Encre Nocturne
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13 résultats trouvés pour Science-fiction-Anticipation

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Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Revivre [TP]
philibert

Réponses: 2
Vues: 730

Rechercher dans: Nouvelles   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: Revivre [TP]    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyMar 7 Mai 2019 - 21:55
Hello.   [TP] - #Action - #Science-fiction-Anticipation

Le texte ci-dessous a participé à la Chasse aux oeufs nocturnienne sur le thème de Pâques (les œufs, les cloches, les lapins), organisée par @Titi. Il fallait deviner les auteurs des textes.

Ce qui m'a inspiré, c'est l'idée de ressusciter, renaître, revivre.
Je copie le texte légèrement modifié dans ce sujet pour lui donner une meilleure visibilité.

Il est aussi copié dans cette Publication E N : Revivre (bon confort de lecture, noir sur blanc).

Il est aussi copié sur mon site : Revivre (bon confort de lecture, noir sur blanc).

Bonne lecture !


R E V I V R E


Pfff, clic, blup, clic... Des bruits... Des voix. Qu'est-ce que c'est ? Oooooh ! Mais qu'est-ce que je fais ici moi ?

- Monsieur, vous m'entendez ?
- Mmmh... Où suis-je ?

Des blouses blanches...

- Tout va bien. Ne vous inquiétez pas. Est-ce que vous avez mal quelque part ?
- Non... Je ne crois pas. Mais je me sens bizarre. Ça tourne.
- C'est normal, monsieur. Ça va aller. Vous vous souvenez de quelque chose ?
- Heu... Non. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Maintenant vous êtes revenu. Tout va bien.

Comment suis-je arrivé ici ? Je n'y comprends rien. Je suis couché sur le dos. Le plafond est blanc. Je suis dans un hôpital apparemment. Il y a des médecins et des infirmiers qui sont occupés autour de moi. Est-ce que je suis malade ?

- Monsieur, vous pouvez peut-être me dire en quelle année on est ?
- Heu... En 2019, c'est bien ça ?

Elle consulte sa fiche. Est-ce que c'est une infirmière ? Ou une femme médecin ? À présent, elle me regarde attentivement, de ses grands yeux. En tous cas, elle a un beau visage, clair, sincère.

Je sens un peu de fraîcheur partout. J'espère que je ne suis pas nu. Je ne peux même pas relever la tête pour vérifier.
Il faut que... Mais... ils m'ont attaché ! Je ne parviens pas à bouger. Mes mains sont liées ! Et mes pieds aussi !

- Monsieur, calmez-vous. Il n'y a rien à craindre.

Je ne peux pas tourner la tête, juste ouvrir et fermer les yeux. Mais elle me parle d'une voix douce. C'est plutôt rassurant.

- Voilà, détendez-vous. Et quel est votre nom ? ... Comment vous appelez-vous ?
- Heu... Je...
- Ce n'est pas grave. Vous êtes encore un peu désorienté. Tout va bien. Pour le moment, vous avez besoin de sommeil. Nous vous donnerons des explications plus tard. Mais d'abord il faut vous reposer. Vous pouvez dormir en toute sécurité. Voilà, fermez les yeux. Doucement...

----------

Je suis toujours allongé et toujours paralysé. C'est affreux. Je ne comprends pas.

- Pourquoi m'avez-vous attaché ? Je veux pouvoir bouger.
- Vous n'êtes pas attaché, monsieur. C'est le substrat qui vous empêche de remuer. C'est normal.
- Est-ce que je suis blessé ou malade ? Quel substrat ? Qu'est-ce que je fais ici à la fin ?

La jolie praticienne essaie de m'apaiser.

- Ne vous inquiétez pas. Vous êtes en bonne santé. Vous êtes plongé dans une gelée nutritive. Seul votre visage émerge. C'est un substrat gélatineux très équilibré qui a pris soin de vous. Votre corps s'est développé petit à petit grâce à cette substance spéciale.
- Et mes vêtements ?
- Vous n'en avez pas besoin. À travers la gelée transparente, nous avons surveillé votre croissance, contrôlé le processus, et vérifié l'absence de malformation.

Elle m'inspecte de la tête aux pieds. Je crois détecter un demi-sourire malicieux dans son regard.

- Rassurez-vous, tout va bien. Vous avez un corps jeune et vigoureux. Ça fait partie des critères stricts de sélection.

De quoi me parle-t-elle ? Ses explications m'embrouillent.

- Comment ? Vous voulez dire que je suis né ici ? Mais ce n'est pas possible. Je n'ai pas pu grandir ici.
- Non, vous avez raison. Vous n'êtes pas repassé par tous les stades : bébé, enfant, adolescent. Votre croissance a été accélérée. Vous avez repris votre forme adulte en 3 semaines environ. Votre corps s'est déployé plutôt comme un végétal qui pousse. Maintenant, vous avez retrouvé votre apparence de 2022, exactement identique. Et quand le corps arrive à son état complet, la conscience se réveille, c'est naturel.

Elle fait un signe à ses collègues.

- Nous allons vous sortir de la gelée nutritive. Vous allez rester ici quelques jours pour un check-up complet. Et notre équipe va vous aider à retrouver toutes vos capacités. Elle va aussi vous rafraîchir la mémoire en douceur.

----------

Les infirmiers ou les assistants en blouses blanches s'affairent autour de moi. Je suppose qu'ils enlèvent la gelée. Tout est tellement étrange.

- Attendez. Quel est cet hôpital ? On n'est plus en 2022 ? Pourquoi mon corps s'est-il développé ici comme une plante ?
- Essayez de vous souvenir. Vous étiez candidat...
- Candidat à quoi ?
- Vous étiez volontaire pour participer au programme Trans-Vie. Ça ne vous dit rien ?
- Trans-Vie... ? Non, rien.
- Ce n'est pas grave. Quel est votre métier ?

Les assistants ont dégagé ma tête. Je peux mieux les observer. Ils continuent à retirer délicatement la gelée gluante autour de dizaines de capteurs qui restent collés sur ma peau. Ils conservent le précieux substrat dans de grands récipients.

Mon métier ? Quelques images fugitives de mon passé me traversent l'esprit.

- Je crois que j'aime bien les machines, la mécanique. Les ordinateurs et les calculs aussi. C'est assez flou. J'étais une sorte de technicien, non ?

La femme aux grands yeux feuillette les fiches de mon dossier. Son sourire est charmant.

- Bravo ! Oui, vous êtes un ingénieur. Vos connaissances et votre savoir-faire sont très utiles pour la Mission.
- Mais quelle mission ? Et en quelle année sommes-nous ? Où est ma famille ?
- S'il vous plaît, monsieur, restez calme. Il vaut mieux laisser votre mémoire refaire surface progressivement. Vous pouvez essayer de vous mettre debout maintenant. Nous allons vous soutenir.

Ils me redressent délicatement. Une sorte de harnais sous les bras m'empêche de vaciller. J'ai la tête qui tourne, les jambes qui flageolent. Le vertige. Ils continuent de racler la gelée collante sur mon dos.

- Vous étiez presque sans famille. Vous vous souvenez de votre mère ? Elle est décédée un peu avant votre compression. Vous étiez donc libre de toute attache. Et c'est sans doute pour ça que vous vous êtes porté volontaire.
- Ma quoi ? Ma compression ?
- Oui, on appelle ça une compression ou une condensation. C'est un procédé presque naturel qui consiste à faire...

Elle hésite un peu.

- Hem... à faire mourir quelqu'un de manière contrôlée. Je vous passe les détails techniques, mais au moment où l'individu cesse de vivre, on recueille toutes ses informations, et on obtient une graine de vie.
- Une graine ?!
- Oui, une sorte de graine, de la taille d'une noisette. Un condensé biologique d'un être humain entier.
- L'ADN ?
- Oui, mais pas seulement les informations génétiques. Aussi toute l'histoire personnelle et tous les paramètres psychiques. En somme, toutes vos données étaient contenues dans votre graine.

----------

Ils ont récupéré le plus possible de gelée. Je reste dans mon harnais, mais le vertige a disparu. Je me sens plus stable sur mes pieds. Les capteurs sans fil, disséminés sur ma peau, m'habillent un peu. Trop peu à mon goût. Je ne l'avais pas remarquée, mais il y a une douche au plafond. Les assistants et les infirmières me lavent méticuleusement.

- Donc d'après vous, je suis mort et j'ai été comprimé en une petite graine ? C'est pour ça qu'ensuite mon corps a poussé ici ? Mais pourquoi ?
- Parce que vous êtes un aventurier, un explorateur, un pionnier. Vous rêviez de partir à la découverte du futur. Est-ce que vous l'avez vraiment oublié ?

Je n'ai plus besoin du harnais. Ma toilette terminée, je reçois enfin des vêtements, une sorte de pyjama. Les assistants m'aident à l'enfiler.

- Je ne sais pas... Mais à quoi tout ça peut-il servir ? Pourquoi vouloir mourir pour ressusciter maintenant ? D'ailleurs, vous ne m'avez toujours pas répondu. Je voudrais bien savoir en quelle année on est.
- Écoutez, ne soyez pas trop surpris par ce que je vais vous révéler. En réalité, beaucoup de temps a passé. Nous sommes en 2225.

Elle se lève.

- Bon, vous avez encaissé bien assez de nouvelles perturbantes pour aujourd'hui. Il faut vous reposer. Nous allons vous accompagner jusqu'à votre chambre.

----------

Des vibrations. Une secousse... Encore une secousse plus puissante.

- Que se passe-t-il ? Un tremblement de terre ?

Ma protectrice au doux regard apparaît sur l'écran du visiophone.

- Non, ne craignez rien, monsieur, ce n'est pas un séisme. Attendez, je vous rejoins.

Elle entre et s'approche de ma couchette.

- Ça arrive parfois. J'espère que vous avez bien dormi malgré cet incident. Comment vous sentez-vous ?
- Ça va bien, merci. D'où viennent ces secousses et ces vibrations ? On dirait que la terre tremble.
- Non, la terre, c'est impossible. Il y a des chocs quand notre bouclier magnétique écarte de petits obstacles. Apparemment, nous traversons une région plus dense en ce moment. Mais vous connaissez ça mieux que moi puisque vous êtes un ingénieur.

Soudain, un flash d'une myriade de souvenirs me percute.

- Edena ! Mais oui ! Nous sommes dans le vaisseau ! Et nous nous dirigeons vers Edena !
- Aaah, très bien. Votre mémoire est en train de se dévoiler. Bienvenue à bord.

Les pièces du puzzle s'assemblent de manière plus cohérente.

- Mais oui ! La Mission ! Le vaisseau Nautilus en route vers la planète Edena. La propulsion par antigravité. Les raccourcis de l'espace-temps. Je me souviens maintenant.
- Bravo !
- Et le programme Trans-Vie ! Bien sûr, les longues expéditions ne sont réalisables que grâce à ce procédé innovant. Les graines de vie ne sont jamais périmées. Bien sûr !
- Exactement. Pendant toute la durée du trajet, nos vies sont restées en stand-by.

C'est exaltant ! C'est beau l'aventure de la conquête spatiale !

