n'est rien, n'est-ce pas? Je veux simplement savoir que ce qui nous attend, cet autre monde, tu y seras entré la tête haute. Nous sommes des princes héritiers, nous pouvons rester fort, même dans des moments comme celui-ci, pas vrai? Allez mon frère, c'est toi qui l'as dit, c'est bientôt fini, alors serre les dents. La douleur est forte, je sais. Moi aussi j'ai mal. Je souffre, j'ai envie de hurler, j'ai envie d'arracher ces flèches mais elles mes forces m'abandonnent. Cette épreuve est la dernière, nous nous seront battus jusque au bout comme les guerriers que nous sommes.


La pluie coule sur mes tempes
La foudre chante ta descente
Blottie contre ma vie
Ton rire résonne et puis s'enfuit

Je te vois, petit frère. La pluie me berce, et je revois tout. Quand tu étais petit, tu étais tellement joyeux, tu sais? Nous jouions tout le temps ensemble. Tu riais beaucoup. J'aime beaucoup t'entendre rire, ça veux dire que tu es heureux. Je veux que tu sois heureux, et seulement là, je peux l'être aussi. Je sais que ce n'est pas le moment, mais tu veux bien... tu veux bien me sourire, s'il te plaît? Juste une dernière fois, pour que mon cœur soit moins lourd et que mes larmes deviennent des larmes de joie. Oui, ce sourire là, celui qui est sincère et dans lequel tu souris avec ton visage entier. Merci, mon frère, merci, maintenant je peux partir parce-que la dernière chose que j'aurais vue, c'est ton sourire, celui que j'adore tellement et pour lequel je donnerais ma vie. Je t'aime, petit frère.

Je crois qu'il est trop tard
Pour te dire que ça fait mal
Mon cœur n'est plus comme avant
Car il s'endort tout doucement

Ne pars pas encore, mon frère! Attends moi! Je veux rester avec toi jusqu'au bout, sans toi je ne suis rien, je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps moi non plus. J'ai peur, je ne veux pas me lancer dans cette dernière aventure tout seul. Je veux être avec toi pour affronter la mort. J'ai mal mon frère. J'ai mal. Aide moi mon frère. Mon frère! Reviens mon frère! Non, ne ferme pas les yeux! Mon frère, ma douleur deviens plus grande, reste avec moi, ne deviens pas froid! Non, mon frère, ta peau n'est pas si pâle! Non, non, non... Mon frère... Attend moi, je viens avec toi, je me sens si léger tout d'un coup, ta voix résonne en moi, je t'entend appeler mon nom. Oui, je viens avec toi, tu sauras m'attendre, j'arrive! Je suis là, avec toi, nous sommes ensemble comme nous l'avons toujours été. J'aurais donné ma vie pour la tienne, tu as encore tenu à venir avec moi. Mais ce n'est pas grave, nous sommes ensemble, et pour toujours. Je viens, prend moi la main et allons-y ensemble, car je t'aime, mon frère.

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