----------

- Alors ? Ça a fonctionné ? La renaissance a réussi pour tout le monde ?
- Non, malheureusement...
- Oh ?!
- Nous déplorons quatre échecs survenus lors des premiers retours. Vous le savez, la première vague est obligatoirement automatisée. Elle comporte donc plus de risques. Mais le plus tragique est arrivé pendant la deuxième vague.

C'était trop beau. Le rêve tourne au cauchemar.

- Un virus a provoqué une sorte d'épidémie. Il a contrecarré l'éclosion des graines de presque la moitié des membres d'équipage. Et parmi les absents, il y a le capitaine de vaisseau.
- Ce qui menace gravement notre Mission. Mais comment... ?
- Si la graine ne germe pas ou si elle se développe de travers, c'est perdu, il n'y a pas de seconde chance. Alors nos chercheurs ont travaillé sans relâche et ils ont trouvé un remède. Grâce à eux, la troisième vague de réveils collectifs est en cours et elle se déroule bien.

À sa demande, nous nous déplaçons jusqu'à une petite salle remplie d'appareils. Elle inspecte des graphiques sur ses écrans. Probablement les courbes des mesures émises par mes capteurs.
Brusquement, un choc violent nous déstabilise. Cette fois, il y a de l'inquiétude dans ses grands yeux. Elle s'exclame :

- Encore une secousse !
- Il y en a souvent ?
- Non, c'est plutôt rare, mais il y en a de plus en plus. Celle-ci était particulièrement forte. Vous pensez qu'il y a un danger ?
- Je ne sais pas. Le vaisseau est solide et son bouclier magnétique est puissant. Mais c'est bizarre, en principe, notre route devrait éviter les zones périlleuses quand même.
- Oui. Mais l'équipage est en partie décimé et il manque un capitaine de vaisseau.
- De toute façon, la navigation est certainement assurée à 99 pour cent par le pilotage automatique.
- Ok, mais alors comment expliquer ces vibrations et ces chocs répétés ?

Comme pour renforcer ses doutes, les tremblements reprennent de plus belle sous nos pieds.

- Vous avez raison. Il faut faire quelque chose ! Je vais tout de suite aller voir comment on exerce la navigation dans ce vaisseau.
- Hé, mais vous êtes encore en observation !
- Alors, allons-y ensemble. Vous pourrez veiller sur ma santé. Vite, courons au poste de pilotage.

----------

Nous nous dépêchons à travers les couloirs jusqu'à la salle de navigation. Là, au milieu d'écrans clignotants, quelques membres d'équipage s'activent frénétiquement. Ils manipulent avec fièvre les boutons et les manettes de grands tableaux de commande. Ils semblent dépassés.

Sans trop les déranger, nous essayons de comprendre la situation.

- Le pilotage automatique a subi une défaillance. Il a conduit le vaisseau vers une région de l'espace trop dense. Nous nous efforçons de rectifier la trajectoire. Mais il nous reste très peu de temps avant de percuter cette ceinture stellaire qui nous barre l'horizon.

En effet, les écrans des radars montrent une immense barrière d'étoiles qui semble foncer vers nous.

Les postes vacants ne manquent pas dans la salle. Ma protectrice et moi prenons place et nous nous mettons immédiatement au travail. J'effectue une série de calculs complexes. Elle se renseigne auprès des collègues et me rapporte des informations utiles. De temps en temps, une secousse vient nous rappeler l'urgence de notre sort.

Nous réfléchissons ensemble.

- Notre vaisseau se déplace à une telle vitesse que la ceinture stellaire géante est comme un mur d'étoiles infranchissable.
- C'est une ceinture. Alors qu'y a-t-il à l'intérieur ?
- Au centre de la ceinture, il y a un autre piège mortel. Il y a un énorme trou noir.

Ce titan supermassif avale goulûment tout ce qui passe à sa portée.

- Mais pour éviter le mur, il n'y a qu'une seule issue, il faut traverser le trou noir. Si notre vaisseau tombe dedans, ne pourra-t-il vraiment pas s'en échapper ensuite ?
- Non, aucune chance. Rien ne peut résister à l'attraction monstrueuse du trou noir. C'est un ogre.

Soudain, à nouveau, le bouclier encaisse quelques coups et nous sommes durement bousculés. Le mur se rapproche dangereusement.

Il faut oser ! N'importe quoi !

- Alors nous n'avons pas le choix. Nous devons nous faufiler entre les deux ! Entre la ceinture stellaire et le trou noir.
- Entre les deux ?! Mais c'est de la folie !

Elle me regarde fixement, avec une détermination charmante.

- Oui certainement.

----------

Avec le plus grand empressement, nous exposons notre idée délirante à nos collègues. Nous devons unir nos efforts et tenter notre dernière chance. Immédiatement, chacun se précipite à la tâche.

On calcule. On compte. On mesure. On résout. On décide.
Il reste très peu de temps.
Le vaisseau progresse par saccades.

Dix.
On dessine. On trace. On encode. On corrige. On redresse.
Il cahote agité de soubresauts.

Neuf.
On souffle. On soupire. On peine. On transpire. On souffre.
Il agonise. Il râle.

Huit.
Nous sommes secoués, ballottés, bringuebalés.
Et finalement, ça y est ! Le vaisseau amorce un virage serré.
S'approchant de la frontière du trou noir, il oscille d'un côté puis de l'autre.

Sept.
Visant la limite entre le désastre et l'abîme.

Six.
Le point entre le cataclysme et l'anéantissement.

Cinq.
Sur le fil du rasoir il hésite.

Quatre.
À gauche, les étoiles se jettent droit sur nous.

Trois.
À droite, le trou noir ouvre sa gueule gigantesque.

Deux.
À gauche, l'espace se densifie jusqu'à devenir opaque.

Un.
À droite, le trou noir nous engloutit.

Zéro.
- Aaaaaaaaah !

Et ça passe miraculeusement !

----------

- Ouf ! Sauvés ! Pfiouuu ! Incroyable ! Nous avons réussi ! C'est formidable !

On saute de joie. On s'embrasse. On se félicite à grands cris.

- Vivants ! Nous sommes vivants !

Je saisis les mains de ma nouvelle amie. L'espoir, le courage, la peur, le soulagement, la joie... Les émotions extrêmes que nous avons partagées nous ont rendus plus proches l'un de l'autre. Nous restons un long moment les yeux dans les yeux.

- Nous formons une bonne équipe tous les deux.
- Oh oui, restons ensemble.
- D'accord, du fond du coeur.

Finalement, le trou noir a servi de tremplin à notre vaisseau. Nous continuons notre route en empruntant par-ci par-là des trous de ver et d'autres raccourcis de l'espace-temps.

Bientôt, le moment viendra de se poser sur Edena. Et c'est là que commencera la véritable aventure.
Notre cargaison de graines de vie tiendra sûrement ses promesses...

----------




Pour Nautilus, merci à Jules Verne dans le roman Vingt mille lieues sous les mers.
Pour Edena, merci à Moebius dans la bande dessinée Le Monde d'Edena.
Concernant les trous noirs, la cosmologie, etc, merci notamment à Aurélien Barrau.


Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Chroniques de Héros - 6/30 (PA)
Lame37

Réponses: 15
Vues: 5179

Rechercher dans: Nouvelles   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: Chroniques de Héros - 6/30 (PA)    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyMar 20 Mar 2018 - 13:25
Salut à toutes et à tous, pendant que le projet Shadows avance doucement, un autre projet est en cours. Il s'agit d'un recueil de nouvelles sur des "héros" développés ou pas du tout dans Genèse, mais bien présents. Certains ont donc eu un rôle important dans l'histoire principale. Vous n'avez pas forcément besoin d'avoir lu Genèse du Combat pour comprendre.
J'espère que ce format vous plaira et que les différents récits et thématiques développés vous intéresseront. D'avance, merci de me suivre.

Chroniques de Héros

#Action - #Fantasy - #Surnaturel - #Science-fiction-Anticipation

Sommaire :
 



blanc

1.1 - Journée Ordinaire

Jeudi 03 mars 2020, sept heures : je sors de mon lit comme tous les matins d’école. Encore une journée ordinaire qui s’annonce. Ce jour ressemble aux autres jours  : habillage, petit-déjeuner, vérification du contenu du sac et des affaires de cours. J’ai tout, c’est bon je peux y aller.
Une casquette bleue sur mes cheveux courts, roux faisant de l'ombre à mes yeux verts, un tee-shirt blanc avec un logo bizarre, pantalon en jean et baskets noires, et mon sac. Hugo / "Poils de carotte", quatorze ans, est paré pour cette nouvelle journée. Nouvelle journée tu parles. Journée habituelle, oui.

Comme d’habitude, le bus est bondé, je suis obligé d’y aller à pied. Le trajet est tranquille, trop tranquille et long, trop long. Ce que j'aimerais pouvoir voler ou du moins me déplacer autrement que juste à pied. Je cours un peu en pensant à ce que j'aurais fait si j’étais dans le bus. Je serais peut-être allé parler à Sara, mais elle est toujours inaccessible. Pourtant, elle est juste mignonne et personne ne lui court après. D’ailleurs personne ne l’approche, tout le monde l’évite, et je ne sais pourquoi.
Et, moi dans tout ça, je ne suis rien qu’un gringalet incapable de protéger qui que ce soit, même pas la fille qui a volé mon cœur, ni moi-même. Je suis nul et pourtant, j’ai l’espoir qu’un jour tout change. Je suis trop timide, et trop une victime. Je ne peux rien faire contre les caïds de mon bahut.

Le bus est déjà arrivé depuis cinq bonnes minutes, et me voilà. Tiens, aujourd’hui je suis arrivé dix minutes en avance, avant la première sonnerie qui annonce l’ouverture du portail de l’école Alouette Pergeon. Quelle idée d’appeler une école ainsi, le gars n’a pas fait grand-chose, si ce n’est contredire avec ses recherches des lois de math existentielles, comme la gravité.
Sara est accoudée tranquille à un arbre, son endroit habituel avant d’entrer dans l’école. Ah, cheveux longs châtains aux vents voilant ses yeux marron orangé, un tee-shirt bleu marine uni, et un jean assorti à ses « chaussures-rollers » rouges. Un peu garçon manqué, mais je l’aime et je ne peux rien faire d’autre que la regarder discrètement dans mon coin.

Les trois caïds du collège sont là, et la sonnerie ne sonne que dans huit minutes. La cible d’aujourd’hui, moi à coup sûr. Tiens, où ils vont ces trois-là ? Ils se dirigent vers Sara, mon cœur ne fait qu’un tour. Dans un premier temps, ils la maltraitent moralement. Prochaine étape : vol d’un objet cher à la personne, puis racket. C’est la procédure habituelle, je la connais par-coeur. Je ne suis pas la seule victime de l’établissement, mais aujourd’hui ils s’attaquent à Sara !

Sept minutes avant la sonnerie. Je m’élance. Mais là je ne cours pas. Qu'est-ce qu’il m’arrive ? Je vole ? On dirait bien. Je me pose juste dans leur dos. Ma venue les surprend. Déjà l’un d’eux part dans un buisson d’un seul coup de poing. J’ai fait ça ? Sara assène un coup violent de bouquin à un des caïds. Je frappe encore et il va rejoindre son camarade dans les fourrés.
Au lieu de fuir, le troisième m’attaque de front. Hop ! Esquive et uppercut, ça fait mal. « Attention ! » me crie Sara. Les deux autres n’avaient pas bien compris ce qui leur était arrivé, alors ils reviennent à la charge. Un coup part dans ma direction mais je le stoppe juste à temps. J’enchaîne avec un coup dans le bide de l’agresseur et l’envoie valser là où il aurait dû rester. Sara assène un coup de coude à l’un des restants. Il se voûte et s’expose alors à moi qui en profite pour le renvoyer avec son camarade dans les fourrés. Je ne suis pas très baston, mais là je ne me suis pas trop mal débrouillé. Je suis un peu épuisé pour le dernier qui restait.

Cinq minutes avant la sonnerie, le dernier s’enfuit. Ouf ! C'était chaud. Je demeure un moment seul avec Sara qui me prend la main et m'entraîne vers le portail. Plus rien ne sera pareil maintenant. Et on ne se quittera pas de sitôt. L’ordinaire a volé en éclats, Sara je t’aime et tu acceptes mes sentiments. Nos pieds ne touchent plus terre sous les yeux ébahis de nos camarades. Enfin, la sonnerie. Envole-moi comme disait Goldman. Ah, quel bonheur.

Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: [ANCIEN]Notes de Patch que personne ne lit
Alton

Réponses: 339
Vues: 11043

Rechercher dans: Vie administrative   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: [ANCIEN]Notes de Patch que personne ne lit    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySam 16 Sep 2017 - 9:08
Mes salutations les plus clinquantes !

A mon tours de spammer ici comme un sauvage !

Comme vous l'avez sans doute déjà remarqué, une nouvelle liste de genre (sans raton-laveur est apparu) chacun des items de cette listes est un lien vers les sujet appartenant à la liste (au moment ou j'écris seul quelques genres son occupés, mais le peuplement ne saurai tarder ) et puis ça donne une idée de a qui ça sert !

Hee ... T'est gentil Alton ... mais Cooment on apparaît dans la liste ? Hein Hein ... Comment je fais hein !!!!

C'est simple bon ami nocturniens, il suffit de taguer vos texte comme indiquéhttp://www.encre-nocturne.com/t4283-convention-du-forum#46961

La liste de tag pour éviter de se promener à chaque fois là bas

Genre(s) au choix (minimum 1) : #Aventures - #Action - #Fantasy - #Science-fiction-Anticipation - #Romance - #Réaliste - #Amitié-Famille - #Surnaturel - #Policier-Thriller - #Drame-Tragédie - #Epouvante-Horreur - #Humour - #Spirituel-Philosophie

Juste une petite précision : Les tag, en plus d'être assez rigolo pour taguer n'importe quoi #Voilà #Utilité, sont un peu capricieux, du coup si vous votre etiquette n'est pas exactement celle attendue, l'annuaire improvisé ne les reconnaîtra pas (ça compte pour les majuscules)

Ah oui, et si un admin pase dans le coin, il pourra modifier la charte pour virer les accents des tags qui ne sont pas reconnu ?

Comme d'habitude n'hésitez pas à râler si ça ne marche pas, (sinon là c'est un peu moche, je viendrai peaufiner dans la journée là je dois vraiment y aller ... :unjournormal: )

Bonne journée à vous !
Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: PHF 5 : Tawny Fluid ; Mad Wolf ; Steel Punch ; Sword Spirit
Lame37

Réponses: 5
Vues: 1963

Rechercher dans: Bariolés   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: PHF 5 : Tawny Fluid ; Mad Wolf ; Steel Punch ; Sword Spirit    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyLun 24 Avr 2017 - 17:46
Salut à toutes et à tous. Encore une publication de héros, c'est la dernière, après viendra le bonus (si vous êtes sages) et le début de la genèse des héros (leurs origines).
Voici donc les quatre derniers héros. On se retrouve en fin de doc.

#Fantasy - #Science-fiction-Anticipation

Tawny Fluid : Fauvar, guerrier fauve avec du fluide augmentant sa force. Il peut accéder aux formes = Fauvar normal < Fauvar Sauvage (augmentation de la puissance antérieure par 2). Il peut en plus passer en mode ultime (don obtenu par lègue de la part d'un Fauvar apparenté de niveau Fauvar Sauvage) = Fauvar Extrême (augmentation de la puissance antérieure par 1,50 voire 1,75). Il se bat à coup de pattes et griffes et peut envoyer des attaques à distance.
Son nom signifie : Fauve du fluide.

Sources : Blue Lantern Siberius by saber4734 ; Blue Lantern Siberius by semaj007 ; décor de flammes bleus.


Mad Wolf : sang-mêlé loup – Lycan. C'est un combattant avec un esprit de guerrier humain (transmit de génération en génération), cela explique son apparence anthropomorphe. Il peut également accéder à la forme Lycan (augmentation de la masse musculaire et augmentation de la puissance antérieure par 2). De plus, il peut passer en Lycan-White (appel de la force spirituelle des ancêtres ; augmentation de la puissance antérieure par 2). Il se bat à coup de pattes et griffes et possède une lame courbe.
Son nom signifie : Loup enragé.

Sources : DESIGN YOUR OWN HERO CONTEST!!! | Innospark Forums world of warcraft worgen rogue art ; loup garou Centerblog ; guerrier loup-garou Wallpaper – ForWallpaper.com ; u3ez0xqu.jpg Emmanuel8900 – Centerblog.

Steel Punch ; Sword Spirit

PHF 1.1 : Lancement ; Hit Fast ; PHF 1.2 : Récap de puissances
PHF 2.1 : Iron Soldier ; Léo Fighter ; PHF 2.2 : Roby Clash ; modèle Comète
PHF 3.1 : Lightning Eagle ; Crist Orc ; PHF 3.2 : Ninj-Dimens ; Blade Force
PHF 4.1 : Soul Tempest ; Ronin Mist ; PHF 4.2 : Drigo Jr ; Volcanice
Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: PHF 4 : Soul Tempest ; Ronin Mist ; Drigo Jr ; Volcanice
Lame37

Réponses: 4
Vues: 2209

Rechercher dans: Bariolés   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: PHF 4 : Soul Tempest ; Ronin Mist ; Drigo Jr ; Volcanice    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySam 1 Avr 2017 - 13:41
Salut à toutes et à tous, voilà encore des héros. Il s'agit de l'avant dernière publication, et oui on arrive à la fin.

#Fantasy - #Science-fiction-Anticipation - #Surnaturel

Soul-Tempest : sang-mêlé humain-Thornsan, humanoïde à épines. C'est un maître des quatre éléments principaux (feu, air, eau, terre). Il peut faire des attaques en combinant des éléments et peut accéder à une forme élémentaire (augmentation de la puissance par 3 voir 3.5). Il est ambidextre et possède un sabre avec fourreau en bois.
Son nom signifie Âme de la tempête.

Sources : Armors, Devil and Armour on Pinterest-www.pinterest.com ; The 4 elements | Pinterest


Ronin-Mist : humain sabreur sang-mêlé mutant de l'ombre et du Cosmos (puissantes ondes de choc). Il peut produire des attaques simples ou combinées.
Son nom signifie Samouraï mystérieux.

Sources : Jeu créer personnage anti-héros (JeuxFr.org) ; orbe ;
Cosmo | Seiyapedia | Fandom powered by Wikia A scene when Mu explains that Cosmos is actually Seventh Sense ; ORE 18:00 TENEBRE su DENTRO ME Libero Blog-Trackback

Commentez et donnez vos avis. Un texte sur la genèse des héros est en cour de préparation, merci d'être patient.

Drigo Jr ; Volcanice

PHF 1.1 : Lancement ; Hit Fast ; PHF 1.2 : Récap de puissances
PHF 2.1 : Iron Soldier ; Léo Fighter ; PHF 2.2 : Roby Clash ; modèle Comète
PHF 3.1 : Lightning Eagle ; Crist Orc ; PHF 3.2 : Ninj-Dimens ; Blade Force
PHF 5.1 : Tawny Fluid ; Mad Wolf ; PHF 5.2 : Steel Punch ; Sword Spirit
Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: PHF 3 : Lightning Eagle ; Crist Orc ; Ninj-Dimens ; Blade Force
Lame37

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Rechercher dans: Créations bariolées   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: PHF 3 : Lightning Eagle ; Crist Orc ; Ninj-Dimens ; Blade Force    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyMer 22 Mar 2017 - 18:08
Salut à toutes et à tous, voici d'autres héros pour vous récompenser de me suivre.

#Fantasy - #Science-fiction-Anticipation - #Surnaturel

Lightning Eagle : guerrier aigle avec des pouvoirs de foudre (éclairs, dopage au niveau de la vitesse). Il se bat à coup de serres et possède une lance.
Son nom signifie : Aigle de foudre.

Sources : 1000+ ideas about Garuda on Pinterest-Garuda by FreedomIsNow ; Fureur-Céleste-La Lance de Lordaeron ; foudre


Crist-Orc : Orc maître du Korac (cristal pur et vivant). Il manie le cristal selon sa volonté grâce à une dague en Korac. Il possède en plus une grosse hache à deux mains.
Son nom signifie : Orc du cristal.


Sources : Render World of Warcraft - Renders Wow Warcraft Orc ; kristal kwarts phurba poignard gesneden tibetaanse ; fond de cristal

Pour les deux autres héros, c'est par ici.
Ninja-Dimens ; Blade Force

PHF 1.1 : Lancement ; Hit Fast ; PHF 1.2 : Récap de puissances
PHF 2.1 : Iron Soldier ; Léo Fighter ; PHF 2.2 : Roby Clash ; modèle Comète
PHF 4.1 : Soul Tempest ; Ronin Mist ; PHF 4.2 : Drigo Jr ; Volcanice
PHF 5.1 : Tawny Fluid ; Mad Wolf ; PHF 5.2 : Steel Punch ; Sword Spirit
Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: PHF 2 : Iron Soldier ; Léo Fighter ; Roby Clash ; modèle Comète
Lame37

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Rechercher dans: Bariolés   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: PHF 2 : Iron Soldier ; Léo Fighter ; Roby Clash ; modèle Comète    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySam 25 Fév 2017 - 19:25
Salut à tous.
Comme promis voici une nouvelle présentation pour non pas 1, ni 2, mais bien 3 héros + le modèle de base pour le "Comète".

#Fantasy - #Science-fiction-Anticipation - #Surnaturel

Iron-Soldier : humain sans pouvoir pouvant augmenter ses performances avec des gélules de fulgurance. Il dispose d'un sabre rétractable et une armure résistante.
Son nom signifie : Soldat de fer.

Sources : Uncategorized | my new year and Christmas (sabre) ; 1000+ images about Colour Swap on Pinterest | Spiderman, Jokers ... (héros)


Léo Fighter : War-feline, guerrier félin de type lion. Il a des capacités de frappes d'onde et vitesse. Il se bat généralement à coup de pattes et griffes.
Son nom signifie : Lion combattant.

Image modifiée, références : Quand les signes du zodiaque se transforment en monstres ; Hitek ; Lion

Voilà, N'hésitez pas à réagir en donnant votre avis et en posant vos questions.
Roby Clash ; modèle Comète

PHF 1.1 : Lancement ; Hit Fast ; PHF 1.2 : Récap de puissances
PHF 3.1 : Lightning Eagle ; Crist Orc ; PHF 3.2 : Ninj-Dimens ; Blade Force
PHF 4.1 : Soul Tempest ; Ronin Mist ; PHF 4.2 : Drigo Jr ; Volcanice
PHF 5.1 : Tawny Fluid ; Mad Wolf ; PHF 5.2 : Steel Punch ; Sword Spirit
Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Gourmet de Plastique
Cornedor

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Rechercher dans: Nouvelles   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: Gourmet de Plastique    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyDim 12 Fév 2017 - 23:11
#Science-fiction-Anticipation - #Drame-Tragédie

COUCOU.

Je me suis rendue compte qu'il me restait encore un texte dans mes placards AHDE Toujours dans ma dernière série "Bêtes de l'Apocalypse".

Je vous laisse découvrir ça, c'est court.

Je n'ai qu'une chose à dire : VIVE LES LAPINS.



Viens voir d'autres textes sur les Bêtes de l'Apocalypse ici :

Par delà les rails et la nuit
Un simple chien dans le désert
Vend simili-ficus sur peau d'éléphant
Ce que pensent les chauve-souris

:unjournormal:







   


   
Gourmet de plastique
   

   

           

   



                 - Je suis un lapin, lapin, lapin.

                 Un éclat doré scintilla dans la pénombre. Un œil grand et rond. La pupille tressaillit, fusa à gauche, voltigea à droite, revint à gauche se percher sur un détail caché dans le décor.

                 - J'aime les trucs toxiques, toxiques, toxiques.

                 D'un coup de pattes, l'étrange bestiole se propulsa en avant. La peau de son échine, étrange carrosserie, luisit dans les ténèbres en renvoyant des pépites lumineuses sur les objets qui l'entouraient.  

                 - Plastique ? Plastique ? demanda sa voix vive à un rebut de couleur rose.

                 Son petit nez plat s'agita follement, plein d'enthousiasme, en reniflant la chose en question. Une vieille coque de téléphone portable couverte de poussière.

                 - Plastique, confirma le lapin pour lui-même. Manger ?

                 Un bref silence. Son immense oreille se dressa, telle un périscope de sous-marin, et pivota lentement dans l'espoir de capter une réponse dans le silence ambiant. Une minute passa.

                 - Manger, acheva-t-il enfin devant l'absence de répartie.

                 Ni une ni deux, il planta dans la coque ses dents plus aiguisées que des rasoirs, la sectionnant en un crac. Puis ses mandibules se mirent à l'ouvrage.

                 Trente secondes plus tard, l'objet avait déjà disparu. Le petit lagomorphe renifla les trois miettes qui restaient avec un air penaud. Puis il s'ébroua les oreilles et déguerpit en bondissant.

                 - Je suis un lapin, lapin, lapin…

                 En fait, il n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait bien être un lapin. Il y avait longtemps, bien longtemps, que la mutation génétique avait pris le pas sur l'espèce d'origine. Les bouffeurs de plastique, comme on les appelait à l'époque, se multipliaient très vite et leurs gènes étaient dominants ; ils étaient capables de se reproduire avec des lapins mais de donner ensuite une progéniture pure à 90%. De plus, ils pouvaient digérer en une heure plus de plomb, de mercure et de pétrole qu'aucun animal naturel n'était capable d'absorber durant toute sa vie. Depuis des décennies, il n'y avait plus aucun pissenlit pour nourrir les véritables lapins. En revanche, le monde croulait sous ses propres détritus.

                 Ils étaient le chef-d'œuvre des bio-ingénieurs de l'époque ; la première pièce du bestiaire qui allait voir le jour ensuite.

                 La petite voix d'automate, un peu nasillarde, s'éleva à nouveau dans le silence absolu qui régnait sur la plaine de déchets.

                 - J'aime les trucs toxiques, toxiques, toxiques…

                 Un saut par ci, un saut par là ; la petite silhouette aux membres élastiques, à la carrosserie bleu ciel, avait décidé de jouer à saute-mouton avec le squelette d'un lave-vaisselle éventré.

                 - Plastique ?
 
                 Silence. Reniflements.

                 - Plastiiiiiique ?

                 Décontenancée, la bestiole fixait des étendoirs de métal, gainés de blanc.

                 - Plastique ? Plastique ? Plastiiiiiiiiiique ?

                 Décidément, il n'y avait pas moyen d'avoir une réponse dans cette foutue décharge ! Il  pencha la tête d'un côté puis de l'autre, écoutant ses deux instincts ; l'un, le millénaire, celui qui découlait de ses ancêtres bondissant dans les prairies, lui disait de ne jamais croquer dans une chose inconnue. C'était une voix ancienne, tissée de vent, de foin et de pluie. Le second, un programme implanté dans son cerveau par les généticiens, lui ordonnait de manger absolument tout ce qui attirait son attention. Cette voix-ci avait un goût de fer et de plastique, elle était durcie de règles et d'interdictions.

                 L'automate s'ébroua deux fois, puis une troisième, sur le point de devenir fou face à ce dilemme qu'il rencontrait pourtant une dizaine de fois par jour.

                 - Métal, dit soudain une voix en tout point semblable à la sienne.

                 Notre bestiole eut un sursaut terrifié. Elle se tourna vers le nouveau venu, prête à déguerpir, son petit cœur de lapin tonnant dans sa poitrine. Il s'agissait d'un de ses congénères à armure noire, fièrement dressé sur un lave-linge en surplomb. Ses yeux d'or scrutaient le petit lapin bleu.

                 - Métal ? Plastique ? demanda encore celui-ci, peureux de nature.

                 - Métal, grogna l'autre à nouveau - ces jeunes n'avaient vraiment rien dans la cervelle.

                 - Métal, répéta le bleuet à oreilles, tout content. Métal.

                 Son nouveau maître grinça des dents, ces vieilles lames de rasoirs tout émoussées qui ne seraient bientôt plus bonnes à rien. Il n'avait que trois ans. D'ici un mois, incapable de se nourrir, il rejoindrait les déchets et les métaux lourds qui brillaient sous ses pattes. Son cerveau avait déjà commencé le compte à rebours.

                 Il frappa le sol d'une longue patte usée, puis bondit et disparut dans un éclair noir.

                 Déconcerté par le départ de celui qu'il venait d'élever au rang de mentor, le jeunot se dressa sur son derrière, observant les alentours de ses grands yeux débordants de curiosité.

                 A l'ouest, une montagne de déchets ménagers ; à l'est, un vallon de machines fracassées. Au nord et au sud, des rivières d'emballages plastifiés qui accrochaient les pâles rayons de la lune, les transformant en éclats liquides.

                 - Plastique ? Plastiiiiiique ! s'enthousiasma le lapin fou de joie, oubliant son précieux maître disparu.

                 D'un puissant coup de pattes, il se propulsa vers le nord, bondit sur les obstacles détruits qui se présentaient à lui, franchit un ruisselet empoisonné, transperça une moustiquaire pleine de poussière, pulvérisa une vitre étoilée, prit son envol dans une giboulée de vent glacé qui le poussa vers le ciel. Pris par la course et le jeu, il avait déjà oublié la rivière de plastique. Des tourbillons de mouches s'envolaient sur son passage furieux, les liquides toxiques giclaient dans de grandes gerbes colorées, les éclats de verre dansaient sous les coups de ses pattes, des étincelles jaillissaient dans de petites apocalypses éphémères. A chaque bond, l'espace d'un instant, les oreilles au vent et les pattes étendues, il était le roi de la décharge, le prince du plastique, il touchait le ciel, ce vieux ciel noir et obscur que les nuages de plomb torturaient un peu plus chaque jour depuis qu'il était né. Il était seul et libre, il était lapin filant dans les prairies verdoyantes qu'il n'avait pas connues, il frôlait une orchidée - pot d'échappement cassé - puis une vieille souche mangée de mousse - télévision bouffée de rouille - puis un grand champignon doux - le pied d'une chaise recrachée par le sol.

                 Lors de ces instants, de ces petites secondes volées au destin, il n'était plus vomi par la décharge comme cette chaise, il n'était plus né sous un bidon bleu frappé d'un symbole jaune, non, il était un être étrange uniquement fait de chair et d'os, et de poils, et de liberté, un être presque semblable à un oiseau, à ces créatures divines qui n'existaient plus mais dont la vieille télé du terrier crachotait parfois quelques images.

                 Mais la seconde d'après, il heurtait un store métallique, se rétablissait dans un fond de peinture caillée, se prenait les pattes dans un moteur de voiture et s'étalait sur le fouillis de lames qui remplaçait désormais les galets des rivières.

                 Ses poumons étaient emplis de feu, son cœur saturé d'amertume, et la lumière commençait à se faire plus forte, à rougir les nuages de cendres et de mercure. Sa pupille ronde se rétracta en tête d'épingle. Il était temps de rentrer au terrier.

                 Le long de son chemin, des gerbilles aux mâchoires de scie sauteuse découpaient des tuyaux métalliques en lançant des "Acier ? Acier !" enjoués ; des hamsters lapaient les flaques de produits chimiques en échangeant des rots ravis ; des souris affairées démantelaient les ruines sous-jacentes et grignotaient le béton par milliers.

                 Un éclat tendre et mou, de ceux que renvoyait le sacro-saint plastique, attira soudain l'œil du lapin bleu. Irrésistiblement fasciné, il gambada parmi les carcasses de robots cassés, esquiva la pointe agressive d'une pale d'éolienne, puis découvrit la chose.

                 Il s'agissait d'un de ses congénères, à la carrosserie blanche et usée. Etendu sur le sol chaotique, entre un cerf-volant détruit et des ruines de béton armé, il avait la gorge à l'air et le nez immobile.

                 Le petit bouffeur de plastique promena ses moustaches vibrantes le long du vieux lapin, s'attendant à être mordu. Aucune réaction. Bizarre bizarre. Son oreille exercée captait pourtant les battements irréguliers d'un cœur, sous le plastique de la carrosserie.

                 Le plastique de la carrosserie… Un éclair de compréhension illumina l'œil de la bestiole curieuse.

                 - Plastique ? demanda celle-ci avec espoir.

                 Il y eut un infime mouvement du côté du lapin blanc. Quelque chose comme une déglutition.

                 - Plastiiiiique ? insista le jeunot.

                 Il tapota d'une patte nerveuse la peau de synthèse du vieillard. Et fit un bond de dix centimètres lorsque celui-ci ouvrit un œil voilé et le fixa sur lui.

                 Il y eut un silence.

                 - Plastique ? répéta enfin le lapin bleu d'une voix timide.

                 - Plastique, confirma l'autre.

                 Il ne bougeait toujours pas, aussi immobile qu'une peluche sous la lumière rouge sang.

                 Le petit lapin bleu eut un frisson choqué. Il était face à un nouveau problème. Cela n'en finirait donc jamais ? Il  pencha la tête d'un côté puis de l'autre, écoutant ses deux instincts ; l'un, le millénaire, celui qui découlait de ses ancêtres bondissant dans les prairies, lui disait que les autres lapins ne se mangeaient pas. C'était une voix ancienne, tissée de vent, de foin et de pluie. Le second, un programme implanté dans son cerveau par les généticiens, lui ordonnait de manger absolument tout le pétrole à sa portée, quelle que soit sa forme. Cette voix-ci avait un goût de fer et de plastique, elle était durcie de règles et d'interdictions.

                 L'automate s'ébroua deux fois, puis une troisième, sur le point de devenir fou face à ce tout nouveau dilemme. Le lapin blanc parlait, mais ne bougeait pas. Or les robots aussi parlaient mais ne bougeaient pas. Les téléphones aussi. Les écrans de télévision aussi. Et les robots, les téléphones et les télés, ça, on mangeait.

                 Finalement, il utilisa la solution de secours, elle aussi incrustée dans ses gènes lors d'un temps où il y avait encore des gens pour lui répondre.

                 - Manger ?

                 Pas de réponse.

                 - Manger ? Mangeeeer ?

                 Silence. Le vieillard le fixait, l'or de son iris dans celui du jeunot, le cœur si lent à présent qu'il aurait pu s'arrêter d'une seconde à l'autre.

                 - Manger ?

                 Toujours rien. Le lapin bleu fit finalement demi-tour, désarçonné. Tant pis pour la carrosserie si appétissante.

                 - Manger, répondit enfin le vieux lapin derrière son dos. Manger.

                 Il avait fermé les paupières et attendait.




   


   Ceci est une phrase longue qui n'a d'autre but que d'élargir le fond blanc afin que vos mirettes ne se fatiguent pas jusqu'à l'usure, que dis-je, jusqu'à la dissolution ! (ça, vous devez le laisser, de toute manière on le verra pas, faites-moi confiance je vous dis !)
   

   
Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Vend simili-ficus sur peau d'éléphant
Cornedor

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Rechercher dans: Nouvelles   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: Vend simili-ficus sur peau d'éléphant    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyJeu 19 Jan 2017 - 20:06
SUR CE. Voici la bestiole du jour. AHDE AHDE
(ne vous faites pas avoir par la """"longueur""" du truc, ça se lit extrêmement vite)


 #Science-fiction-Anticipation - #Drame-Tragédie  #Humour


Les autres Bêtes de l'Apocalypse :

Par delà les rails et la nuit
Un simple chien dans le désert
Gourmet de plastique
Ce que pensent les chauve-souris





   



   
Vend simili-ficus sur peau d'éléphant
   

   

           

   
   


                 Cette foutue plante verte commence à me casser sérieusement les bonbons.

                 C'est la faute de cette pouffiasse qui me sert de propriétaire, aussi. Faut vraiment être con pour planter un truc pareil sur le dessus de mon crâne. Ailleurs, d'accord, genre sur ma colonne vertébrale, ok. Mais là, j'ai l'impression d'être Marilyn Monroe. En version verte.                 Vous vous demandez ce que je suis, comme bestiau ? Imaginez un éléphant nain avec un palmier planté sur la tête. Voilà. De rien.

                 Non, allez, j'exagère. C'est pas un palmier. C'est plus un genre de ficus. Un simili-ficus qui consomme cinq fois plus de CO2 que son copain naturel.

                 Et qui se balance bêtement dès que je bouge la tête.

                 Dites, moi, je veux bien être conçu pour faire carpette moussue dans un coin, mais pas affublé d'une frange aussi ridicule. Par pitié.
                 
                 Vous voulez savoir pourquoi je me trimballe un simili-ficus sur la tronche, un bébé érable sur le dos et une centaine de mousses différentes sur tout le reste de la surface disponible ? Hein ? Accrochez-vous.

                 En gros, je suis la bonbonne d'oxygène de ma propriétaire. Enfin, l'une des bonbonnes d'oxygène. Moi, je suis destiné à l'intérieur. (Et si vous vous demandez ce que fiche un éléphant dans un salon luxueux, allez demander réparation aux scientifiques qui m'ont conçu, ils avaient l'air de trouver ça logique, eux.)

                 Ça va, jusque-là, vous suivez ? Ok, on continue.

                 Je suis aussi un aspirateur à déchets organiques. Ouais, je nettoie l'eau du bassin aux poissons, je mange les crottes du chien de ma propriétaire, je mange les crottes du chat de ma propriétaire, je mange les crottes de ma propriétaire, je mange même ma propre merde, si vous voulez savoir. Et faites pas cette tête dégoûtée, hé ho. Je vais pas mettre des paillettes roses là où y'en a pas. Je digère tout ça et tous les nutriments passent dans ma peau et mes organes. Permettant d'y faire pousser toute une smala de plantes. Pas besoin de terre, ni même d'eau. Je suis un pot de fleur rempli de terreau. Voilà.

                 Du coup, je transforme des déchets en dioxygène. C'est tout bénef, je nettoie la maison et en plus je purifie l'air que respire ma proprio.

                 Et au niveau de l'eau ? Bah, vous savez, elle a pas trop de problèmes avec l'eau, elle. Vu tout son fric, elle sait même plus quoi en faire. Elle a des fontaines dans son jardin, des ruisseaux artificiels, des bassins à poissons - non mais sérieusement. Des bassins à poissons quoi. Et aussi des mares avec de faux nénuphars en plastique et de fausses grenouilles aux yeux de verre. Charmant, hein.

                 Oh, je suis pas le seul à végéter chez elle. (Haha. Végéter.)Enfin je veux dire, je suis pas seul avec ces satanées figurines qui me donnent des cauchemars. Y'a aussi plein de limaces porte-graines qui laissent leur bave partout, une dizaine de tortues géantes qui se baladent dans le jardin - pour y trouver quoi, sérieusement ? C'est un jardin en béton.

                 Ouais, c'est la mode du minéral. En même temps, la seule terre qui reste, sur cette putain de planète, elle est éclatée par le soleil, lézardée par la chaleur, plus stérile qu'un plat en terre cuite. Et puis soyons honnêtes, entre les nappes phréatiques contaminées (caca) et les pluies acides (très gros caca) , c'est pas la peine d'espérer faire pousser son petit bonzaï ou son petit massif de pâquerettes. Même les cactus, ils ont arrêté de tenir le coup. Du coup, pour avoir un beau jardin, ben les gens le coulent sous une tonne ou deux de béton, font de jolies spirales, de jolies marches, de jolies sculptures contemporaines. Et puis après ils posent trois gros cailloux au milieu et l'intitulent "Jardin de méditation". Kof kof kof.

                 Enfin moi, après tout, je m'en fous. Je m'en tire plutôt bien. Pas comme la tortue qui est sous le séquoia, là-bas au fond du jardin. Ben ouais, ces crétines de tortues, elles se laissent ensemencer avec n'importe quoi. Du coup la moitié d'entre elles se trimballent des chênes, des frênes, des sapins, des peupliers. Sauf que ces saletés, ça développe des racines de ouf, et ça finit par peser très, très lourd sur la carapace. Bon, moi, avec mon bébé érable, c'est pas terrible non plus, mais je le trouvais mignon, je me suis dit que j'allais le garder. Et puis avec un peu de chance, ça empêchera ma proprio de me planter un autre arbre sur le dos.

                 Bref, cette pauvre tortue, faudrait p't'être  que j'aille la voir un de ces jours, vérifier qu'elle est pas morte, se taper un peu la discute, tout ça tout ça. Ça fait un bail que j'y suis pas retourné, au fond du jardin. En même temps, c'pas de ma faute, j'ai pas été créé pour parcourir des distances pareilles. Moi, je suis fait pour piétiner d'un bout à l'autre du salon. Voilà.

                 M'enfin bref, je commence à m'emmerder ferme sur le canapé. Normalement, j'ai pas le droit d'y aller, mais ma propriétaire est partie à un repas mondain, niark niark.
                 
                 Ni une ni deux, je descends de mon tas de coussins et vais me dégourdir les pattes dans le jardin.

                 …

                 Oups. Je viens de scalper méchamment mon palmier en passant sous le linteau de porte. Enfin, mon ficus. Enfin, mon truc qui ressemble à un ficus. Enfin bref on s'en fout, c'est bien fait pour sa gueule.

                 …

                 Putain mais ce jardin est vraiment hyper long, en fait. Je rigole pas, il fait au moins vingt mètres. Non, en vrai, il en fait quarante. J'avance à une allure d'escargot. Et puis je sue comme un bœuf, c'est génial. Enfin bref.

                 …

                 Ce séquoia est réellement gigantesque. Je me choppe le vertige rien qu'en levant la tête.

                 …

                 Mais dites donc. J'hallucine. Elle est kaput, cette vieille tortue. Même ses paupières sont recouvertes de mousse.

                 …

                 Ouaip, après avoir testé du bout de la trompe, je confirme. Elle est morte. Pouf.

                 En même temps, elle a quelque chose comme une tonne de séquoia sur le dos, alors bon, fallait s'y attendre.

                 …

                 Houlà là, mais c'est carrément flippant de près. On voit les énormes racines de l'arbre qui éclatent sa carapace, s'enfoncent dans son corps et ses organes avant de jaillir de son ventre pour ramper sur le béton.

                 Ouais non, mon pote, le béton c'est peut-être pas une bonne idée. Bon courage si tu veux pomper là-dedans, hein.

                 Pff. Et voilà ce qui arrive quand on prend pas garde à ce que cette satanée proprio nous plante sur le bulbe. Cette meuf, je vous jure, elle s'en fout si ses tortues crèvent comme des mouches et que ses limaces se décomposent vivantes. Tant qu'il y a trois bourgeons qui percent ou encore mieux, un gros arbre pour lui produire de l'air et lui climatiser sa maison, vogue la galère, on continue.

                 Tsss.

                 Heureusement, ça risque pas de m'arriver. Enfin, tant qu'il y a mon pote diplo' pour me surveiller la peau.

                 Oui, allez, je vais vous le présenter, il est juste à côté. Plus qu'à retraverser le jardin. Ce qui va me prendre environ une demi-heure. Haut les cœurs.

                 …

                 Voilàààà. On y est preeeesque. Donc, je vous explique en marchant à mon allure de limace arthritique. En gros, ma proprio a tellement de sous qu'elle s'est même offert un diplodocus. Ouais, un bon vieux dino. Y'a plein d'avantages, pour elle. Il peut bouffer des kilos et des kilos de merde par jour. Ça, c'est cool. On lui apporte une brouette le matin, une autre le soir, et pouf, il fait place nette. Ensuite, il est si énorme qu'on peut lui planter une ligne de peupliers sur l'échine, ou bien un ou deux séquoias sans problème. En voilà un qui risque pas de tomber en miettes, pas avant de ressembler à un bout de forêt.

                 Sauf qu'évidemment, ce genre de bestiau est un peu encombrant. Et s'il a envie de se dégourdir les pattes, il fera bien plus de dégâts qu'un petit éléphant de salon. (Même si, entre nous, il n'y a pas grand-chose à casser dans un jardin en pierre. Ah si, suis-je bête. Il ne faudrait pas faire tomber les gros cailloux dédiés à la méditation.) Mais bonne nouvelle ! Les scientifiques ont résolu le problème.

                 Ils se sont dit : "Ben, on n'a qu'à pas lui mettre de pattes, comme ça, il risque pas de bouger."

                 Ça, c'est de la logique. Moi aussi, j'aurais pu faire Bac +9, hein.

                 Clique sur J'aime pour sauver un dino cul-de-jatte. Rt si c trist.
                 …

                 Ben oui, bien sûr que c'est triste. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, moi ? Pourquoi lui et pas moi ? Des fois j'ai envie de m'en servir, de mes pattes nulles, et dans le salon de la proprio ! De laisser sortir ma rage et de tout casser autour de moi, jusqu'à ce qu'elle se mette à hurler avec sa voix de crécelle, et à ce moment-là j'aurais une bonne excuse pour l'écrabouiller elle aussi.

                 Enfin bref. Si on pouvait faire ce qu'on veut, dans la vie, ça se saurait.

                 Ça y est, il m'a vu. Avec son cou de six mètres de long, il se la joue périscope en zone de guerre. Rien ne lui échappe sur les cinq kilomètres à la ronde. Il abaisse sa grosse tête moussue à mon niveau.

                 - Salut, l'eph.
                 - Salut, mon p'tit diplo. Quoi de neuf ?
                 - Rien. Et toi ?
                 - Rien.
                 - Quelle vie palpitante on a.
                 - Ça me sidère aussi. Ah si, tiens, la tortue du séquoia est crevée.
                 - Je sais, ça fait une semaine.
                 - Ah zut. T'aurais pu me le dire.
                 - Je pensais que tu l'avais vu. De toute manière, ça faisait six mois qu'elle n'avait plus bougé.
                 - Ouais bon, je grommelle.

                 Il y a un silence. Nous mâchonnons tout deux dans le vide, yeux mi-clos, portant un faux regard philosophe sur la vie et le jardin.

                 Un jardin en béton, putain.

                 - Hé, si, j'ai du nouveau, lance soudain mon acolyte. La voisine de gauche, la plus pauvre, elle nous a volé une tortue ce matin. Je l'ai vue faire.

                 Houlàlà. Ennuis en perspective.
                  Elle est tarée. Une grosse ?
                 - Celle qui porte le jeune peuplier.
                 - Ah oui quand même. Mais elle sait pas que nous portons tous des puces GPS ?
                 - Ben ça fait des mois qu'elle nous pique des limaces, alors elle a dû se dire que c'était pas beaucoup plus compliqué.
                 - Mais quelle conne.
                 - Elle a dû vouloir donner un arbre à ses enfants. Les plantules sur les limaces, c'est rigolo mais ça fournit zéro air pur. Elle en a trois, de gamins.
                 - C'est ceux qui sont rachitiques, là ?
                 - Ouaip.

                 Je garde le silence un instant.

                 - Ces idiots d'humains. On est utiles mais stériles, ils sont débiles et fertiles. Ils font des enfants qui n'attendront pas leur âge. Pfff. Ça m'insupporte.

                 Encore un silence.
                 - J'ai vu passer un convoi de diplos, ce matin, dit mon pote. Sur l'autoroute Est.
                 - Ils allaient où ?
                 - Je sais pas. Sans doute dans une superferme. Tu savais que d'habitude, les diplos vivent dans les élevages hors-sol ?
                 - Oui, tu me l'as dit au moins dix fois.
                 - Ah, désolé. Je radote.
                 - T'es mieux ici avec nous, non ? Plutôt que bouffer la merde de moutons empilés les uns sur les autres.
                 - C'est clair. Posé à même le béton, entouré de tortues crevées, d'humains stupides et d'éléphants qui n'arrêtent jamais de parler. J'adore.
                 On éclate de rire en même temps.
                 - Non, en vrai, j'aime bien. Au moins je suis à l'air libre. Je vois absolument tout à cinq ou six kilomètres à la ronde, c'est comme un feuilleton en 3D.
                 - T'en as de la chance. Bon, et sinon, j'ai droit à ma consultation, docteur ?

                 Il arrondit son cou et penche sa grosse tête au dessus de mon dos, son œil écarquillé au dessus de ma peau.
                 - Pas grand-chose de plus que la semaine dernière. T'as des fougères qui commencent à apparaître… Des mousses de plus en plus monstrueuses. Ton palmier bizarre qui te fait une petite frange sexy. Ah, tiens, t'as choppé un géranium.
                 -Tant qu'elle me colle pas un chêne sur le dos, ça va.
                 - Bon ben ça va alors. T'es clean, mon pote.

                 Sacré diplo. Il a arraché plus de pousses d'arbres sur mon dos que la proprio n'a essayé de m'en planter. Elle ne m'aura pas de si tôt, celle-là.

                 - Mais tu sais, si elle te plante des arbres, elle en fera des bonzaïs. Elle est pas assez bête pour lancer une forêt dans son propre salon, quand même.
                 - Ouais bah je me méfie, hein. Cette pouffiasse, elle serait capable de…
                 - Tiens, la voilà justement.
                 - Hein ?!

                 Il a redressé ses kilomètres de cou et plisse les yeux tout là-haut.
                 - Elle sort de sa bagnole. Grouille de rejoindre la maison.
                 - Ah naaaaan. Par pitié non. Je vais encore passer deux heures à faire le planton  pendant qu'elle regarde la télé.
                 - Toi au moins, tu peux la regarder.
                 - C'est le mec qui a un feuilleton 3D diffusé en direct qui dit ça ?
                 - Ben, tu peux écouter de la musique aussi.
                 - Oh, pauvre petit diplodocus. Je t'apporterai un MP3, tiens, la prochaine fois. Le plus dur ce sera de fixer les écouteurs dans les trous qui te servent d'oreille.
                 - Ils sont remplis de mousse.
                 - Je me disais aussi.

                 Je mets un terme à cette érudite conversation et me mets en route pour traverser les mètres et les mètres et les mètres qui me séparent du salon. En espérant que la proprio se prenne les pieds dans un caniveau, glisse sur une peau de banane ou, plus classiquement, se tue dans les escaliers.

                 …

                 Tu peux le faire.

                 …

                 Putain de merde mais allez mais grouille-toiiiiiii !

                 …

                 Pfiou c'est bon, j'ai atteint le salon à la seconde où elle franchissait le seuil. J'ai eu chaud aux oreilles.

                 …

                 Ah bon bah madame change juste de veste et ressort illico. Tout ça pour ça. Je suis frustré.

                 Non en fait je suis pas frustré, je suis fou de joie ! Le canapé est à moi ! A moi !

                 …

                 Ce serait encore mieux s'il n'y avait pas une peau d'éléphant clouée au mur juste au dessus du canapé en question. A chaque fois, j'me sens obligé de lui adresser un regard coupable. En tout cas, faut avoir l'œil pour voir qu'il y a une peau en dessous d'une telle forêt de fougères et de mousses. Ma propriétaire est toute fière de ce "mur végétal", elle passe son temps à utiliser son sacro-saint brumisateur.

                 C'est quand même fou de savoir que ce truc, fut un temps, était sur le dos de mon prédécesseur.

                 Moi j'vous dis, quand un machin pareil, dès que vous avez le malheur de vous vautrer dans un canapé, vous rappelle que votre peau vaut plus cher que votre vie, vous le sentez passer.

                 "Il ne faut jamais vendre la peau de l'eph avant de l'avoir plantée", rigole la proprio chaque fois qu'elle reçoit du monde.

                 Ha ha ha.




                 Clique sur J'aime pour sauver un éléphant nain.


   

   Ceci est une phrase longue qui n'a d'autre but que d'élargir le fond blanc afin que vos mirettes ne se fatiguent pas jusqu'à l'usure, que dis-je, jusqu'à la dissolution ! (ça, vous devez le laisser, de toute manière on le verra pas, faites-moi confiance je vous dis !)
   

   



Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Convention du forum
Invité

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Rechercher dans: Règles   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: Convention du forum    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyMer 4 Mai 2016 - 20:59
Convention




Si vous avez la moindre question à propos de quoi que ce soit sur le forum, n'hésitez surtout pas à interroger par message privé K, Titi ou Ouppo (ce sont les grands chefs).


Encre Nocturne est un forum au sein duquel le respect et la bienveillance sont primordiaux.



Règles générales





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  • Les critiques bienveillantes sont l'essence de ce forum. Elles ont pour but d'améliorer le texte, de rendre compte d'avis extérieurs et de nouvelles perspectives. Tout texte a le droit d'être critiqué, c'est la condition même de sa publication ici. Toute critique peut être elle-même contestée, discutée et réfutée tant que la démarche se fait dans la même objectivité et la même courtoisie.


      Et bien sûr: Respectez la loi française !









Echelle de sanctions

Les sanctions applicables par les administrateurs et membres du staff sont, dans l'ordre d'importance croissante :


- Avertissement de l’administration : le membre reçoit un message de l’équipe d’administration pour lui rappeler ses actes, ce que stipule la convention à ce propos, ce qu’il risque s’il reproduit ces actes.

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- Le ban de la Chatbox : le membre ne peut plus se connecter à la CB pour une durée variable. En cas de récidive de comportement négatif.

- Le ban temporaire du forum : le membre ne peut plus se connecter sur le forum pour une durée variable (une semaine, un mois ou une autre durée en fonction de la gravité de la situation). En cas de plagiat de texte, de comportement grave sur le forum, de mésentente avec d'autres membres, de menace envers un membre, de propos injurieux répétés à l’encontre d’un membre.

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AUX AUTEURS : pour poster vos écrits sur le forum





Evitez de poster trop de textes par semaine et/ou plusieurs textes d'affilée. Lire et commenter les textes prend du temps, et chacun doit avoir sa petite part de lectures. Poster trop de textes est contre-productif pour tout le monde, lecteurs et auteurs.


Chaque histoire (Nouvelle, Roman, etc) disposera au minimum d'un mot-clé (indiquant son ou ses genres) parmi la liste suivante :
{#}Aventures{/#} - {#}Action{/#} - {#}Fantasy{/#} - {#}Science-fiction-Anticipation{/#} - {#}Romance{/#} - {#}Réaliste{/#} - {#}Amitié-Famille{/#} - {#}Surnaturel{/#} - {#}Policier-Thriller{/#} - {#}Drame-Tragédie{/#} - {#}Epouvante-Horreur{/#} - {#}Humour{/#} - {#}Spirituel-Philosophie{/#}

Les mots-clés sont à mettre dans le message contenant le texte, avant ou après le titre afin qu'ils soient bien visibles.




→ En cas de texte contenant un minimum d'insultes, de violence ou de scènes sexuelles, veuillez vous reporter à → sur fond blanc.
Elles devront être lisibles et aérées.
Il est mieux que chaque chapitre ou partie soit posté dans une publication différenciée.
Les liens URL de ces chapitres/parties devront être copiés-collés dans le Sommaire ou dans le message de votre texte sur le forum. Ainsi les lecteurs n'auront qu'à cliquer dessus pour accéder à chaque chapitre !








Bref, c'était la partie barbante, maintenant lâchez-vous, amusez-vous tout en respectant ces règles !
Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Lorsque nous créerons la vie, lorsque nous vendrons du rêve
Cornedor

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Rechercher dans: Nouvelles   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: Lorsque nous créerons la vie, lorsque nous vendrons du rêve    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyVen 24 Juil 2015 - 14:52


Ok, nouvelle nouvelle mes agneaux, moins lente, moins lyrique... Moins sur le style et plus sur l'action, finalement ^^


"Imaginez, la science vous propose des compagnons personnalisables à l'infini... Vous vous jetez dessus, comme tout le monde. Mais plein de choses peuvent mal tourner...  "
Spéciale dédicace à Tiun, Phoenix, Ragne, Teru, et même Earl et Silenuse (très rapidement) huhu





Lorsque nous créerons la vie, lorsque nous vendrons du rêve









          Jour 0

          Aujourd'hui c'est Noël.
          J'ai été la première à me lever, j'ai jailli de mon lit à sept heures pétantes. Cela fait longtemps que je n'ai pas ressenti pareille fièvre le matin du 25 décembre. Depuis quelques années, le jour des cadeaux est devenu pour moi celui des interminables repas de famille. Chèques et billets ont remplacé paquets cadeaux multicolores ; l'émerveillement enfantin s'est changé en ennui placide. Mais aujourd'hui, tout est différent.
          Pour la première fois depuis mes douze ans, j'ai su quoi demander.
          Cela fait des mois, et même des années, plus exactement, que je désire ce cadeau. Depuis que les premiers prototype ont été vendus sur le marché. Mais je m'y suis toujours refusée. Je ne suis pas de celles qui suivent aveuglément les tendances du moment. Ni de celles qui acclament chaque nouvelle invention scientifique comme un miracle. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", disait Rabelais… Mais devant l'engouement grandissant qu'ont provoqué ces "DNPets" et ma propre curiosité dévorante, ma conscience à commencé à reculer, à relativiser. Ce n'était peut-être pas mal. Juste nouveau. De toute manière, il n'y a ni bien ni mal. Rien qu'un camaïeu de gris.
          Bref. Tout ça pour dire que je suis emplie d'un mélange de hâte et de peur, que mon estomac tourne et retourne en tous sens.
          Interrompant mes pensées chaotiques, mes parents nous rejoignent - nous, les enfants - au pied du sapin. Je froisse distraitement les plis légers de mon pyjama. Mon père, du rire plein les yeux, entame la distribution ; je me crispe imperceptiblement. S'il n'y a rien pour moi, c'est qu'ils ont accédé à ma demande, car mon cadeau n'est pas de ceux qu'on emballe. Si en revanche on me tend quelque chose…
          - Perline…
          Je sursaute, mes yeux s'accrochent à ceux de ma mère. Elle me sourit, et mon cœur bat plus fort.
          - Tu sais comment tu vas l'appeler ? dit-elle enfin avec un sourire.
          Mon souffle reste bloqué dans mes poumons.
          C'est oui.
          - Rendez-vous à la boutique demain, ajoute mon père parmi les cris de mes sœurs ouvrant leurs cadeaux. Ils auront besoin de ton ADN…
          C'est oui. Bon sang, c'est oui !





          Jour 1

          La boîte arrive deux semaines plus tard. Je n'en peux plus d'impatience ; mon visage est impassible lorsque je signe le reçu du facteur, mais mes mains tremblent et j'ai l'impression que mon cœur va exploser à force de pomper tant d'air et de sang, il faut que je l'ouvre, il le faut ! Je claque la porte d'un pied agile, encombrée de la boîte si lourde, puis la pose sur la table. Avant d'inciser les bandes de ruban adhésif, je hurle que mon cadeau est arrivé. Ce qui, dans ma bouche, donne ça :
          - Perle est là ! Perle est là !
          La maison endormie s'agite soudain. Mes deux sœurs déboulent dans ma pièce tandis que ma mère dégringole l'escalier ; toute la famille est bientôt réunie autour de la boîte mystérieuse. Sur le carton renforcé, de grandes lettres arc-en-ciel claironnent fièrement "DNPet", accompagnées de la mention "urgent". Des brins d'ADN stylisés s'entrelacent avec la marque.
          - Tu ouvres ? demande timidement ma cadette, aussi fascinée que moi.
          Mes mains se ruent d'elles-mêmes sur le cutter, qui perfore avidement le carton ; les battants s'ouvrent et mon cadeau apparaît enfin à mes yeux.
          Dans une sphère de plexiglas étincelante, un petit être se tient roulé en boule, recroquevillé dans son sommeil. Des exclamations jaillissent autour de moi. Ma mère attrape le mode d'emploi ; mon père se saisit délicatement de la sphère moite et embuée, et la dépose sur le bois verni de la table. Délaissant le mini-manuel que je connais quasi par cœur après l'avoir dévoré sur le Net, je fais doucement pivoter l'objet et enclenche deux charnières de plastique. Il y a un petit claquement timide, puis les deux hémisphères se déploient. Le cœur prêt à éclater, je glisse mes doigts à l'intérieur et saisis doucement la petite bête toute chaude.
          Elle est à présent au creux de mes mains. Elle s'étire lascivement, passe sa langue violette sur ses babines, et ouvre les yeux. Mes yeux. Nous échangeons un regard, et j'ai l'impression étrange de me voir dans un drôle de miroir, de me voir déguisée dans un autre corps. Ses yeux sont noisette, pictés d'un vert discret. Si la prunelle n'était pas aussi ronde et large, il s'agirait d'un regard humain. De mon regard. Je la soulève pour la regarder mieux ; tranquille, elle m'observe sans ébaucher un mouvement. Elle est magnifique. Exactement semblable à mes vœux.
          Une corolle de plumes blanches tachetées d'arc-en-ciel se déploie autour de son cou, telle une crinière de griffon. Sa tête est celle d'un lion blanc, un petit lion aux grands yeux et aux longues moustaches. Son corps rond et duveteux est celui d'un oiseau mignon en forme de poire, dont j'ai oublié le nom. Sa queue en éventail fait écho à sa crinière. Elle a de petites pattes agiles, qui s'accrochent à ma peau. Elle me regarde l'observer, indulgente.
          - Coucou, je murmure.
          Elle agite les plumes en réponse, déployant brièvement ses ailes dans une explosion de couleurs.
          - Elle est trop mignonne ! s'extasient mes sœurs à côté de moi.
          - Elle est magnifique, conclut ma mère. Elle te plaît ?
          Je la pose doucement sur la table, et elle hérisse les plumes avant de commencer à explorer ce nouvel environnement.
          - Elle est géniale. Elle est trop bien !
          Mon père se rengorge.
          - Un beau cadeau, hein ?
          - Oh là là, merci beaucoup !
          Une paire de bisous plus tard, me revoilà le nez collé à la table, l'œil fixé sur ma nouvelle amie. Elle est si réelle ! Comme si elle était née dans la nature d'un autre monde que le nôtre, dans le sang et la douleur de sa mère, et non dans les éprouvettes d'un laboratoire. Un pincement de culpabilité me serre le cœur un instant face à cette pensée ; mais il s'efface lorsqu'elle pousse un petit gloussement adorable en découvrant un verre, aussi translucide que sa sphère. Est-elle mieux qu'un véritable animal ? Pire ? Je ne saurais le dire. Mais elle reste un être vivant sensible. Comme les animaux naturels, après tout.
          - C'est un verre, lui apprends-je. Un verre.
          - Un verre, répète-t-elle d'une petite voix - ma voix.
          Ma sœur benjamine pousse un cri de ravissement et tente de se jeter sur la petite bête ; j'enraye de justesse la tentative de kidnapping, formant un rempart de mes bras.
          - Pas touche toi, je gronde .
          - Pas touche, répète la bestiole de sa voix troublante, celle que lui octroie la gorge de perroquet des DNPets.
          Elle croise mon regard et éclate de rire, avant de se carapater à l'autre bout de la table.
          - Hé, reviens Perle ! ronronne ma sœur perfide, prête à refaire une tentative.
          Un éclat d'incompréhension traverse les prunelles rondes ; j'éclaire sa lanterne.
          - Tu t'appelles Perle. C'est ton nom. Ton nom. Regarde, moi c'est Perline. Tu comprends ? Hein ?
          Elle penche la tête à droite, à gauche, et encore à droite. Je l'imite, faisant de nous des miroirs, l'un animal et l'autre humain.
          - Perle, conclut-elle en reprenant son exploration. Perline. Perle et Perline.



A suivre...
Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Ivre de vent [TP]
Cornedor

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Rechercher dans: Nouvelles   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: Ivre de vent [TP]    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySam 6 Déc 2014 - 15:58


Ce texte est le troisième et dernier de ma série de très courtes nouvelles, sur le thème du courage. ^^
Proposé au concours de nouvelles de mon lycée.
Vous avez ici le Texte 1 → le Silence de la révolte et le Texte 2 → Vivre envers et contre tous



Musique associée :


Ivre de vent



Lorsque Dieu voulut le créer, Il dit au Vent du Sud : "Je veux faire une créature comme toi. Prends corps."
Ainsi naquit le mythe du Buveur de vent.





        Je passe d'une jambe sur l'autre. Nerveux.
        Mon cœur tambourine déjà…
        Cela fait si longtemps que j'attends ce moment. Des mois, des années ; des siècles. Et à présent, je me retrouve ici, sur cette piste chaude, emballé par le brouhaha de la foule et suant sous le ciel lourd qui pèse sur nous de tous ses nuages. Jamais je n'aurais imaginé m'y tenir à nouveau…
        L'air crépite d'électricité, alors que tous les coureurs sont encore immobiles. L'échauffement est terminé. Les échos de voix résonnent et s'entrecroisent dans le stade. Dans les tribunes, les regards s'affrontent et les doigts pointent les favoris. Les speakers tentent de se faire entendre, sans succès. Au chaos des tribunes s'oppose la tension attentive qui règne ici-bas. Je retrouve mon vieux réflexe d'analyser mes adversaires ; mes yeux passent et repassent sur les corps fumants à ma gauche, à ma droite. Notant la rage de l'un, le calme de l'autre, soupesant l'aplomb de chacun d'eux. Comme autrefois.
        Nul n'aurait pu me vaincre, avant. Mais aujourd'hui, le doute me ronge les entrailles, gâchant mon bonheur euphorique de me retrouver ici. Sur la piste. J'ai encore du mal à le croire. Je tâte le sol tendre du pied… ou plutôt avec la palme de plastique articulée qui le remplace.
        Les chirurgiens n'ont pas manqué leur affaire. En quelques mois d'opérations, repos, opérations, repos et opérations à nouveau, je suis finalement passé de l'état de loque inhumaine à celui de créature bionique. Défiant les lois de la nature. Mon visage se crispe encore lorsque j'ausculte l'architecture translucide de mes jambes ; mais c'est grâce à elles que je me tiens ici, fier et droit, plein d'aplomb, moi qui ne vit que pour la course.
        Ce n'est pas par bonté que l'on a dépensé des millions pour m'offrir une nouvelle vie. Je ne sais s'ils me croient dupe. Je sais que je suis la poule aux œufs d'or, une mécanique réparée pour l'occasion. Il me faut gagner cette course. Il me faut réussir, si je veux vivre.
        Les médecins l'ont dit : mon corps peut lâcher à tout moment, dans l'effort d'une véritable course, quand le cœur pompe avec désespoir, que les poumons se gonflent à éclater et que les muscles tremblent. D'après les experts, si je tiens bon les premiers mètres, j'ai les trois quarts des chances de terminer la course. Pas de la gagner…
        Au cours de ma convalescence, puis de ma rééducation, j'ai connu deux sortes de gens. Ceux qui pensent que je suis à présent un titan, un cyborg, que sais-je d'autre ; un presque dieu, né de la science, surhumain. Ceux-là hurlent mon numéro dans les tribunes, persuadés que les autres n'ont aucune chance. Les autres me voient comme un bibelot fragile, une poupée rafistolée avec laquelle on veut encore jouer, mais qu'on aurait mieux fait de laisser crever. Ce sont ceux qui rient quand on leur parle de moi. Ceux qui sont venus pour voir ma chute.
        Ces milliers de gens, cette masse anonyme et inhumaine dont les yeux nous transpercent, nous soupèsent, nous évaluent, sont ici pour le spectacle ; pour me voir vaincre ou pour me voir hurler, trébucher et m'écraser dans un fracas de plastique et de métal, titan fauché par la course.
        Je voudrais tant ne pas leur donner satisfaction. Je voudrais tant que ce corps se montre aussi réel, aussi nerveux, aussi puissant que l'autre. Que les trente kilos de titane et d'alliages plastiques ne soient pas si lourds et si artificiels. Le contraste est immense entre la douceur mouvante de mon buste, sensible à l'air, à l'écoute de mes moindres ordres, et l'amas de ferraille bionique qui a remplacé mes jambes. J'ai déjà voulu m'en débarrasser. J'ai déjà voulu me tuer, plutôt que de finir misérable rampant. Plutôt que de finir immobile et non fauché en pleine course comme je l'ai toujours voulu, la poitrine battante, giflé par le vent et ivre de bravos.
        Les speakers ont enfin repris le contrôle sur la foule. Je place soigneusement mes jambes. Comme autrefois. M'arc-boute, répartissant le poids du corps. Comme autrefois. Contracté au maximum, tendu tel un élastique prêt à cingler ce qui le retient. Le regard fixé au sol, comptant les secondes jusqu'à-ce que mes battements de cœur s'y accordent parfaitement. Mon souffle rugit à mes tympans. Je ne regarde pas ceux qui me fixent avidement. Seules comptent les secondes qui s'égrènent dans le silence bruissant du stade…
        Ne tombe pas. Ne tombe pas.
        Et soudain nous fonçons ! Première foulée, longue, puissante, vibrante d'une énergie désespérée. Des images et pensées clignotent devant mes yeux, éclatent comme des bulles de savon, me noient dans une déferlante d'émotions ; ne pas tomber, les jambes pèsent lourd, j'ai mal, ceux qui me fixent, le ciel menaçant roulant ses ombres, le sol tendre sous moi, ne pas tomber, ceux qui me fixent, ne pas tomber, j'ai mal, je sens comme le stade retient son souffle, suspendu à mon pas, à l'engrenage de technologie qui s'actionne sous moi, à ma souffrance avide, au tonnerre de mes foulées, à mon corps nerveux. Tout entier tendu vers une seule idée désormais. Non pas gagner, mais courir. Ne pas tomber. Ne pas mourir.
        Vivre envers et contre tous…
        Et tandis que je dépasse les premiers mètres, tirant mon corps lourd et malhabile, transformant le plomb en or sous l'impulsion de ma volonté, je me retrouve tel que j'étais il y a des années ; et devant mes yeux fous, les souvenirs se superposent à la réalité, et l'euphorie, la puissance d'alors me reviennent au cœur, me poussant en avant. Un éclair zèbre le ciel bas, nous giflant de lumière, mais il ne pleut pas, pas encore, la course est souveraine, il ne pleut pas pendant les courses, jamais. Et j'oublie que je suis dépassé, j'oublie le classement et les numéros qui dansent devant moi, j'oublie que je suis la poule aux œufs d'or et que je ne peux pas perdre. Et je me retrouve comme autrefois, demi-dieu chassant les étoiles filantes, la gorge écorchée par mon souffle, les sabots martelant la piste chaude, les naseaux buvant le vent, la crinière en panache telle un étendard ; transformant ma douleur en une énergie inégalable, tirant sur mes muscles, qu'ils soient naturels ou artificiels.
        J'oublie l'homme rachitique perché sur mon dos, qui pense mener la danse mais qui est en mon pouvoir ; j'oublie que je ne suis ni un dieu ni un animal, j'oublie que je suis le premier cheval bionique de l'histoire.
        Juste ivre de vent.


Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne 494894ENPlumefinalSujet: Le Silence de la révolte [TP]
Cornedor

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Rechercher dans: Nouvelles   Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptySujet: Le Silence de la révolte [TP]    Tag science-fiction-anticipation sur Encre Nocturne EmptyJeu 12 Juin 2014 - 19:27


Ce texte est le premier de ma série de très courtes nouvelles, ayant pour thème le courage. ^^
Vous avez ici le Texte 2 → Vivre envers et contre tous et le Texte 3 → Ivre de vent
PS. Les deuxième et troisième textes ne sont pas les suites de celui-ci, mais deux histoires complètement différentes. ^^


→ Musique associée  :D 


Inspiré d'un rêve.



Le Silence de la révolte




Seuls restent le silence et le vide. Ce vide qui chaque jour nous engloutit, nous fait disparaître petit à petit.
Qui, ici, sait éprouver un sentiment ?
Personne.
Voilà ce que vous avez fait de nous.





     Nous sommes placés en cercle, autour du bassin, pareil à un gouffre sans fond. L'eau noire et lourde me paraît aussi stagnante que la boue, aussi opaque que la nuit. Aussi froide que ce vent de givre qui fait voler nos cheveux et écorche nos joues. En contrebas, au centre du bassin, là où le sol de pierre remonte pour former une petite île battue par le clapotis, se tiennent les deux arbitres. La femme - j'oublie toujours son matricule - lance un numéro et jette un poids à l'eau, à quelques mètres du bord où nous sommes postés. Je jette un regard en coin vers mon voisin. Tendu comme un arc, celui-ci serre les mâchoires. Il porte le numéro suivant, il n'a plus que quelques minutes de répit.

     Nous connaissons le jeu. Il est tout aussi facile d'y gagner gros, que d'y perdre la vie. C'est un jeu d'hiver, puisque l'été, la chaleur nous le rendrait trop agréable. C'est un jeu qu'on aime pour son défi silencieux, pour son danger sous-jacent. Ou du moins, c'est pourquoi je pense que certains l'apprécient. Pour moi, bonne nageuse sans prétention, mais aux poumons trop faibles, il signifie surtout la morsure du froid, l'étreinte puissante de l'eau, le noir complet qui règne dans les profondeurs, et cette peur qui étouffe le cerveau après avoir brûlé les poumons.

    C'est sans doute la même chose pour mon voisin, mais en pire. Lui nage comme un chien : mal, avec ridicule, mais animé par cette rage frénétique qui le maintient à la surface et garde la mort à distance. Je détaille ses cheveux noirs hérissés sur sa tête, ses yeux en amande fixés sur l'eau en contrebas, sa peau hâlée. Je n'éprouve rien de particulier pour lui, juste une sorte d'affection diffuse. Cela fait plusieurs années qu'il se place systématiquement à côté de moi pendant les jeux. Nous échangeons des regards, plus rarement des sourires. Nous ne savons rien l'un de l'autre ; je ne connais ni son matricule ni le numéro de sa couveuse. C'est  à peine si j'ai déjà entendu sa voix ; il faut dire qu'ici-bas, il ne nous est jamais demandé de parler.
     Tout en étant encore loin de l'être, il est sans doute ce qui se rapproche le plus d'un ami.

     - Numéro douze ! braille l'arbitre.
     Il prend une inspiration haletante et ses yeux me cherchent. Nos regards se croisent, et tout ce que je lis dans le sien est la peur, la peur, la peur. Je hoche la tête imperceptiblement. Bonne chance. Tu t'en sors toujours ; pourquoi cela serait-il différent aujourd'hui ?

     En bas, l'arbitre choisit un des poids les plus légers - elle sait que les compétences natatoires du garçon brun et trapu sont plus que limitées.

     Sauf qu'elle le lance tout près du bord, juste sous nos pieds. Là où le bassin est le plus profond. Plusieurs mètres, je ne sais pas exactement. Le poids éclabousse la paroi froide et brute, puis coule à pic, jusqu'à atteindre la zone que la lumière n'atteint jamais, où seule existe l'obscurité.
Le garçon paraît se changer en pierre un bref instant. Frappé de plein fouet par l'impossibilité de ce qu'on lui demande d'accomplir. Il finit par se redresser, et plonge.

     Je n'essuie pas l'eau qui vient d'être projetée sur mon visage, je ne me penche pas. Surtout pas ! Nous ne devons jamais exprimer ouvertement nos émotions, ni faire étalage de sensiblerie. Alors je fais imperceptiblement basculer mon poids vers l'avant, et, les paupières à demi baissées, fixe la surface noire et miroitante.

     Silence.

     Silence toujours.

     Au bout de quelques secondes, plusieurs bulles éclatent à la surface. Elles sont seules à remonter. Mon cœur commence à s'emballer ; c'est étrange, car rien ne me paraît insurmontable dans l'idée que le garçon soit mort.
Je n'aurais plus à tenter de camoufler mes sourires lorsqu'il éclate de rire en réaction au ridicule d'un autre enfant. Pas pour se moquer, non, il est trop candide pour cela. Juste pour tenter de repousser, l'espace d'un instant, la solitude, le silence de notre vie. Pour partager un rayon de joie avec nous autres, pauvres ombres bien incapables d'exprimer la nôtre.

     Je n'aurais plus à lui retourner un regard vide, ce même vide qu'il voudrait tant combler, pour m'éviter les punitions des éleveurs, qui ont à cœur de piétiner la moindre bribe d'amitié, de déchirer le moindre lien qui pourrait se tisser entre nous. Lui se fiche des punitions : pendant une heure la douleur le prend ; puis il recommence à promener sa sympathie derrière lui, à la manière d'un étendard.

     Espoir des enfants, grand échec des éleveurs.

     Oui, mon existence sera bien plus tranquille sans lui.
Personne n'ira le chercher au fond de l'eau ; nous avons déjà vu la même scène se jouer de nombreuses fois. Nos éleveurs appliquent à la perfection la règle gravée sur toutes les portes des couveuses : Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.

     Leur but est sans doute de faire de nous une élite, de conserver les plus forts, et de les aiguiser jour après jour, de les tailler pour en faire des diamants, froids, inhumains et indestructibles. Cela ne me surprendrait pas qu'ils aient des quotas de disparus à atteindre chaque mois.

     Je ressens le silence comme jamais auparavant. Il entre en moi, étire ses filaments translucides, me glace le cœur et les pensées.

     Le garçon ne remonte vraiment pas. Je ne crois pas que cela me touche.


     Alors bon sang, pourquoi est-ce que je plonge ?


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